La jeune fille était perturbée. Parce que ce qu’elle a devant ses yeux ne colle absolument pas aux premières conclusions qu’elle commençait doucement à tirer dans sa tête. Ses pensées dérivant inexorablement sur le coquillage repêché un peu plus tôt, Ranya se perd en réflexion, jusqu’à ce que le professeur Hévéa la rappelle à l’ordre. Il n’a pas tort. Vu l’état de tout ce qu’ils ont réussi à remonter, il y a fort à parier qu’à la fin de ces trois journées, des mystères restent encore sans réponse, malgré toute leur bonne volonté. Sa quête de vérité dévorante n’est décidemment pas compatible avec les conditions actuelles de recherche, et la danseuse commence seulement à le réaliser auprès de professionnels. Secouant un instant sa tête pour écarter le trouble, la blonde se replonge dans le travail et se laisse presque tomber dans la caisse pour en sortir, à l’aide de son tuteur de mission, le grand tissu reposant au fond.
Maintenant qu’il est étalé sur la plage, il n’y a plus aucun doute possible. Il s’agit d’une voile de rechange pour le bateau. La taille correspond à peu près à celle du mat récupéré plus tôt dans la matinée. Il n’y a rien d’étonnant à avoir prévu cette éventualité. Sans voile, c’est la dérive dans l’océan assurée. Et à terme, la mort des explorateurs. Pour éviter à tout prix cette situation, il leur était nécessaire de prévoir le cas où une voile déchirée ou défectueuse survenait en pleine mer. Seulement, il faut croire que s’ils ont retrouvé les bateaux sur Adala, c’est parce qu’ils n’ont justement pas eu le temps de déployer cette mystérieuse voile. Mais avant que l’adolescente ne puisse mener ses observations plus loin, Elise regagne la plage à pas rapide, avec un objet en main et un livre. Visiblement de nouvelles informations à partager. Pendant que la Mentali commence, Ranya s’empare du médaillon pour l’observer sous toutes ses coutures, bercée par les informations de la chercheuse «
C’est super d’avoir pu retrouver cet objet et identifier si bien sa provenance. Bien joué ». Seulement, le professeur semble un peu moins captivé que les deux jeunes filles, de quoi permettre à la danseuse d’ajouter «
Je doute que seul un des membres des explorateurs appartenait à ce groupe. Les colliers comme celui-ci sont des symboles d’appartenance fort. Ce n’est pas un simple bijou. Si quelqu’un l’avait gardé alors qu’il s’était greffé à une autre population, cela aurait été très mal vu, un peu comme imposé son peuple sans son soutien présentiel. A moins qu’il s’agissait d’un prisonnier, il est plus fort à parier que l’hypothèse d’Elise soit juste. Et je vois mal un groupe voyageant sur des voiliers faire des prisonniers ».
Toujours est-il que le professeur Hévéa n’a pas tort. Il faut consigner ces découvertes dans un rapport pour plus facilement recouper les données entre elles. La Mentali regagne donc la tente, laissant l’adolescente seule sur la plage avec le professeur. Cette découverte est très intéressante mais brouille encore un peu plus les pistes de l’archéologue. Qu’est-ce qui cloche ? Pour se vider l’esprit, la jeune fille se reconcentre sur cette imposante voile. Genoux au sol, Nagini à ses côtés, la danseuse laisse ses doigts parcourir l’épais tissu, se laissant guider par ses sensations. La toile est rêche, probablement en lin vu la texture. Elle est certes très abimée mais à conserver sa forme générale. Et surtout, tracée dessus, se lise assez facilement les symboles de Kyogre, élément qui lui a sauté aux yeux dès la découverte de la caisse. En observant le tissu, Ranya déduit sans trop de souci qu’ils ont été tracés à l’aide de peinture rouge foncé, fabriquée avec les moyens de l’époque. Ainsi exposé sur le sol, toute la force de ces symboles ressort particulièrement. La jeune fille se relève alors et commence à en faire le tour, sous le regard intrigué de son tuteur.
