Aux yeux de beaucoup de personnes – famille comme amis – Sidney est la fille idéale. Elle est décrite comme gentille, honnête, attentionnée, travailleuse, généreuse, compréhensive, polie, calme, douce, intelligente... Que demander de plus ? Oh bien sûr, elle a ses défauts, comme tout le monde. On peut par exemple lui reprocher son entêtement parfois excessif, ou son côté parfois impulsif, ou encore le fait que ce soit une maniaque de la propreté ; mais tout ceci n'est que détail en comparaison des nombreuses qualités qu'elle possède. Sidney, c'est le genre d'amie loyale et fidèle que vous pouvez appeler à trois heures du matin, qui écoutera vos peines avec patience, sans aucun jugement et qui vous réconfortera dans vos pires moments.  Elle a toujours été une petite fille modèle, ramenant d'excellentes notes, faisant la fierté de ses parents. Ajoutez à cela sa beauté naturelle et voilà ! Vous avez le portrait de Sidney, une fille quasiment parfaite. Peut-être un peu trop parfaite ? ... Oui, définitivement.

En vérité, elle n'est pas aussi parfaite – loin de là. Elle est bien moins gentille, bien moins honnête, bien moins attentionnée, bien moins travailleuse, bien moins généreuse, bien moins compréhensive, bien moins polie, bien moins calme, bien moins douce, mais tout aussi intelligente. Non, pour être franc, Sidney se moque bien de vos peines et de vos petites histoires ; tout ce qui l'intéresse, c'est elle et elle seule. Elle considère les autres personnes comme inférieures, au mieux distrayantes, au pire détestables ; de plus, elle à plutôt tendance à se méfier des gens et à voir à quoi ils pourraient lui servir plutôt que de chercher à tisser de réels liens. Elle a été très gâtée dans son enfance et n'éprouve pas le besoin de travailler pour obtenir quelque chose – pourquoi le faire quand d'autres peuvent le faire pour nous ? C'est en partie pour cela que le système égalitaire établi sur Lansat ne lui convient pas et elle a du mal à se faire à l'idée qu'ici, elle ne pourra pas obtenir tout ce qu'elle veut simplement en claquant des doigts.

Sidney aime beaucoup prétendre être une jeune fille parfaite. Pourquoi ? Tout d'abord, l'ennui : il lui est toujours très amusant de constater à quel point les gens peuvent être bernés par un sourire innocent et de grands yeux émerveillés. Ensuite, vient sa passion : jouer un rôle, voilà ce qui l'intéresse au quotidien, que ce soit celui de la petite fille modèle, celui de la pauvre victime innocente, ou celui de la grande méchante qui ne se révèle qu'à une seule personne pour tourmenter cette dernière. Et enfin, bien qu'elle n'avouerait cette raison pour rien au monde : la peur de l'abandon et de la solitude. C'est vrai, qui serait intéressé à rester avec elle si elle était en permanence exécrable ? Sûrement personne. Et Sidney, elle a besoin de ça, besoin d'être admirée, besoin d'être reconnue ; même si ce n'est pas pour ce qu'elle est réellement. Alors, elle se montre tout sucre tout miel, écoutant avec compassion les gens, leur étant loyale à tout prix, pas pour se montrer profondément et sincèrement sympathique, mais pour se sentir utile et aimée.

Est-elle si abjecte que ça ? Objectivement, oui, comme elle ne sert des gens qu'en guise de distraction ou de besoin de reconnaissance. Cependant, elle a ses qualités, comme tout être humain vivant sur cette terre. Par exemple, elle a très bonne mémoire et elle est très observatrice et attentive à ce que vous dites – peut-être pas pour les bonnes raisons, certes, mais n'est-il pas néanmoins agréable de discuter avec quelqu'un qui se rappelle de ce que vous lui avez confié à propos de votre plante préférée morte il y a des mois de cela ? Et elle a beau être hypocrite, narcissique et finalement assez cynique, il n'empêche qu'une fois que vous êtes entrés dans la catégorie des gens "intéressants" ou "amusants", elle vous restera loyale – jusqu'à même se montrer un peu jalouse et possessive. Et puis, elle n'est pas totalement insensible... Essayez donc de lui montrer une araignée ou tout Pokémon y ressemblant ou de lui parler de théâtre et d'astronomie – la première option peut avoir des effets négatifs (comme une droite sur votre beau visage) mais la deuxième peut s'avérer intéressante.

