Un vent hostile |
Alezar Ilea L'échec n'est qu'une opportunité de recommencer plus intelligemment ~ |
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Vent hostile Ses deux mains se posèrent sur sa gorge tendue alors qu'elle jetait un regard désespéré à l'homme debout face à elle. Les pupilles noires d'Esteban luisait d'une lueur malsaine ne laissait entrevoir qu'une seule vérité possible : Euh... Bah l'absence de vérité justement. Un mensonge. Horrible mensonge éhonté, de ceux qui vous coupe le souffle. Et comme pour confirmer ce fait : voilà ses poumons qui se vident, sous l'écrasant repli de sa cage thoracique. Elle avait mal à vivre. Les questions de sa tête influait sur le corps comme le fard de Lolita influait sur ses belles petites pommettes rosées. Et elle se vidait peu à peu de tout ce qu'il pouvait bien faire son essence. Lolita était partie, et avait emporté un bout de son âme avec elle - Elle est passée où la Bellamy que j'ai croisée à Halloween, celle-là même qu'était sûre d'elle-même et fière ? Et celle que j'ai connue pendant la soirée raclette des vacances, celle capable de mettre n'importe qui à terre d'un simple regard ou d'une simple question ? Les mots de Salomé tournoyait autour d'elle, effleurait son visage sans qu'elle n'arrive tout à fait à les comprendre. Oh ce qu'elle aurait fait pour en saisir un avec les dents, le déchirer de sa mâchoire imparfaite et le gober : laissant le courage infuser dans ses poumons. Alors l'air n'aurait qu'à reprendre le chemin habituellement tracé et l'émotion si forte, comme d'habitude, se dégagerait. Tout partait de là. De la respiration. Les cris, les pleurs, les questions... Ce n'était qu'un souffle extrêmement puissant. Trop puissant. Mais l'émotion était arrivée bien trop vite cette fois-ci. Comme un train en gare sans frein : tout avait dérapé, défonçant la gare et les gentils voyageurs qui attendaient patiemment de pouvoir embarquer. Elle ne respirait plus. N'avait pas les mots, ni l'esprit de comprendre Salomé, ni même Ana. De leur être reconnaissante. Même sa colère s'amenuisait. Ne laissant que cette douleur brûlante et languissante. Plus d'air. Et le noir qui recouvre son regard. Et la panique qui envahit son esprit. Tombe lourdement au sol, la rose. *** Boum. Bim. Bam. Ça rebondit. Ça remue. C'est tout en rondeur et en volupté. Boum. Bim. Bam. Le fessier de Lolita s'avance dangereusement vers le brun ténébreux, et sa trompe se balance. Celle de Lolita, pas du brun *tousse* (désolé) Boum. Bim. Bam. Les cils battent la mesure. Le ventre est rentré : tout est en place pour l'opéra... BOUM Non. Une fausse note. Voilà la mélodie de sa séduction qui sonnait faux. Comme si un batteur s'était endormi sur son tambour, lourdement. Beaucoup trop lourdement au goût du tapir. Par instinct, elle se retourna face à la foule. Seulement distraite une seconde, par le téléphone de l'humaine brune qui l'accompagnait. Quelque-chose n'allait pas. Ça se sentait, et il ne fallait pas être devin pour savoir que l'ambiance avait changé. Pas celle de la manifestation qui tendait dangereusement vers un merdier de violence sans non ; mais celle du monde, celle de son monde qui tournait soudainement beaucoup moins vite. Quelqu'un n'allait pas. Bellamy. Qui d'autre ? Qui d'autre pouvait à ce point affecter ses sens psychiques, elle qui était si mauvaise télépathe. Qui d'autre pouvait la détourner d'un beau ténébreux, et la faire détailler d'un groupe d'individus sans soigner sa sortie ? Personne d'autres assurément que son amante adorée. Sa dresseuse. Sa meilleur amie. Sa moitié. Voilà la brune qui lui parle : Bellamy s'inquiète ? Elle a du mal à le croire. Ce qu'elle ressent au fond de ses tripes, c'est bien plus que ça. C'est trop fort même. Un arrêt de bus... Il ne faut pas lui en dire plus. Et hop ! Elle court Lolita. Qu'importe la sueur, que sa graisse déborde et coule, que son