caractère
Résumée en un mot, Jade serait avant tout responsable. Responsable, et résignée. Née dans une famille pauvre, de parents accumulant les échecs, Jade à toujours vécu avec le désavantage de la pauvreté. Plus d'une fois elle n'as reçu pour tout cadeau d'anniversaire qu'une nouvelle paire de chaussettes, un agenda pour l'école ou un paquet solitaire de friandises. De fait, la jeune fille à rapidement appris à faire un trait sur les luxes de la vie, se contenant du minimum nécessaire à une vie digne.
Elle à très tôt appris que la cruauté des adultes n'as d'égal que celle de leurs enfants, et a de fait passé une enfance relativement solitaire, entourée de livres et de dessins plutôt que d'amis et de consoles.
A part Mousse, le vieux marcacrin grabataire de sa mère, et le snubull de l'école, Jade n'as jamais vraiment côtoyé de pokémon au quotidien et n'as pas d'affinité particulière avec les meilleurs amis de l'homme. Avant Psystigri, le dernier pokémon dont Jade avait eu la responsabilité était le chenipan dont sa classe devait s'occuper, lorsqu'elle n'avait que six ans. Elle avait été tirée au sort pour en prendre soins pendant les vacances, et l'avait gardée chez elle dans une cage récupérée par sa mère dans un centre caritatif.
Dès le second jour, la jeune fille avait retrouvé la cage ouverte, contrairement au chenipan qui, lui, était introuvable. Après avoir retourné l'appartement dans tous les sens, Jade entreprit de demander à chacun de ses voisins s'ils avaient vu le pokémon fugueur. En désespoir de cause, elle alla chercher dans les fourrés du jardin commun de son immeuble...pour y trouver à sa grande horreur non pas un, mais une dizaine de chenipans en procession!
Après de longues heures à manipuler avec précaution les pokémons sauvage, couverte de toile collante et heureuse propriétaire d'une dizaine de bleus en plus, c'est sa mère qui dut convaincre une Jade en pleurs de juste en choisir un au hasard.
De par le peu de temps libre qu'elle avait après l'école, sa mère se reposant sur elle pour l'aider dans de nombreuses corvées ménagères en raison d'une maladie chronique rendant tout déplacement douloureux, ainsi que de part le faible nombre de ses amis, la petite Jade a développé un caractère solitaire et studieux. Petite, elle passait tout son temps à dessiner sur tous les papiers de brouillon qui lui tombaient sous la main. Plus grande, elle se plongeait dans la lecture de récit fantastiques, de poésie ou de bandes dessinées. Désormais, elle passe de nombreuses heures à écouter de la musique sur le vieux PokéMatos à l'écran fendillé que sa mère lui a donné. PokéRock, PokéRap, PokéPop, ses goûts sont aussi éclectiques que les centres d'intérêts de la jeune fille.
Responsable, humble, déterminée, studieuse et curieuse; elle à quand même bien un défaut cette fille! Non? Et bien oui, Jade est complexée. Malgré la façade brave qu'elle montre à sa famille, Jade déteste être pauvre. Elle déteste se sentir désavantagée, elle déteste se sentir inadéquate et déteste qu'on se moque d'elle (quand bien même les moqueries sont souvent le fruit d'une paranoïa développée depuis sa tendre enfance).
Et son physique ne l'aide pas vraiment à se sentir plus à l'aise en société. Elle pourrait sans doute être jolie mais sa mère n'ayant jamais elle-même pratiqué, elle n'as jamais réellement appris à sa fille comment prendre soin de son corps. Cheveux noirs emmêlés mal brossés, visage gras en raison d'un savon premier prix, Jade n'as qu'une très vague idée de ce qu'implique "se faire belle". Vague idée qui tiens d'ailleurs du préjugé, vu ses rapports pour le moins houleux les apôtres habituelles de cette discipline, trop heureuses de la traîner dans la boue. Ajoutez à cela un gabarit menu disparaissant sous des vêtements de seconde main jamais juste à la bonne taille, et vous avez la recette du mal-être.
Il lui arrive souvent de se réveiller en pleine nuit, repensant à un échec quelconque de sa vie, retournant la situation dans tous les sens pendant de longues heures d'insomnie. Par la suite, ces craintes nourries à la fatigue finissent parfois par la paralyser lorsqu'une situation sociale la prends au dépourvu, lui faisant perdre tous ses moyens et venant rajouter une pièce dans la machine à mortification qu'est son cerveau.
