Depuis la rentrée, vu que son emploi du temps s'est bien remplit, Charlie a fait du ménage dans ses options. Elle continue de participer aux entraînements des Pyrolis le matin avant ses cours mais elle a quitté l'option Sportive, l'option Art a bien assez d'une seule Passelunes dans ses rangs elle laisse donc Constance leur mettre la misère, et pour l'option Volontaire... même si ça fais bien sur le dossier elle n'a jamais été très impliquée il faut bien l'avouer. Pour ne pas se retrouver sans option et apaiser les demandes de sa mère, elle a décidé de s'inscrire chez les Reporters. Ça lui permet de toujours s'exercer avec son appareil photo et en même temps leurs enseignements de cartographie et de survie lui seront bien utiles chez les Rangers.

En tout cas ce sont les arguments qu'elle a sorti à sa mère. En vérité Charlie s'est juste dit qu'avec une option pareille elle aurait pleins d'excuses pour pouvoir sortir de la monotonie qui a marqué sa première année. Il n'est plus question qu'elle passe son temps enfermée dans sa chambre à faire ses devoirs. Non, cette année elle compte bien découvrir tout ce qu'il y a à explorer sur cette île ! Et il faut croire qu'elle a raison, puisque juste après son dernier cours elle reçoit un message sur son Ipok qui lui dit de se rendre en urgence dans la salle de classe réservée aux Reporters. Le message est juste assez vague pour éveiller sa curiosité et c'est tout sourire qu'elle se rend rapidement vers sa destination.

Là, elle retrouve le professeur Yade qui a l'air encore plus nerveux que d'habitude. Un élève se tient à ses côtés et Charlie s'empêche de soupirer, encore une perche. Pourquoi il y a que des perches dans cette académie ? Mais bon il y peut rien si il est aussi grand qu'un Farigiraf, elle ne va pas lui en vouloir pour ça – enfin pas trop. Dans tout les cas ce qui l'intéresse tout de suite c'est plutôt le professeur et son message urgent.

« Qu'est-ce qu'il se passe professeur ? Vous avez l'air – » d'être sur le point de mourir « perturbé. Le message c'était pour qu'on vous aide ? Avec... »

Elle se tourne vers l'autre étudiant, il lui dit vaguement quelque chose mais elle n'est pas sûre de l'avoir déjà rencontré. Lui aussi doit être nouveau dans cette option. Un sourire sur les lèvres elle finit par lui adresser la parole.

« Désolée je ne crois pas qu'on se connaisse ? Je suis Charlie, Charlie Passelunes. Et toi ? »

Surprise par la révérence de l'étudiant qui se présente sous le nom d'Alistar, Charlie contrôle son visage pour qu'il paraisse totalement neutre alors qu'intérieurement elle est juste morte de rire. Il a l'air sympa mais ses manières princières là c'est trop drôle elle n'arrive pas à le prendre au sérieux. Elle a l'habitude des gens riches, mais pas des nobles. Des révérences elle n'en a vu que dans des films et même si elle hésite un peu, juste pour la blague, elle n'essaie pas d'en faire une en réponse. Au lieu de cela elle se contente d'un hochement de tête puis reporte son attention sur le professeur qui leur explique son problème. Une moue pensive sur le visage, Charlie se demande comment ils vont faire pour garder la bourde de Yade secrète ; c'est un Tropius qu'il a libéré, pas un Granivol. Et puis les Reporters sont pas censés publier ce genre d'histoires justement ?

Son camarade lui n'a pas l'air de se poser ce genre de question et accepte directement la mission. Un sourire sur les lèvres Charlie en fait de même, elle n'est dans cette option que depuis quelques jours après tout ça serait dommage de se mettre le professeur à dos maintenant. Et puis vu la taille moyenne d'un Tropius si celui-ci n'a pas été retrouvé jusque là c'est qu'il a dû s'enfuir super loin, ça va être une vraie aventure pour arriver à le récupérer. Direction le Collectionneur donc, ça fait longtemps qu'elle ne l'a pas vu mais d'après sa jumelle il est tout aussi perché que l'année dernière ça promet d'être amusant. Alors que Charlie commence à fouiller les différentes conversations des Givralis pour essayer d'y repérer la mention d'un Tropius, elle est coupée dans sa recherche par les paroles d'Alistair. Sans s'arrêter dans son chemin elle enlève quand même les yeux de son écran pour les planter dans ceux, bien trop haut, de son interlocuteur. Qu'est-ce qu'il veut qu'elle lui dise de plus ? Elle lui a bien dit son prénom plus tôt ? Elle n'est honnêtement pas trop sûre de comment se présenter plus que ça, enfin si elle voit bien comment faire mais le rapport avec leur mission lui échappe. Mais bon, si ça lui fait plaisir.

