Pochettes sous le bras, Ilea se dirige d’un pas assuré vers la zone commerciale, loin du campus où elle a l’habitude d’exercer depuis plusieurs mois. La raison ? La voilà envoyée par l’administration en direction d’un club de combat tenu par un ancien élève de l’académie et son frère jumeau pour y régler tout un tas de paperasse adminstrative. Dans ses pochettes, tout un tas de papiers que le jeune homme doit signer ou bien remplir en fonction. Le tout avec pour unique but de mettre à jour les dossiers et permettre à l’éducatrice d’y voir plus clair dans tout ce qu’elle doit gérer au quotidien.

Les stages et autres partenariats avec l’extérieur se sont popularisés ses dernières années à la Pokemon Community. Ilea ne le sait que trop bien puisque son ex plan-cul s’occupait régulièrement de jeunes, parfois difficiles, au sein de son bar. La rousse n’aimait pas trop ça d’ailleurs mais avait difficilement voix aux chapitres. Difficile d’aller voir sa direction pour lui dire que cet homme serait bientôt à la tête d’une famille mafieuse, qu’il possède plusieurs armes et gère en parallèle des activités tout sauf légal. S’il avait fallu qu’elle se justifie, elle aurait du parler de sa relation avec le barman, et l’adulte n’en avait aucune envie. Alors, l’éducatrice s’est contentée de s’assurer qu’Henry n’allait jamais trop loin avec ses élèves. Et heureusement, tout est toujours resté sous un certain contrôle. Et maintenant que la PC a déménagé, et que sa relation avec l’homme désormais marié a pris fin, la question ne se pose plus.

Une raison donc de plus pour s’assurer que les partenaires de l’école et potentiels encadrants des étudiants sont des personnes fiables. Même si pour Rodrigue, la jeune femme part plutôt confiante. Lui-même est un ancien élève de l’école relativement apprécié des professeurs. Cette visite n’est en réalité qu’une formalité. Ilea aurait très bien pu lui envoyer des scans et s’occuper de tout ça par mail ou téléphone. Mais voir les gens en vrai est plus agréable pour établir de nouvelles relations. En tout cas, c’est comme ça que la rousse voit les choses. Et ça lui donne également l’occasion d’en apprendre plus sur le jeune homme, son parcours à la PC et son nouveau buisness.

Arrivée devant l’établissement, la jeune femme pousse les portes du club et atterrit dans une entrée très simple et bien organisée. Sur le comptoir trône un drôle de pokemon avec une coquille sur le dos. Un Crabicoque si elle ne dit pas de bêtises. D’une voix pas trop forte mais claire, Ilea demande.

- Excusez-moi, est-ce que Monsieur Rodrigue Miles est là ?

Ilea n’est absolument pas étonnée que ce lieu plaise aux élèves friands de combat. Même s’il y a bien l’octogone de combat au sein de l’antre des Noctalis, cet endroit à un côté un peu plus encadré et officiel. A son plus grand malheur, la jeune femme sait bien que la zone construite à la base au sein du campus pour des combats pokemons s’est vite transformée en endroit de réunions pour les bagarres organisées entre élèves ayant des comptes à régler, le plus souvent à mains nues. Heureusement que d’une certaine façon, un arbitre est presque toujours présent pour s’assurer que les choses ne dégénèrent pas de trop.

A l’époque, c’est l’une des premières choses qu’a fait remonter l’éducatrice a la direction. Ce lieu ainsi détourné ne lui paraissait plus très sûr pour les étudiants, surtout adolescents qui ont vite tendance à se battre pour un oui ou pour un non. Mais le directeur ne l’a pas du tout vu comme ça et a, au contraire, préféré maintenir ce liei ouvert pour permettre d’avoir un œil sur ces fameuses bagarres. Pour lui, il vaut mieux qu’elles aient lieu dans un endroit où l’école à plein contrôle plutôt que derrière un mur à l’abri des regards. Un argument très pragmatique, pas totalement faux, mais qui n’empêche pas les bagarres derrières les murs comme il les appelle. La jeune femme se souvient de l’une d’entre elle où Lyria et Ash ont été impliqués. Un mauvais souvenir. Toujours est-il que si l’octogone des Noctalis regroupent diverses formes de combat, le club tenu par les jumeaux semble lui exclusivement réservés aux combats entre pokemons.

Ilea est finalement accueilli dans un premier temps par un jeune homme blond et très enthousiaste. Seulement, il lui parle vite de deux Rods. Une information que la jeune femme a du mal à saisir jusqu’à comprendre l’évidence avec l’arrivée d’un deuxième jeune homme. En fait ils sont non seulement jumeaux, mais en plus ils ont le même prénom ! Une drôle de situation que l’éducatrice creuserait bien si elle avait été un peu plus proche des garçons.

En attendant, l’un recadre l’autre et permet d’engager le dialogue avec la rousse, amusée par la drôle de situation.

- Il n’y a pas de mal. Je n’étais juste pas suffisamment renseignée sur la situation des propriétaires du club. J’imagine donc que c’est vous que je voulais voir. Et oui c’est bien moi ! Appelez-moi Ilea ! Tous les formulaires sont là, mais disons qu’il me manque quelques signatures ahah.