corps soit flasque. D'un saut : là voila au sol, bousculant ses stupides manifestants. Les regards courroucés ou moqueurs ne la dérange pas. Elle s'en fiche de son apparence. Quelque-chose ne va pas. Elle doit être là. L'aider, une dernière fois. *** -Ah ! Elle est tarée ta "dresseuse" ! s'exclama l'homme en se frottant la joue bandée. Et Pompom fronça les sourcils, un doigt accusateur se promenant autour du visage meutri. Non, non, non. Ce n'était pas très poli de dire ça. Il fallait bien comprendre que ce qu'il existait entre Bellamy était bien plus qu'une relation de dresseur/dressé, qu'importe le mot employé. Et il fallait bien comprendre aussi, que Bellamy sans Lolita c'était quelque-chose. C'était pas sa faute à Bellamy si elle s'était emportée... L'émotion était forte... Et c'était sans doute pour cette même raison qu'elle avait abandonné au milieu de la manifestation pensa la nameouie en regardant l'horizon. Elle allait revenir. Oui ! Cela ne faisait aucun doute ! Bellamy préférait Lolita, mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne l'aimait pas... Si ? La nameouie rougit. Quelle sotte elle faisait de penser ça ! Oulala ! Sotissses ! Sotisses ! -Poro ! Oh tiens, voilà Lolita ! Pom était d'abord contente de la voir mais il Pom n'est pas si bébête que ça, non, non. On la dit nunuche mais Pompom et bah elle entend bien les sentiments des autres et actuellement : Lolita hurlait la peur et la panique. Il ne lui fallut pas longtemps pour demander ce qu'avait Bellamy, parce-qu'il n'y avait bien que Bellamy pour mettre Lolita dans un état pareil et ça Pom - ça l'affolait beaucoup. Inquiète comme une maman, pour sa petite rose. Personne n'était venu à l'arrêt de bus lui expliqua Lolita. Pom et Lolita avaient toutes deux peur, mais si elle savait quelque-chose : c'est qu'avec l'ouïe de la nameouie et les pouvoirs psychiques du soporifik, ainsi qu'avec leur lien particulier avec Bellamy. Elles étaient bien les seules à pouvoir retrouver la rose dans toute cette foule. Alors Pom, elle a essayé d'être encourageante et elle a crié un beau discours plein d'émotions qui étaient dignes des plus grands parleurs, oh oui, Pom elle parlait bien dans les situations urgentes. Tiens, d'ailleurs voilà son beau discours : -Ouie ! Nan nan mé Ouie, mé ouie nan mé oui, nan ! Méouie ! Nanmé ! C'est beau, hein ? *** La pression contre ses poumons, le souffle qui fait vibrer ses joues. Pression, souffle et cette main lumineuse qui se tend. La sortant d'un sommeil bien trop sombre. Clap ! Une violente claque et l'esprit s'éveille. Les yeux s'ouvrent instantanément mais il lui faut bien quelques-secondes pour réaliser. Elle est en vie. Et Lolita aussi, accroupie contre son ventre, la réanimant grâce au conseils avisés mais niais de Pompom. Ses yeux clairs parcourent le corps boudiné de son tapir qui s'active sur son corps. C'est fou - on dirait que tout est ralenti. Les gestes, les pensées... Elle admire Lolita à une vitesse d'escargot. Son tapir est là. Elle n'est pas partie. Comment a t'elle pu le penser une seule seconde ? Bellamy sans Lolita ça n'existe pas. Elle a dû l'imaginer. Forcément. Alors, elle se lève et se jette sur son starter. L'enlaçant de toutes ses forces, imprimant son odeur sur la sienne. Elle n'aurait jamais du douter. -Oh Lolita ! J'ai fait un horrible cauchemard où tu m'abandonnais ! s'exclame t'elle, les yeux et le nez dégoulinant. Voilà le visage déformé de l'humaine qui se frotte contre le ventre du tapir. Traces de morves et de larmes, allongé contre le sol. Dans un état pathétique de dépendance, elle lève ses yeux glacés et plein d'espoir vers sa bien aimée. Et l'univers se brise. Le visage de Lolita se déforme alors que ses yeux explosent : torrents de larmes. Sourire amer. Trompe pendante. Voir l'image de sa dresseuse étendue au sol comme une vielle serviette ne fait que renforcer la décision qu'elle