« Je préfère marcher en parlant. Comme dit plus tôt du coup je m'appelle Charlie. Je suis chez les TopDresseurs en spécialité Ranger, et je pense aller vers les Pokéathlètes Agent après ça. J'ai deux Pokémons, un Toxizap et un Kraknoix, ils ne sont pas spécialisés en recherche donc je pense pas qu'ils nous soient utiles pour retrouver le Tropius. Sinon je suis dans l'institut Givrali, et ça pour le coup ça pourrait nous aider, il y a des tas de rumeurs qui circulent tout le temps sur leurs conversations donc si l'une d'elles voit un Tropius elle va forcément le partager. »

Oh. Les rumeurs des Givralis, c'est donc de là qu'elle le connaît.

« D'ailleurs tu ne te serais pas pris la tête avec un champion de patin à glace ou un truc du genre ? Je crois avoir vu une photo de vous deux passer sur le fil des Givras... Ah oui et je suis photographe aussi, mais ne me demandes pas de prendre ta photo je ne fais pas de shooting. »

Alors qu'ils sortent du campus Charlie profite de la conversation pour sortir son appareil photo. A force d'être trimballé partout il a hérité de quelques poques ici et là, mais ça reste malgré tout l'un des objets dont la TopDresseuse prend le plus soin, après ses Pokéballs évidemment.

« Je vais prendre quelques photos sur le chemin, hésites pas à me dire si tu ne veux pas être dessus. J'ai mis une alerte sur les mots ''Tropius'', ''ovni'' et ''volant'' dans les conversations des Givras donc si il y a des news de ce côté là je te dirais ! »

Cet été la photographe a commencé à prendre des gens en photos, ils ne sont jamais en premier plan et restent rares dans son portfolio mais elle ne s'interdit plus d'en prendre. Elle n'est pas trop sûre de pourquoi ce changement a eu lieu, elle a juste décidé ça du jour au lendemain, mais ce qui est sûr c'est que depuis c'est devenu beaucoup plus facile de prendre des photos. Alors qu'ils traversent le port pour arriver jusqu'au hangar abandonné où le Collectionneur a élu domicile, Charlie s'en donne à cœur joie et prend absolument tout ce qui éveille son intérêt en photo. Ce n'est qu'une fois arrivés à destination qu'elle range son appareil, juste avant de toquer à la porte du préfabriqué. C'est fou cet endroit a pas du tout changé.

« Collectionneur on peut entrer ? »

Elle attend quelques secondes puis se tourne vers son partenaire, un sourcil levé face au silence qui les accueille. Sa patience mise à rude épreuve la Givrali toque une nouvelle fois et plaque son oreille sur la porte. Il y a définitivement du bruit à l'intérieur mais aucune réponse. Tout en haussant les épaules elle ouvre la porte, de manière un peu brusque il faut bien l'avouer, et se retrouve devant le bazar permanent qu'est l'espace du travail du Collectionneur.

« Désolée on entre ! »

L'approche d'Alistair face au Collectionneur est... euh... cordiale ? Ou pas. Lui qui était si cérémonieux devant le professeur Yade, voilà que son attitude change du tout au tout et Charlie ne sait pas trop quoi en penser. Ça la surprend un peu, évidemment, mais pas vraiment non plus. Elle a bien comprit pendant leur conversation précédente que son camarade n'est pas aussi serviable que ce qu'il veut bien laisser croire. Cachée derrière son appareil photo elle n'a pas montré de réaction, mais sa proposition d'un billet contre une photo n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde, et la suggestion de faire chanter Yade n'est pas passée inaperçue non plus.

Si Charlie n'a rien dit alors, et qu'elle ne dit rien maintenant, c'est qu'elle n'est pas trop sûre de quoi faire des paroles d'Alistair. D'un côté son esprit d'enfant en manque de validation lui donne envie d’acquiescer à tout ce que son camarade plus âgé dit, de l'autre ça lui semble quand même vachement être une pente glissante ce plan. Quand le Collectionneur lui tombe presque dessus Charlie sort de ses pensées et le repousse doucement, tout en tapotant son épaule, gênée. Elle ne sait jamais trop quoi faire des gens qui pleurent comme ça devant les autres, au moins quand elle pleure elle a la décence d'aller s'enfermer quelque part.

Une fois qu'il s'est un peu calmé il enchaîne, et Charlie est une nouvelle fois prise de court. Décidément c'est la journée des surprises, elle a bien du mal à imaginer le Scientifique autre part que dans son préfabriqué alors le voir sortir plein d'objets dignes d'un Indiana Jones la fait complètement bugger. L'image mentale du Collectionneur en pleine aventure à dos de Tropius la fait pouffer jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus se retenir et éclate de rire. Au bout d'un moment elle se calme et enchaîne comme si de rien n'était, avec tout de même un grand sourire sur les lèvres.