Pour autant, malgré son sentiment d'infériorité, malgré son anxiété, malgré ses capacités scolaires médiocres, Jade ne se plains jamais. Elle le sait, ça ne changera pas la situation. Et comme disait son père, quand il pensait qu'elle ne l'entendait pas "Quand t'es dans la merde, faut surtout pas le crier sur tout les toits.". Alors elle avance. Allant d'échecs en échecs sans se plaindre, sans se décourager, sans perdre espoir. Elle sait que les choses peuvent toujours être pire, mais ça ne l'empêche jamais de se démener pour les rendre meilleures.
Bon. C'était...un petit peu plus qu'un mot, mais bien triste est la personne résumée si succinctement! Et maintenant, la suite de votre programme!
histoire
Jade reposa son stylo et contempla son formulaire d'inscription. Elle se murmura à elle-même "Je souhaite devenir topdresseuse, hein..."
Les mots sonnaient creux. Tout comme le petit paragraphe de présentation demandé sur le dossier. Pourtant...
La jeune fille leva la tête de la liasse de papier posée sur la table du minuscule salon. Sous le berceau, le vieux Marcacrin ronflait de toutes les forces de son petit corps. Sa mère venait de rentrer dans la pièce, portant son petit frère dans les bras. Son visage trahissait sa fatigue, mais elle souriait malgré tout. De sa vie, Jade n'avait jamais vu ce sourire quitter le visage de sa mère. Sauf...la voix de sa mère l'extirpa de ses pensées.
"Tu as terminé ton dossier ma chérie? Il ne faut pas qu'on tarde à l'envoyer sinon tu risque de rater ta promotion"
Jade acquiesça "J'ai presque terminé maman. On pourra aller l'envoyer demain."
"Excellent. Range-moi ces papiers alors, j'aimerais que tu nourrisses Mousse avant qu'on passe à table".
L'adolescente s'exécuta, tout en tâchant de jeter un oeil au calendrier "Je met la table pour trois?"
Le silence qui lui répondit fut légèrement trop long, mais sa mère lui répondit au moment où Jade tournait la tête pour l'interroger du regard.
"Ah, ton père m'as appelé et apparemment une personnalité importante a exigé qu'une aile entière de l'hôtel soit préparée. Il dit qu'il rentrera sans doute demain s'il réussit à se libérer. Sinon..." Jade connaissait déjà les mots qui allaient suivre. Elle les connaissait et les détestait du plus profond de son cœur "la semaine prochaine. Encore."
Sa mère acquiesça. "Jade, tu sais bien que les temps sont durs en ce moment. Ton père ne peut pas se permettre de refuser les heures qu'on lui propose".
"...Je sais m'man" Elle s'empressa de quitter la pièce, agrippée à son dossier d'inscription comme si sa vie en dépendait.
Elle savait. Elle savait bien plus que ses parents ne soupçonnaient. Elle avait toujours grandit dans la pauvreté. Bien loin du playboy topdresseur de talent qu'elle avait décrit dans sa demande d'admission, son père était en réalité homme à tout faire dans un hôtel de Carmonte, l'île-casino d'ultra luxe qui accueillait l'élite de l'élite. Sa mère était une dresseuse ratée, détenteuse d'un pauvre badge à son actif. Ils étaient... objectivement nuls. Pauvres, peu compétents, peu éduqués. Et pourtant, jour après jour, son père se tuait à la tâche, ne rentrant voir sa famille que les week-ends (à condition qu'aucune charge de travail surprise ne se présente!) alors que sa mère se démenait à la maison, bataillant contre ses livres de comptes et ses listes de courses, pourchassant inlassablement les bonnes affaires, tout cela dans le but d'offrir une vie digne à leurs enfants. Et Jade les aimait pour cela, malgré leurs défauts.
Tout ça elle ne pouvait pas le manquer, c'était évident depuis toujours. Une réalité avec laquelle elle vivait bon an mal an. Une tare que ses camarades de classe ne manquaient d'ailleurs pas de lui rappeler lorsque l'occasion se présentait.
Mais récemment, Jade avait également surpris le secret de ses parents. La raison pour laquelle son père ne rentrait que rarement à la maison depuis si longtemps.