En souriant, la rousse suit le garçon jusqu’au comptoir où il lui propose de s’assoir et de boire quelque chose tout en discutant. Ilea accepte un thé avec plaisir et sort de ses pochettes les quelques documents qui vont intéresser dans un premier temps le gérant. Des conventions et autres papiers certifiant que les élèves sont bien venus au club. De quoi valider certains acquis pour les cours de stratégie par exemple.

Récupérant sa tasse, l’éducatrice souffle un coup dessus avant de reprendre.

- Merci pour le thé. Je suis en train de faire beaucoup de tri dans mon bureau, donc je profite de mon passage pour en emmener un maximum, je m’excuse par avance.

La jeune femme étale quelques documents pour illustrer ce qu’elle demande à son interlocuteur.

- Il me manque à certains endroits des signatures. Et dans certaines cases, un commentaire sur l’expérience de l’élève ici serait un vrai plus pour son dossier. Le nouveau professeur de stratégie est très regardant là-dessus et accorde plus de crédits aux choses documentées. Si vous vous souvenez a peu près de ces élèves, cela serait vraiment super d’ajouter quelques mots pour eux.

Avec la nouvelle équipe professorale, Ilea avait dû se plier à pas mal de nouvelles exigences et adapter en conséquence une partie de son travail. Tandis que sa Aquali joue du bout de la patte avec le Crabicoque posé un peu plus loin, la rousse se permet de poursuivre un peu plus loin la conversation.

- Cela me fait plaisir de voir que d’anciens élèves continuent malgré tout de travailler avec nous. Je crois que vous aviez déjà quitté l’école quand je suis officiellement devenue éducatrice. Nous n’avons donc pas eu l’occasion de trop nous connaitre, hors de cette relation professionnelle je veux dire.

Ilea est toujours impressionnée de voir à quel point les élèves de la Pokemon Community sont volontaires et capables de monter d’incroyables projets en peu de temps, et surtout aussi jeunes. Ana à peine majeure tient avec son frère un foodtruck qui fonctionne très bien. Rodrigue et son jumeau ont à peine plus de 20 ans et dirigent un club de combat populaire auprès des personnes intéressées par le sujet, d’autres anciens élèves encore sont maitre d’étage dans la Tour de combat, tout juste diplômés. Une incroyable ascension qui replonge la rousse des années en arrière. A leur âge, elle trouvait seulement le courage de fuir sa famille et de tout recommencer à 0. Ils ont compris bien plus tôt ce qu’ils voulaient. Enfin, c’est surtout qu’ils en ont trouvé la force bien plus vite qu’elle.

La rousse est rassurée de voir que le propriétaire des lieux est en capacité de compléter les documents. Elle aurait bien été embêtée de revenir bredouille et d’expliquer à Monsieur Uzan que l’endroit où se rende les élèves pour s’entrainer n’est pas en capacité de prendre des notes. Heureusement, la technologie vient au soutien de Rodrigue et lui permet de rapidement se mettre dans le contexte des différentes fiches que l’éducatrice a ramené.

- Votre frère peut aussi mettre des annotations bien sûr ! Tout ce qui complète le dossier est la bienvenue.

Très vite, le comptoir se transforme en un véritable étalage de feuilles diverses et variés. Heureusement que l’adulte a l’habitude de les manipuler pour continuer à y voir clair.

- Je comprends bien. Je ne suis pas étonnée que Belladonna, Leon et Percy s’en soient occupés. Ils sont très attentifs à leurs élèves respectifs. Je ne pense pas que Monsieur Uzan ne fasse pas attention, mais il est peut-être moins branché technologie ? C’est pour ça qu’il m’a aussi confié tous ces papiers. Et puis ça me permet aussi de venir vous voir personnellement et de discuter un peu avec vous.

L’éducatrice observe Rodrigue commencer à compléter tous ces petits encarts tandis qu’elle sirote son thé, très agréable là tout de suite. De loin, elle perçoit quelques bruits qui doivent correspondre à un entrainement en cours. Comme quoi le buisness ne s’arrête jamais vraiment. Vite, la conversation dérive vers des choses plus personnelles. De quoi permettre d’établir une relation plus profonde avec le jeune homme.

- Beaucoup de commerces dépendent de la Pokemon Community effectivement surtout maintenant qu’elle accueille plus de monde avec le campus. Mais sur Adala, il y avait toujours l’Adala Elite School avec bons nombres d’élèves. Après j’imagine que vous êtes tous les deux plus proches des élèves de la PC que de l’AES.

Aux dernières nouvelles qu’elle a obtenu, l’AES se porte bien maintenant qu’elle est de nouveau seule sur son île. L’équilibre a été retrouvé, et tout le monde a été apaisé. C’est triste à dire, mais la jeune femme admet que c’est probablement eux qui ont tout troublé. Mais qu’importe, maintenant tout le monde à retrouvé sa stabilité, chacun de son côté.

