— Mais sérieux bro comment tu fais pour foutre tout ça dans ton estomac ?

Intrigué malgré tout, le bleu se laisse tenter et vole un bout de cette étrange pâtisserie à son ami pour voir ce que cela vaut. Ça n’a effectivement rien à voir avec ce qu’il a l’habitude de manger, mais ce n’est pas mauvais. Evidemment, il en garde aussi un tout petit morceau pour Doudou, histoire qu’il profite aussi de la cuisine locale. Même s’il n’est pas très expressif, le gitan sait que son partenaire aime bien ces petites attentions, et qu’en silence dans sa capuche il savoure cette nouvelle sucrerie.

Le chanteur est heureux d’être là, dans cette ville portuaire avec son bro. Cela faisait longtemps que lui et Ash n’avaient pas pris le temps de s’amuser juste entre mecs. Pas que les filles les dérangent, mais parfois ça fait du bien aussi d’être là, juste entre bro.

Lui aussi aimerait bien se goinfrer comme le Noctali, mais le nœud qui lui tord l’estomac depuis quelques minutes l’en empêche, de peur de ne pas le supporter. Lentement, en plus de cette douleur, un mal de crâne s’installe, signe que l’aura des Fléaux n’est pas si loin. Itzan préfère l’ignorer, prier pour que ces derniers jours lui montent trop à la tête, qu’il commence à se faire des films. Mais à force, il sait qu’il a raison. Et il ne faut pas bien longtemps avant que l’alarme de la ville ne retentisse, annonçant la présence non loin des deux Fléaux identifiés comme libérés.

Rapidement, la panique gagne les rues et les habitants s’empressent de regagner leurs maisons tandis que les autres ont un point de repère attitrés. Cela fait partie de la stratégie imposée à la région par les membres de la ligue. Se cacher, et attendre que le nuage d’aura passe. Et le bleu n’a rien contre cette stratégie, même s’il comprend également l’hésitation de son bro.

— Je pense qu’on devrait regagner la zone de combat du marché ouvert comme indiqué. Mais on reste vigilant en chemin, et on aide les personnes qu’on croise à se mettre à l’abri. Ça te va ?

Son ami hoche la tête et les voilà lancé à travers les ruelles. La douleur ne le quitte pas, signe que la présence des auras est forte, mais tente de garder la tête froide pour suivre son ami à la recherche de potentielles victimes.

Et surement que les deux pokemons en train de se battre entre eux de manière hasardeuse surveillés par Nocturna, probablement attirée par ce chaos, font partie des dites victimes de l’aura des Fléaux.

Le plan d’Itzan validé par son bro, les garçons quittent à contrecœur l’endroit où ils s’étaient installés pour presser le pas en direction du marché couvert. Bien sûr, dans d’autres circonstances, le gitan se serait davantage positionné en force de proposition pour aider les habitants de la ville et d’autres pokemons dans le besoin. C’est en partie ce que ses cours à la Pokemon Community lui apprennent depuis presque deux ans. Mais là, la situation est un peu différente. Lui-même est affecté par l’aura des Fléaux. Et si jusque-là son attitude n’a jamais été réellement influencée, il en ressent malgré tout les effets, et notamment ces douleurs si particulières. Il ne vaut mieux pas tenter le diable en y restant exposé trop longtemps.

— Je te fais confiance bro. Vidar et toi vous êtes très forts. Mes pokemons vont aussi aider, il n’y aura aucun problème.

Même si dans le fond, le bleu est convaincu de ce qu’il avance, persuadé que les choses vont relativement bien se dérouler, il ne peut s’empêcher de réfléchir plus fort pour maitriser son expression faciale. Il ne doit pas inquiéter les autres en laissant ses douleurs apparaitre sur son visage. Tout le monde a bien assez à faire avec les Fléaux et tout ce qui s’en suit que s’occuper de celui trop sensible face à ces auras mystérieuses.

La petite altercation entre pokemons que Nocturna surveillait s’est arrêtée bien vite, la spectre les ayant suffisamment effrayé pour qu’ils s’enfuient à toutes jambes vers d’autres lieux. Le gitan l’a jugé du regard, sans attendre aucune réaction de la Paradoxe. Finalement, ils parviennent au rassemblement au niveau du marché ouvert, et les choses ne vont pas bien mieux. Les gens sont sur les nerfs, plutôt agressifs et décidés à en découdre avec le premier qui passe. C’est vrai qu’ici, la collision des deux auras est particulièrement forte. L’agent en ressent lui aussi les effets, se massant un instant les tempes pour réussir à garder sa concentration malgré le mal de tête.

Un phénomène qui visiblement n’affecte pas du tout son ami, et cela va bien les arranger.

— L’aura des pokemons Fléaux peut affecter le comportement. On la sent particulièrement bien ici, ils ont dû se battre de ce côté de la ville. Je pense qu’il faudrait qu’on les éloigne du noyau, en allant de l’autre côté de la ville, et dans un endroit fermé peut-être. Ça aiderait surement tout le monde à retrouver son calme. A ton avis, où on peut trouver un mégaphone ?

— Et bien tu as bien de la chance  – souligne le bleu en réponse à son ami déclarant ne rien ressentir de l’aura des Fléaux.