Au niveau du physique, eh bien... Il ne sert à rien de le nier, Sidney est belle. Et elle le sait. Et Dieu sait qu'elle y fait attention. Parce que oui, la beauté de Sidney n'est pas entièrement naturelle : maquillage, vêtements, même la démarche, tout est calculé, voire même répété, pour donner l'impression d'être à la fois la plus parfaite et la plus naturelle possible. Il lui est impossible de sortir sans être maquillée et coiffée parfaitement, même si ce n'est que pour sortir la poubelle. Ses yeux sont d'une jolie couleur noisette tirant vers le doré, le même doré  qui colore les cheveux de la jeune fille. Elle est assez grande, fine et élancée ; Sidney fait très attention à sa ligne et accessoirement à sa santé, incluant des séances de sport régulières et une alimentation saine et équilibrée. Elle ressemble un peu à une poupée, avec ses traits du visage fins et sa peau de porcelaine, sa chevelure coiffée en deux tornades blondes parfaitement coiffées de façon symétrique, ainsi que ses vêtements, souvent une robe, parfois une jupe, mais jamais de pantalon.

L'histoire de Sidney a commencée de façon somme toute assez banale, dans la ville de Rosalia à Johto. C'est ici qu'habitaient ses parents, deux petits tourtereaux vivant d'amour et d'eau fraîche – presque littéralement, au vu des maigres revenus du jeune couple... Mais peu leur importait ! Tous deux vivaient une véritable idylle, un amour tendre et éternel et ce depuis leur plus tendre enfance ! Qu'y avait-il de plus beau, de plus pur qu'un amour d'enfance se muant en amour d'adolescence pour se finir par un mariage bon marché en petit comité sur les bords du Lac Colère ? (Sûrement beaucoup de choses, mais nous les éclipserons pour le bien de ce récit.) Bref, ils étaient enchantés, heureux, comblés et qu'importe qu'ils doivent travailler toute leur vie d'arrache-pied au magasin Pokémon pour pouvoir boucler leurs fins de mois ! Ils s'aimaient et c'était tout ce qui comptait ; peu importe les obstacles qui viendraient se mettre entre eux, leur amour était tout ce qu'il y avait de plus fort.

C'est ainsi que Lisa S. Wesley vint au monde, entourée et choyée par ses deux parents qui l'aimaient de tout leur cœur. Tout était alors tellement idéal ! La joyeuse petite famille vivait une vie tranquille, entre balade au Parc Naturel, spectacle de danse de Rosalia et visite au Bois des Chênes ; ce n'était pas toujours facile, mais c'était leur vie. Lisa aimait beaucoup cette vie, même si elle ne s'en rappelle pas énormément. Elle avait même une bande d'amis, dont elle était la cheffe, et ensemble ils faisaient les quatre cents coups – enfin, autant qu'une bande d'enfants turbulents de cinq ans pouvaient en faire... Ce qui, mine de rien, porte le nombre assez haut ! Cela exaspérait les uns, cela faisait rire les autres – et les bêtises de la petite bande étaient répandues dans toute la ville. Lisa était une mignonne petite fautrice de trouble, mais comme ses parents aimaient le dire en soupirant, "ce n'est qu'une enfant, elle aura bien le temps de s'assagir !" Bien sûr, le mieux aurait probablement été de la recadrer, mais l'amour rend aveugle...

Cette vie presque parfaite fut bouleversée par un événement quelque peu tragique. Peu après le sixième anniversaire de la fillette, sa grand-tante maternelle mourut, à l'âge  avancé de cent un ans. La petite Lisa... N'en ressenti aucun sentiment particulier, après tout elle ne savait même pas qui était cette "tantine Albertine" et elle s'en fichait pas mal, sa vie d'enfant de six ans ne pouvant souffrir d'être dérangée dans ses jeux par le décès d'un aïeule dont elle ne savait rien. Pour ses parents en revanche, leur vie entière se retrouvait chamboulée ; pas vraiment par la mort de tantine, qui était bien gentille, mais un poil sénile, mais par ce que cette dernière avait laissée derrière elle : un héritage. Un héritage conséquent. Il faut savoir qu'autrefois, Albertine était une femme d'affaire redoutable, un requin de la finance, qui s'était hissée toute seule en haut de la chaîne alimentaire alors qu'elle partait de rien ! Une femme vraiment remarquable et respectable en tous points...

Mais soyons francs, ce n'était pas les qualités et les capacités exceptionnelles qu'Albertine  possédait auparavant qui intéressaient Papa et Maman à cette époque, non. Les adultes ne s'intéressaient pas aux qualités des autres, ou à la vie que ces derniers avaient pu vivre. Pas Papa et Maman en tout cas. Non, ce qui les intéressait à ce moment-là, c'était l'appât du gain – et quel gain ! Un immense appartement, assez grand pour accueillir une dizaine de personnes sans aucun problème, le tout au sommet d'un des nombreux immeubles qui longeaient la Rue Méridionale à Illumis, dans la grande région de Kalos... Ainsi qu'un peu plus d'un million de Pokédollars. C'était inattendu, c'est le moins que l'on puisse dire... Eux qui arrivaient à peine à finir le mois sans être à découvert, les voilà devenus en un instant millionnaires ! Un tel événement, ça avait le don de vous chambouler toute une vie. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que leur vie se retrouva indéniablement chamboulée.