« Trop hâte d'utiliser tout ça ! D'ailleurs la Pokéball du Tropius qu'on doit aller chercher c'est vous qui l'avez ou elle a disparue aussi ? Si vous l'avez ça serait pratique pour le ramener ! »

Fouillant à nouveau dans le fouillis qu'est son lieu de travail, le Scientifique définitivement fou ressort d'un tas de papiers une petite boule rouge et blanche d'un air triomphant. Charlie la prend mais doute sacrément du fait que ce soit la bonne... il faut dire que l'organisation du Collectionneur n'inspire pas vraiment confiance. Mais bon, il lui a bien trouvé un super starter après tout. Peut-être qu'il n'est pas si perdu qu'il en a l'air. Un coup d’œil du côté d'Alistair lui indique que pour l'instant il vaut mieux profiter de son statut de demoiselle de service et laisser le gentleman porter le sac, il faut bien que ça lui serve de temps en temps d'être considérée faible et fragile après tout. Et puis comme ça elle a les mains libres pour caresser la fourrure extrêmement douce d'une Goupix beaucoup trop cute.

« T'es pas farouche toi dis donc. » Tout en caressant la starter de son camarade elle hausse le ton en direction de son sac. « Ça me change ! »

Le sac, ou plutôt le Toxizap qui faisait sa sieste dedans, se rebelle et des étincelles crépitent à l'intérieur. Charlie laisse échapper un rire amusé puis se tourne vers Alistair, cette fois définitivement intéressée par sa proposition. Une aventure en pleine nuit comment pourrait-elle dire non ? Reste plus qu'à réveiller son Toxizap pour de bon.

« Elle a un surnom ? J'ai galéré à en trouver un pour mon starter, mais au final j'en utilise plusieurs variations et je trouve que ça lui va bien. Agrey, Ashton, Greymoore, Flemmardise incarnée... ça lui en fait pas mal ! »

Cette fois Agrey sort la tête du sac et saute sur le sol, irrité. Lui ? Flemmard ? Mensonge !

« Oh t'es réveillé Agrey ? Super ça tombe bien ! On va faire une randonnée nocturne ! »

Agrey a comme l'impression de s'est fait avoir, et il n'a pas tort. Profitant de la présence de son starter Charlie sort aussi sa Kraknoix, celle-ci n'est pas très rassurée en présence humaine alors elle passe les journées de cours dans sa Pokéball, mais avec juste Alistair ça devrait le faire. La dresseuse prévient quand même son camarade de ne pas essayer de la caresser si il ne veut pas se faire mordre. Sortant à nouveau son appareil photo elle s'emploie à tenter de le mettre en mode nuit, tant que le soleil n'est pas encore totalement descendu. Après quelques minutes à prendre des photos sans intérêt pour faire semblant d'être occupée, elle laisse enfin sa langue se délier.

« Tu sais tout à l'heure t'as parlé de faire chanter le professeur Yade, mais je sais pas si ça serait très utile. J'veux dire tout le monde sait qu'il est... maladroit ? Enfin ça serait pas vraiment un scoop quoi. »

Est-ce qu'elle tente vraiment de l'en dissuader parce que c'est soi-disant inutile ? Ou est-ce que c'est plutôt pour le bien du professeur ? Difficile à dire, elle même n'est pas trop sûre. Ce qu'elle sait c'est que depuis qu'Alistair en a fait la suggestion elle n'arrête pas d'y penser, ou plutôt d'essayer de se trouver des raisons de ne pas le faire. Les sourcils froncés elle se reprend vite, passe une main dans ses cheveux et sort son Ipok.

« Enfin bon, tu fais bien ce que tu veux ! Les infos des Givralis ont l'air d'aller dans la même direction que celles du Collectionneur, donc vers le Village Suspendu. Par contre il va falloir faire gaffe, apparemment c'est le territoire de Ouisticrams, Chimpenfeus et Simiabraz et d'après les articles ils sont pas super accueillants. Avec un peu de chance ils seront endormis... »

Mais si ils sont bien endormis il faudra être discret, et avec le sac qu'ils se trimballent c'est pas gagné. Pas forcément à cause de sa taille mais plutôt parce que les outils qui sont dedans rentrent les uns dans les autres à chaque pas et créent un boucan pas possible.

« Attends on peut pas continuer avec tout ça si ? Tu peux vider le sac ? Il fait encore un peu jour, autant faire un tri maintenant. »