Cette voile est la preuve même que ce peuple a été influencé par les mythes d’Hoenn. Même si Gwen est en train de travailler sur une datation précise, il est fort à parier que les personnes ayant évolués sur ces bateaux n’ont connu aucune forme de technologie. Rien que la structure du bateau est un indice pour le deviner. Ce qui signifie qu’à cette époque aucune technologie n’était disponible pour faire parvenir d’un bout à l’autre du monde les différentes cultures et traditions. Mais alors comment des personnes originaires d’un peuple éteint depuis longtemps de Kalos en soit venu à tracer sur leur voile les symboles protecteurs de Kyogre ? C’est à ne rien y comprendre pour la blondinette. Sans trop s’en rendre compte, l’adolescente se met à faire des dessins dans le sable avec des bouts de bois, reproduisant les mêmes symboles que sur les voiles pour canaliser son attention et sa réflexion. Entre le collier, les voiles, et ce coquillage, quel est le lien entre tous ces objets.
Au bout d’un long moment, la danseuse se décide à retourner vers l’imposante caisse pour vérifier qu’aucun autre objet ne s’y cache. Surprise de ne rien voir du tout à l’intérieur, la blonde capte seulement la voix de son tuteur au loin «
Pendant que tu réfléchissais, j’ai vidé la caisse. Il n’y avait que du matériel pour la voile très endommagé. Je ne suis pas sûre que nous puissions en tirer grand-chose ». Malgré les nouvelles indications apportées par le professeur Hévéa, Ranya reste intriguée par une petite chose brillante qui semble logée entre deux planches de la caisse en bois. Seulement, la scientifique finit par perdre l’équilibre à force de se pencher de cette façon, tombant la tête la première dans la boite. «
Ranya est-ce que tout va bien ? » «
Oui oui professeur je me suis juste trop penchée…attendez deux secondes… » Juste avant que le scientifique ne l’aide à sortir de là, la Givrali parvient à attraper ce qu’elle observait. Se doutant d’une nouvelle trouvaille, le professeur l’aide à se redresser correctement sur le sable avant de lui demander «
Qu’as-tu trouver que je n’avais pas vu ? » «
On dirait une petite pierre rouge un peu ovale. Au sommet, il y a un petit trou, juste assez pour laisser passer une ficelle. Comme un collier qui aurait perdu son attache vous voyez ? » «
Oui je vois parfaitement. Encore un objet à transmettre » «
S’il était caché dans cette caisse contenant le matériel indispensable du bateau, c’est qu’il est forcément important d’une façon ou d’une autre ». «
J’apprécie ta motivation, mais cela ira pour aujourd’hui. On va juste aller mettre la voile à l’abri d’accord ? »
La jeune fille hoche la tête avant de suivre le professeur dans cette tâche tout en prenant soin de ce pendentif tout juste retrouvé. Dans le même temps, les Mentalis rejoignent tout le monde sur la plage et participent au rangement pour laisser place à un champ libre pour mettre en place le feu de camp et le repas du soir. Chacune se trouve un post et si la blonde ne se sent pas vraiment de participer à l’atelier cuisine, elle est plutôt de ceux qui vont chercher du bois pour le feu et aligne les pierres pour former un joli cercle sous le regard amusé de l’équipe. Lorsque le soleil commence à décliner doucement, les trois étudiantes s’assoient sur les rondins pour se faire un bilan de leur journée. Gwen et Elise ont toutes les deux l’air d’avoir fait de l’excellent travail «
Je ne savais pas qu’on pouvait dater avec autant de précision. Pour ma part je suis encore un peu perdue. On a trouvé pas mal d’éléments sur la culture de ce peuple mais ils semblent tous se contredire. D’après ce qu’a trouvé Elise, ils sont originaires de Kalos et j’y crois. Mais leurs voiles ont été placées sous la protection de Kyogre qui trouvent son siège dans les mers d’Hoenn. Enfin, concernant le coquillage…je vous expliquerais ça demain ». Pour cette dernière partie, Ranya veut être sure d’elle avant d’aller plus loin. Soudain, elle se souvient de l’objet lovée dans sa poche et le sort pour le montrer aux filles «