Lisa n'était absolument pas ravie de devoir abandonner tous ses repères et tous ses amis, au contraire ; et toutes les promesses que Papa et Maman lui firent à propos de sa "jolie nouvelle chambre", de ses "jolis nouveaux jouets" et de leur "nouvelle vie" n'y changèrent rien. Elle cria, pleura, supplia, fit les pires caprices de sa vie, mais pour la première et unique fois, ils ne cédèrent pas. Et elle fut contrainte à tout quitter, à partir loin de cette ville qui l'avait bercée... Oh, comme tous ses caprices, ce ne fut que passager et il y a fort à parier qu'elle avait déjà tout oublié à propos de son ancienne ville une fois arrivée dans son nouvel appartement, tellement plus grand et tellement plus beau que sa maison à Rosalia. Papa et Maman avaient raison, tout était bien mieux ici ! Ici, elle n'avait pas à se lever et à se coucher très tôt, parce qu'elle faisait l'école à la maison maintenant et que Papa et Maman étaient désormais bien moins à cheval sur son travail et ils avaient enfin arrêté de lui répéter que le travail était très important dans la vie et payait toujours !

A Johto, elle n'avait ni télévision, ni ordinateur ; à Kalos, elle avait sa propre télévision et son propre ordinateur ! Il lui suffisait de demander quelque chose pour l'avoir et elle pouvait manger ce qu'elle voulait et faire ce qu'elle voulait de sa journée, sans avoir à rien ranger derrière elle ! Les femmes de ménages et les nourrices étaient là pour ça après tout. Papa et Maman, déjà pas bien stricts à la base, devenaient de plus en plus coulants, de plus en plus conciliants, de moins en moins présents. Mais ça, c'était tant mieux ! Ainsi, Lisa pouvait faire tourner ses nourrices en bourriques toute la journée et agir en parfait petit ange devant ses parents lorsqu'elle les voyait ! Ça l'amusait beaucoup à vrai dire, jouer le rôle de la petite fille parfaite, puis passer à celui de la pauvre victime incomprise par des nourrices trop sévères, pour revenir ensuite à son naturel de petit diable. C'est plus ou moins ainsi qu'elle se découvrit une passion pour la comédie – ou la tragédie, en ce qui la concerne – qui la suivit jusqu'à aujourd'hui.

D'un autre côté, tout n'était pas si rose. Si la petite fille aimait auparavant regarder les étoiles, cela n'était plus possible  désormais ; le ciel d'Illumis était bien trop éclairé pour cela. Au moins pouvait-elle se rendre à la bibliothèque, qui rengorgeait de livres en tous genres... De plus, il lui était moins bien facile de se faire des amis, car son comportement était, aux dires de certains, détestable. Lisa n'aimait pas être considérée comme cela – elle voulait être aimée, populaire, au centre de l'attention, certes, mais pour ses qualités et non pas ses défauts. Alors, elle reprit le rôle du petit ange ; et, selon toutes ses attentes, cela fonctionna. Les gens l'appréciaient. Elle, elle ne les appréciait pas, mais alors pas du tout ! Mais qu'importe, elle avait des "amis"... Elle apprit de plus en plus à jouer ce rôle, jusqu'à le maîtriser à la perfection. (Et dans le même temps, Sidney apprit qu'il était normal que Papa se fasse parfois ramener à la maison par la police en empestant  l'alcool et que Maman pouvait parfois rentrer accrochée au bras d'un monsieur qui n'était pas Papa.)

Plus le temps passait et plus Sidney se sentait seule. Elle jouait toujours le même rôle, encore et encore, passant des heures entières devant le miroir pour ressembler à la personne que les gens apprécieraient. Sa mère lui disait qu'elle avait un don pour la mode et qu'elle devrait en faire quelque chose. Sidney aimait l'idée d'avoir un don, mais elle ne pouvait supporter l'idée que celui-ci était conforme à l'idée que sa mère se faisait d'elle. Sa mère répétait tout le temps que si Sidney faire un métier en rapport avec les Pokémons, elle devrait être coordinatrice. Son père préférait l'idée qu'elle devienne dresseuse. Sidney ne portait pas plus d’intérêt que ça aux Pokémons, et voulait juste devenir comédienne. Aller à la Pokemon Community était plus une lubie qu'un réel désir de faire ses preuves dans le monde Pokemon, mais puisque c'était tout ce qu'elle avait pour sortir de son quotidien et y apporter un peu de challenge, autant saisir l'occasion.