a déjà prise. Bellamy, consciente, ne sera plus avec Lolita. Pas pour le moment, pas tant que les deux n'étaient pas sevrées l'une de l'autre. Pas tant que la toxicité de leur lien immuable ne soit qu'un lointain souvenir. Aimer n'est pas respirer. Aimer n'est pas survivre. Mais ça Bellamy ne le comprend pas, bien trop aveuglée par sa peur de l'abandon, par ses excès de sentiments, par son âme meurtrie, bancale et éraflée. Bellamy ferme les yeux sur l'évidence : sa précieuse Lolita est son addiction. Sa drogue. Son oxygène. C'est trop pour deux coeurs. Et elle ne comprend pas pourquoi, mais elle le sent bien, au fond d'elle. -Non. entre deux sanglots. Tu peux partir. Non. Je t'interdis ! Non ! Elle hurle comme une démone, escalade son tapir et l'enlace de tous ses bras, de ses jambes, de son cou gracile. Comme une pieuvre enlace sa proie. Une étoile de mer sur son rocher. Elle voudrait fusionner avec elle, accrocher leur deux corps. Soeurs siamoises par choix. Sentir le coeur de son tapir battre contre le sien, partager le même sang et la même graisse. Elle voudrait s'attacher à elle pour toujours. Folie amoureuse. Lolita l'a bien vu depuis quelques-temps... À quel point c'est malsain et dangereux. Alors sa trompe se déroule et se posa rassurante sur la tête rose comme un ultime au revoir, la voilà qui tapote le crâne. Puis : inspiration. Ravale ses larmes et sa peine. Son pouvoir se déploie : Voilà Bellamy plaquée au mur de la petite ruelle. Comme une possédée par le démon. Elle hurle, se débat, voudra s'arracher l'âme et faire saigner ce corps trop faible soumis aux caprices de la télékinésie de Lolita. S'accrocher à son tapir pour toujours. Mais le pouvoir de Lolita est trop fort. -Tu ne peux pas partir ! Tu va me tuer ! Tu auras ma mort sur la conscience ! Tu ne peux pas faire ça ! Pitié non ! Connasse ! Salope ! Tu n'as pas le droit de me faire ça ! Je me suiciderais pour te refaire revenir ! Tu peux pas partir ! crache Bellamy hors d'elle-même. Les yeux exorbités, les veines qui sortent et c'est tout le démon de l'amour entre Lolita et Bellamy qui s'exprime si crument. Elle hurle Bellamy, comme elle n'a jamais hurlé et voilà ses cordes vocales qui flanchent, craquent et plus rien ne sort que de la salive et ce drôle de grognement, la faisant ressembler d'autant plus à un animal - qui aurait la rage. Lolita maintient l'emprise de son pouvoir psychique sur sa dresseuse. Elle recule d'un pas, décidée. Ce n'est pas quelque-chose de facile à faire et ça lui brise tout son petit être. Mais c'est tellement nécessaire, elle le sait encore mieux maintenant : qu'elle doit exorciser sa dresseuse. Cet amour trop fort. Trop grand. Voilà la main boudinée de Lolita qui part de sa bouche et envoie un dernier baiser à sa dresseuse. Au revoir. Et elle court dans l'autre sens. Sans se retourner. Maintenant le plus longtemps possible son emprise sur Bellamy. Elle pourra la poursuivre mais ne la rattrapera, elle pourra crier au chantage Lolita le sait bien : jamais elle ne cédera à la mort. La vie c'est bien la seule chose que Bellamy aime plus que Lolita. Et de toute façon Pom sera là pour veiller sur elle. Elle pourra tenir le temps qu'il faudra, aussi dur que cela sera. Lolita n'en doute pas, mais.. Elle ne sait pas si -elle- tiendra tout ce temps sans sa dresseuse. La voilà qui disparait. Partie. Adieu. *** Tout son corps tremble. De rage, de désespoir, de honte. Il n'y pas de mots assez fort pour décrire le chaos émotionnel qui la traverse. Posée contre l'Abribus, sous la garde de sa nanmeouie. Elle fixe le vide. Point d'horizon, seul repère qui lui reste. Car elle ne comprend pas. Elle lui en veut tellement de... Juste partir. De l'abandonner. Mais elle s'en veut encore plus : car ça doit être sa faute, non ? Pourquoi tout le monde finit t'il par la fuir ? Elle avait cru naïvement qu'avec Lolita, ça serait différent mais... Maintenant