C'était bon, nous étions arrivés à la prochaine zone. Celle-ci était composée de trois éléments : de l'herbe, un lac et une montagne plus loin. La montagne devait être la porte de sortie, tout du moins, c'est ce que je pensais. Mais elle était sûrement à des kilomètres, et la chaleur était assez étouffante en ce bas monde, il devait y avoir autre chose.

Persuadé que la porte de sortie était dans cette direction, je me mis à filer vers l'Est, là où la montagne sortait de terre. Wish était sur mon épaule et regardait autour d'elle. Je savais ce qu'elle regardait, elle essayait de trouver un chemin qui nous mènerait au niveau de l'accès à la zone suivante, un chemin qui nous ferait pas passer par ce stupide lac reflétant la couleur bleutée du ciel. Cette étendue de liquide ne m'inspira rien de bon, après tout, les choses que nous devions passer pour accéder aux zones suivantes étaient toutes plus farfelues les unes que les autres.

Arrivés au bord du lac, la désillusion gela tout mon corps. L'étendue bleue s'étendait des kilomètres plus loin, si je souhaitais le contourner, j'en aurais pour un sacré bout de temps, et cela m'aurait donc joué des tours. Donc, pour le traverser, je devais le passer, sans le contourner. Maintenant, il me fallait juste des idées pour ne pas tomber dans l'eau. C'est alors que je les vis. Des tas de cailloux humides ressortant de l'eau et formant des monticules semblables à des pyramides. Ils étaient à une assez petite distance, ce qui me permettrait sûrement de passer ce lac assez rapidement. Alors allons-y !

Je regardais les tas de pierres en me répétant pour la énième fois que c'était une très mauvaise idée. Mais comme je ne voyais pas quoi faire d'autre, il fallait bien que je passe, après tout. Alors, je posais mon pied sur le premier tas, puis le deuxième et y apposa tout mon poids. Il semblait résister. Mais c'est alors que les cailloux commencèrent à bouger sous mes pieds. Ils tombaient, il fallait que je me dépêche. Heureusement, chaque monticules étaient à une distance équivalente à une de mes enjambées. Je posai donc mes pieds sur le deuxième tas, puis le troisième, quatrième … Je me retrouvais bientôt à courir sur les cailloux. La proximité avec le liquide aqueux me donnait l'impression de courir sur l'eau, tel un ninja. C'était assez grisant et également assez effrayant de se dire qu'il y avait peut-être des créatures affamées qui attendaient que tu tombes dans l'eau pour ensuite te dévorer. Disons que comme occupation pendant les vacances, on pouvait rêver mieux, même si ce concours était extrêmement plaisant et apprenait beaucoup sur les lois de la nature.

Lorsque mes baskets touchèrent le sol, mon cœur se remit à battre. J'étais à bout de souffle et ne souhaitait que me reposer, mais je n'avais pas de temps à perdre, si bien que dès que je touchais le sol, je me remis à courir, Wish me suivant en sautillant derrière moi. Je voyais la porte de la zone suivante à une vingtaine de mètres, il fallait que je l'atteigne, je devais y arriver.

La porte vers la cinquième zone avait disparue dès que je l'avais franchie, je devais être le dernier à l'avoir passé, ou alors le dernier autorisé à la passer. Mais peu importait, j'avais réussi la zone quatre, autant cartonner dans la cinq aussi. D'ailleurs, cette cinquième zone n'avait rien à voir avec la précédente. Alors que la quatrième zone était un lac où le soleil brillait fortement, ici, nous étions dans une grotte sombre où le vent s'engouffrait en sifflant et en projetant de la poussière sur son passage. Si bien que dès que le vent soufflait, Wish et moi étions obligés de nous protéger le visage contre tout cet amas de saleté.

Je ne savais pas réellement quoi faire dans ces tunnels, alors je me mis à avancer. Après tout, je n'avais eu à faire que ça pendant toute la durée des quatres premières zones, autant tenté le coup, si je perdais un peu de temps, ce n'était pas le plus grave. Enfin, si, c'était le plus grave. Je voulais finir ce parcours, il fallait que j'y arrive, je voulais me prouver que je pouvais le faire par moi-même avec l'aide de mon Pokémon.

Perdu dans mes pensées, je butais dans un immense caillou qui me fit tomber au sol. Après m'être frotté la cheville en jurant à plusieurs reprises, je regardais ce sur quoi j'avais trébuché. Cette chose émettait de drôles de sons qui ressemblaient à de sanglots. Il me fallut un certain temps avant de remarquer que je venais de taper un bébé Racaaillou dont la mère me regardait avec des yeux féroces et remplis de colère. Elle n'avait pas besoin de parler pour me faire comprendre ce qu'elle voulait dire : j'allais passer un mauvais quart d'heure si je ne déguerpissais pas d'ici maintenant. Et je ne me ferai pas prier pour partir. Complètement paniqué, je me levais et pris mes jambes à mon cou. Le Grolem femelle ne sembla pas apprécier que je parte sans m'excuser et se roula aussitôt en boule pour me rouler après. Ces deux mots ne vont absolument pas ensemble, vous ne trouvez pas ? En tout les cas, une Grolem me suivait avec une vitesse beaucoup trop rapide pour mon corps de simple humain, je n'arriverais jamais à la semer. Mais j'étais confiant, j'allais sûrement trouver la porte de la sixième zone d'ici peu de temps, et ainsi permettre à cette Grolem d'arrêter de me coller aux baskets.

Je tournais à gauche, pensant que le Pokémon n'arriverait plus à me suivre, mais j'avais tort. L'énorme caillou s'engouffra avec une facilité déconcertante dans le tunnel, si bien qu'elle sembla même prendre de la vitesse. Wish avait beau lui dire des tas de choses en Pokémon, elle ne semblait rien écouter, trop occupée à me poursuivre pour avoir trébucher sur son fils. Mais, était-ce ma faute si il s'était tenu devant mes pieds dans cette grotte si sombre ? Bien sûr que non, vous êtres d'accord avec moi ! Mais allez dire ça à la mère, vous savez, le genre de mère qui est prête à vous tuer pour avoir juste oser regarder son fils de travers, oui, ce genre de mère !

C'est alors que, m'engouffrant dans un autre couloir, je la vis. La porte ouverte devant moi. Il falalit que je l'atteigne. Malgré la protestation à grands cris de mes jambes et de mon cœur, j'accélérai l'allure et passais la porte, laissant Grolem et ses cris derrière moi.