Et j’ai aussi trouvé ça dans la caisse qui contenait la grande voile. Vu comme il a été travaillé, on dirait le pendentif d’un collier. Et il doit être précieux vu qu’il a été placé à cet endroit. Je ne sais pas pour vois mais je trouve qu’il ne dégage pas du tout la même impression que celui que tu as trouvé Elise. »
Les autres scientifiques mettent fin à la discussion en apportant le repas. Brochettes de légume à faire griller au-dessus du feu et chamallow pour le dessert. Une gourmandise qui fait très plaisir à la blonde, peu habitué à ces écarts. Malgré la liberté acquise à la Pokemon Community, certaines vieilles habitudes restent, notamment celles de ne pas manger de sucrerie. Mais l’occasion est trop belle pour la louper, et en compagnie des Mentalis elle n’hésite pas à s’en préparer une belle brochette. La nuit tombée, Vicky se relève de son rondin et attire l’attention des trois filles. «
Puisqu’on est tous là autour du feu, c’est l’heure de se raconter une histoire qui fait peur ! » A cette annonce, Will et le professeur Hévéa ne peuvent s’empêcher de rire, alors que Ranya fixe la plongeuse d’un air perplexe.
«
Il était une fois…il y a bien longtemps sur Adala… bien avant qu’il n’y ait des villes ou des écoles… il y avait un peuple particulier, un peuple que personne n’osait approcher. Et pour cause, ils étaient spéciaux, avec des rites peu habituels…on raconte que là-bas, les gens ne mourraient jamais vraiment…et que si leur corps venait à s’éteindre…leur esprit persistait encore et toujours parmi les vivants. Et le plus étrange, c’est que non seulement les esprits persistaient, mais en plus ils pouvaient prendre possession des vivants. Dès qu’un vivant commettait la moindre faute, il était puni par les morts. L’esprit prenait possession du corps des vivants et les forçait à sauter de la falaise pour s’écraser contre les rochers…exactement là où nous nous trouvons. On dit qu’aujourd’hui encore les esprits vengeurs de ceux qui ont été achevé par leur semblable rode sur cette plage et cherchent à posséder un autre corps pour lui faire subir le même sort ! »
Au même instant, la sensation terrible qu’un esprit traversait leur corps se fait sentir chez chacune des jeunes étudiantes, faisant pâlir à vue d’œil la danseuse, se voyant déjà possédée à tout jamais. Seulement à la place, seul un Fantominus éclatant de rire apparait devant les étudiantes, visiblement très heureux de sa farce. Mais celle qui rit le plus, c’est Vicky, au bord de la crise de larme «
Vous auriez dû voir vos têtes c’était beaucoup trop drôle ahah. Désolée les filles mais j’étais obligée de la faire. C’est une plaisanterie tout ça…enfin je crois » «
Bon assez de blagues pour ce soir il est temps d’aller vous coucher, le réveil sera tôt demain matin pour continuer les recherches. Bonne nuit tout le monde ».
Après un salut général, Ranya se relève, encore dégoutée d’avoir été piégée si facilement, en direction de sa tente. Demain matin le réveil sera tôt, encore plus tôt que pour les autres, car elle a une chose qu’elle doit impérativement vérifier.
***
«
Pouah j’espère que les esprits ne sont pas de sortie cette nuit je n’ai aucune envie d’être possédé »
«
Mais t’as pas entendu c’est des sornettes tout ça »
«
Non mais vraiment, j’ai encore trop de chose à faire pour me jeter contre des rochers et en plus contre ma volonté»
«
Abruti »
HRP :
Professeur Hévéa parle en #993300
Vicky parle en #663399
Wilson parle en #333366
Ping Bakalive pige rien en #ff9900
Gaston fomente en #000000