elle se tenait face à un gouffre glaçant de vérité : on est toujours tout à fait tout seul. Les autres ne sont qu'une illusion. Evan, Pillow, Swan, Lolita, Pom et tous les autres... Ils nous font croire qu'ils sont là. Avec nous. Mais ça ne dure jamais. La famille est éphémère, fausse. Elle était toute seule. À chaque instant. C'est comme ça : tu naît tout seul, tu vis tout seul, tu canes tout seul. Pas de fin heureuse, pas de niveaux secrets, pas d'alternatives. Elle était toute seule, pour toujours et à jamais. Là bas, la manifestation semblait enfin se calmait. Comment ? Elle n'en savait rien, elle avait d'autres préoccupations. Mais la silhouette gracile de Lancelot se détacha soudainement d'un groupe et il courut vers Bellamy. La rose le fixe un instant sans rien dire. Pauvre amoureux. Pauvre fou qui ne voyait pas ce qu'elle venait de découvrir. Et c'était à elle de lui annoncer, de lui briser le coeur, maintenant : -Lolita est partie. On est tout seul maintenant. |
Son iPok vibra et Salomé jeta un coup d’œil pour lire la réponse d'Idalienor. Elle eut un soupir, soulagée pour Bellamy de constater que la Soporifik allait bien. Difficile d'en dire autant de la rose qui n'avait toujours pas réagi après ses brèves paroles, toujours plus amorphe au contraire. La foule continuait de s'agiter de son côté, les resserrant peu à peu dans leur étau, comme pour faire écho aux mots de son aînée qui lui conseillait de filer. La rousse se tourna à nouveau vers la Mentali pour mieux lui résumer le sms d'Idalienor :
— Lolita va bien, un certain Ginji la surveille... Elle est censée t'attendre à l'arrêt de bus.
C'était sûrement la chose la plus sensée à faire. Diana le leur avait conseillé mais libre à eux d'agir comme bon leur semblait. La Médecin, elle, ne souhaitait pas traîner plus longtemps dans cette zone de chaos, perdre Algernon une fois avec ce maudit vent lui avait suffi, elle ne souhaitait pas tenter le diable. Elle baissa son bras de manière à récupérer Ankou qui s'entortilla autour de sa peau et fit signe à sa Germignon qui en avait fini de veiller sur Melty de revenir à ses côtés. Se séparer en cet instant était sûrement l'idée la plus stupide.
Toujours prise dans cette mare de manifestants, garder l'équilibre sans être bousculée de toutes parts relevait de l'exploit. Elle se retourna pour s'adresser à Bellamy mais ne constata que son absence. Sur la pointe des pieds, la rousse la cherchait du regard mais mille têtes lui faisaient barrage et elle ne put que s'incliner face au mouvement de foule pour finalement s'isoler sur le côté, loin des bruits et des coups qui commençaient à fuser ici et là.
Au moins tous ses Pokemon étaient-ils à ses côtés.
Mais Bellamy dans tout ça ?
Salomé rebroussa chemin, droit vers l'arrêt de bus plein de tous les étudiants qui montaient en file indienne à l'intérieur, protégés des intempéries de l'extérieur. La rousse y prit place à son tour, faisant partie des derniers à monter alors que les portes se refermaient. Elle avança vers le fond de l'allée, s'arrêtant en apercevant sa mentor, Idalienor, assise auprès d'une demoiselle qui lui était inconnue.
— J'avais perdu Algernon tout à l'heure... Et maintenant Bellamy.
Après tout, la rose n'était pas sous sa responsabilité. Elle se contenta de prendre place, laissant sa tête reposer contre la vitre et essayant d'ôter les dernières traces de boue qui salissaient le plumage de son Picassaut. Mais rien à faire, cela avait déjà trop séché et noyait ses ongles qui s'acharnaient sur ces tâches.
Salomé arrêta, comprenant que seul l'eau pourrait clarifier les plumes de son starter, continuant d'observer l'agitation qui se mouvait en contre-bas, tandis qu'elle et ses Pokemon étaient à l'abri, ici.
Plus jamais de manifestations dans ces rues.HRP :ENFIN LA VOILA ter ! Fin de l'intrigue pour Salomé !
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