- Oui donc effectivement, comme j’ai intégré les rangs de l’académie juste après ces événements, nous n’avons pas été amené à beaucoup nous croiser. En tout j’imagine que vous auriez l’âge d’être un Nymphali si vous choisissiez de vous réinscrire maintenant. Après les options sont aussi ouvertes aux anciens élèves sans être de nouveaux scolarisés. Quelque chose vous intéressera peut-être dans la liste.

Un nouveau système propre au campus qui fait ses preuves au vu du nombre d’inscrit dans les diverses options proposées, mais aussi des adultes présents également dans les rangs des cours optionnels. Une belle réussite.

Lorsque le blond commence à démontrer de l’intérêt pour le travail de la jeune femme, elle ne peut s’empêcher de sourire avant de lui répondre, ses mains entourant désormais sa tasse revenue sur la table.

- Non je ne suis pas psychologue. Même si j’essaie de me former un peu, ce n’est pas du tout ma fonction première. Je suis éducatrice. Je m’occupe du bien être des élèves dans leur quotidien mais aussi dans leur scolarité. A la PC, ma fonction me fait faire énormément de choses différentes. Je m’adapte à chaque journée et à chacune de mes missions spécifiques, comme venir vous voir par exemple. Mais j’imagine que je fais un peu office de psychologue. Tout le monde a besoin de se confier à quelqu’un.

La suite de la remarque de l’adulte fait sens, et la jeune femme l’appuie immédiatement.

- En tout cas n’hésitez pas tous les deux à m’appeler ou à m’écrire au moindre besoin ! Je réponds toujours, et tout ce que vous aurez à me dire m’aidera forcément dans mes fonctions pour améliorer le suivi des élèves.

Petit à petit, Ilea trie les documents déjà remplis par Rodrigue et le regarde faire, tout en poursuivant la conversation.

- Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire pour le club dès maintenant qui aiderait votre activité et qui serait profitable aux élèves ? Ma position à l'académie n'est pas un passe droit à tout, mais je peux essayer sans souci.

- Oh non ne dites pas ça ! C’est vrai que j’ai beaucoup de travail, et je le fais avec passion. Alors ça aide beaucoup. Et puis à ce jeu-là, moi non plus je ne pourrais pas faire ce que vous faites. Nous avons chacun nos compétences, ce qui compte juste c’est de les exploiter correctement.

Ilea discute joyeusement avec le jeune homme, contente d’en apprendre un peu plus sur lui, son frère jumeau et l’entreprise qu’ils ont monté ensemble. Rodrigue parvient à maintenir une conversation tout en remplissant les documents utiles au dossier de suivi de l’académie, de quoi permettre à la rousse de ne pas réaliser qu’une simple formalité administrative mais surtout de resserrer les liens avec les différents partenaires de l’académie. L’objectif final de son déplacement semble atteint.

Son chocolat chauf entre les mains, la jeune femme essaie de voir avec le dresseur ce qu’elle pourrait faire à son échelle pour éventuellement soutenir le club de combat et l’aider dans son expansion. Même si sur le papier, tout le monde n’est pas la cible de ce type de lieu, l’éducatrice imagine sans mal le fait que pratiquement n’importe qui aurait quelque chose à y apprendre. Les cours de stratégie font parti intégrante de l’enseignement à la Pokemon Community, quelque soit les parcours. Les professeurs tiennent tout de même à ce que chaque élève, même un coordinateur ou un scientifique, soit en capacité de faire appel à son pokemon intelligemment pour se défendre.

L’intuition de la rousse ne semble pas mauvaise puisque Rodrigue confirme indirectement ses propres pensées. Il faudrait inciter les plus timides à oser participer à des séances au club, pour s’améliorer ou en tout cas essayer de mieux appréhender les combats et la stratégie. Sur un coin de l’un de ses carnets, Ilea prend quelques notes pour être sûre de ne rien oublier et reprend.

- C’est vraiment une bonne initiative de proposer des cours de soutien ici. Magnus Uzan peut parfois impressionner les plus jeunes par sa carrure et sa rigidité, peut-être qu’avec d’autres figures, des élèves se sentiraient plus en confiance. Je vais voir comment faire circuler l’information plus rapidement, en espérant que cela vous ramène du public. Vu votre travail ici, cela serait dommage que personne n’en profite !

La jeune femme note encore deux trois bricoles, des bribes d’idées lui venant déjà pour permettre au club d’accueillir de nouveaux profils, puis range son carnet dans son sac, récupérant déjà la pile de document que lui tend le jeune homme. Il n’y a pas à dire, il a été efficace.

- Je vous remercie pour tout ça. Cela va m’être très utile dans mon classement et les comptes-rendus aux professeurs et à la direction.

Ensemble, les deux jeunes se lèvent, se serrant la main pour signifier la fin de leur discussion.

- Merci encore pour tout ça. Je repasserais bientôt, que je vois de mes propres yeux comment se passent les combats ici. Je vous tiendrais au courant de mes avancées pour parler de votre club par email, je m’y engage.

Une très bonne rencontre qui se clôture. Du moins pour aujourd’hui.