Atypiquement, elle s'était levé en pleine nuit pour se rendre aux toilettes. Alors qu'elle avançait à tâtons dans le noir, son ouïe en éveil ne put s'empêcher d'écouter la conversation qui provenait du salon où dormaient ses parents. Ils parlaient de leur situation financière, et de la somme qu'ils essayaient de réunir. Ils parlaient de Jade, de leurs espoirs pour son avenir. Et ils parlaient de la Pokémon Community.
La fameuse Pokémon Community. Celle qui enflammait l'imaginaire des apprentis dresseurs. Celle que Jade avait demandé à rejoindre, le jour de ses onze ans. Celle qu'elle n'avait jamais pu rejoindre après ses douze ans, faute de moyens et bien loin de l'excellence nécessaire pour prétendre à une bourse d'études. Cette Pokémon Community qu'elle avait accepté de ne jamais rejoindre, tout comme elle avait accepté de ne toujours porter que des habits de seconde main, de ne pas manger un repas chaud tous les jours de la semaine, de dormir dans la seule chambre de leur appartement où de ne pas pouvoir participer aux activités extrascolaires.
Ces idiots. Ses idiots de parents, toujours souriants, toujours déterminés à offrir le meilleur à leur fille au détriment de leur propre santé. Ces idiots de parents qui depuis deux ans se serraient la ceinture en secret pour lui offrir l'Académie que ses rêves d'enfant désiraient.
Jade retenait déjà ses larmes en posant le dossier d'inscription sur sa table de nuit, et elle dû prendre une minute pour se composer à nouveau. Sa mère avait déjà bien trop à penser, inutile de lui rajouter des raisons de s'inquiéter. Pour l'adolescente, il était impensable que ses parents soient les seuls à faire des efforts. Ils étaient une famille, et elle se devait elle aussi d'aider autant qu'elle le pouvait. Elle n'était peut-être pas excellente dans les études, elle n'avait peut-être pas d'affinité particulière avec les pokémons ni aucun talent sportif. Mais elle était déterminée à ne pas gaspiller la chance que ses parents lui avaient offert.
Si la jeune fille avait appris quelque chose, c'est que les plus grandes fortunes étaient gagnées par les topdresseurs de renoms, les champions d'arène et les challengers mythiques des Conseils des Quatre de chaque région. Elle n'avait pas envie de faire des combats de pokémon. Elle n'était même pas certaine d'avoir envie d'avoir un pokémon.
Mais elle devait absolument réussir. Elle devait absolument devenir une topdresseuse de talent, une championne qui mettrait sa famille à l'abri du besoin. Ses parents méritaient d'être riches, et elle allait leur offrir cette richesse.
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"Et voilà jeune fille, un pokémon tout beau tout chaud! D'après mes calculs, il s'agit de votre partenaire i-dé-al! Et croyez-moi, ou ne me croyez pas ça ne change rien, mes calculs sont tou-jour correctes! Alors prenez-en grand soin, et il vous le rendra au centuple!"
En même temps que le Collectionneur, Jade porta un regard curieux sur le psystigri qui était désormais assis sur le bureau mal rangé. Depuis qu'il était sorti de sa pokéball le pokémon n'avait pas bougé d'un poil. Il n'avait pas réagit quand le Collectionneur avait tapé avec enthousiasme sur le bureau à côté de lui, il n'avait pas réagit quand sa pokéball lui était accidentellement tombée sur la tête et même l'odeur de renfermé et de désodorisant bon marché qui emplissait le container sombre et chaotique où ils se trouvaient ne semblait le troubler.
"Et ben alors euh, enchantée Psystigri, je suis Jade!" bredouilla la jeune fille.
Le silence qui lui répondit, à peine brisé par les bips irréguliers de l'ordinateur du Collectionneur, installa un léger malaise dans la salle. Le psystigri n'avait pas bougé. Peut-être n'avait-il tout simplement pas remarqué qu'on lui parlait?
Jade se pencha à sa hauteur et passa lentement sa main devant les deux yeux immenses de son nouveau compagnon, ce qui ne suscita aucune réaction.
"Hmmm...Allô? Tout va bien?"
Le silence lui répondit. Encore. Circonspecte, l'adolescente leva un regard accusateur vers le Collectionneur, qui s'empressa de se défendre.
"J'ai dit au centuple? Je voulais dire, sans doute au double!... Probablement."
Sur la table, le psystigri ne bougeait pas d'un cil. Immobile. Ses yeux comme des soucoupes fixant un point au loin que lui seul pouvait apercevoir.