De son côté, se masser un peu les tempes n’y change rien. Cette douleur ne veut pas s’en aller, et même s’il sent bien que son comportement n’en est pas affecté, la situation l’affaiblit, et il commence à sentir sa respiration moins aisée qu’il y a une dizaine de minutes. Une situation que Doudou sent également, mais davantage par inquiétude pour son dresseur que par l’influence des auras. Peut-être que Doudou est comme Ash et ne perçoit pas les auras.

Approuvant son idée de mégaphone, le Noctali prend l’initiative de partir à la recherche d’un objet, tandis que le gitan s’appuie contre un mur, Doudou sur son épaule, cherchant à économiser au maximum ses forces. Il se doute qu’une fois le signal déclenché, ils devront se remettre à courir. Et s’écrouler en pleine allée n’est pas une option. Vidar aussi commence à ressentir les effets de l’aura. Il ne se met pas à se battre, mais il n’est pas à l’aise non plus. Le bleu lui adresse un regard compatissant. Ils sont dans la même galère. De son côté, Nocturna continue de tourner autour des affrontements, s’amusant de la situation tout en, sans réellement le chercher, empêcher que les choses ne dérapent de trop.

Heureusement, Ash est rapide et ne tarde pas à revenir de sa recherche avec une trouvaille. Même si l’agent se pose des questions, il voit où son bro veut en venir. Il hoche simplement la tête avant d’indiquer la suite.

— Viens, on va monter sur ce muret pour prendre de la hauteur.

Une fois positionné, Itzan reprend, tenant compte de ce qu’il sait de son ami.

— Le port c’est une bonne idée. Je m’occuperais de leur dire où aller. Mais j’ai besoin que tu souffles dans le coquillage…je manque de souffle

Le gitan essaie de feinter le plus possible mais le résultat est là. Il s’épuise, et n’aura pas l’énergie d’enchainer un cri aussi fort et des instructions. En espérant qu’Ash ne s’attarde pas là-dessus, il attend le signal qui finit par venir, très amplifié par le coquillage. Le silence pratiquement revenu sur la plage, il peut prendre la parole le plus distinctement possible.

— Les pokemons Fléaux ne sont pas loin…et ils vous rendent agressifs. On doit s’éloigner d’eux. Suivez tous ma Millobelus direction le port. Ça ira mieux une fois qu’on sera là-bas…Allez…on y va

Le garçon parvient à déclencher sa pokeball dans le même temps, permettant à Belle d’obéir aux consignes. Fort heureusement, les gens n’ont pas l’air d’opposer trop de résistance. Les présences de Nocturna les poussant vers le port tout comme Vidar doivent aussi y jouer. Maintenant, plus qu’à descendre du muret et les suivre sans s’écrouler avant l’arrivée.

Les divers signaux fonctionnent, et sans perdre trop de temps, le groupe constitué d’une partie des gens encore dans les rues au moment de la rencontre des Fléaux suivent le mouvement en direction du port. De ce qu’il en sait, Belle sent l’aura de ces pokemons mais tolère leur présence pendant quelques temps avant de commencer à s’agiter. Se servir d’elle pour ouvrir la marche sur une si petite distance n’est donc pas réellement problématique. Quant aux garçons, ils peuvent se mettre en fin de déplacement, s’assurant que tout le monde suit bien le mouvement. Doudou n’a pas bougé de l’épaule d’Itzan qui lui parvient à marcher à peu près normalement. Et pour cause, même s’il ne le dit pas à son ami, il sent que les Fléaux sont en train de partir.

Une fois arrivé au port, les effets de l’influence des Fléaux se dissipent. Les gens se calment et arrivent à nouveau à discuter entre eux, en attente des nouvelles consignes. Le bruit des vagues apaise le bleu, essayant de se laisser porter par cette sensation plutôt que ces maux de tête qui viennent désormais davantage par pique.

Et comme attendu, l’annonce finit par tomber. Les pokemons Fléaux se sont éloignés, permettant aux habitants de circuler en toute tranquillité dans cette ville normalement animée pendant la période estivale. Certains prennent d’ailleurs le temps de remercier les deux jeunes qui ont mené l’opération de transition en direction du port. Après quelques sourires et signe de main pour les remercier, le bleu se reconcentre sur son ami, tandis que Belle a déjà sauté dans l’océan pour faire quelques tours, peut être à la recherche d’une chute d’eau non loin pour opposer un peu de résistance à son long corps.

— Il n’y a pas que moi qui ait assuré, toi aussi tu as été super bon sur ce coup. Ton idée pour la corne nous a sauvé la mise. Je pense que c’est davantage toutes les catastrophes qu’on vit ici qui m’a appris ça que les cours Agent.

Malgré les sourires, Itzan est épuisé et bien que le mal de tête diminue doucement, ça s’accompagne de quelques vertiges, le poussant à s’assoir contre le sol en bois du port. Plus stable, il redresse la tête vers son bro qui a bien constaté son état sur le coup. L’agent a l’impression d’être bien faible et influençable comparé à son ami qui n’a pas bougé d’un pouce malgré la puissante vague d’aura. Son esprit doit être bien plus fort que le sien. Mais à nouveau, il sourit simplement avant de complètement s’allonger sur le sol, Doudou pratiquement sur son visage.

— Non t’inquiète pas c’est pas la peine. Si ça t’ennuie pas, je vais rester allongé là un peu le temps que ça passe. Viens tu vas voir, la vue sur les nuages est plutôt cool d’ici.

Itzan ne réabordera plus le sujet avec son bro jusqu’à la fin de ma journée.