Meredith n’est pas compliquée à comprendre, il suffit juste de se dire qu’elle est un énorme pansement qui colmatera toutes les blessures ou une grosse éponge prête à absorber les malheurs d’autrui. Bien entendu, elle aussi peut avoir ses moments de faiblesse, mais elle s’efforcera toujours de garder le sourire même dans lorsqu’elle se sent au plus bas. Ses yeux luisent de flammes de volonté, force et endurance sont ses maitres mots, Meredith est prête à en découdre avec la vie, car son destin est entre ses mains.

Cependant, prenez garde, s’il lui arrive d’être de mauvaise humeur… Évitez son passage, ne lui adressez pas la parole ou c’est le regard noir assuré voire même peut-être le clash. Un peu tête en l’air, elle préfère rêvasser, se perdre dans les méandres de son subconscient et voguer sur les mers de ses pensées. Ce qui lui vaut souvent d’être rappelée à l’ordre par les professeurs. Pourtant son carnet de notes est irréprochable. Un parcours respectable, elle n’est ni la meilleure ni la pire, mais se classe malgré tout dans les grosses têtes. Le chemin qu’elle a choisi n’est pas le plus facile et elle donne tout ce qu’elle a pour réussir et montrer que quand on veut, on peut. Tout le monde peut y arriver s’il s’en donne la peine.

La bizarre, mais néanmoins chaleureuse Meredith aime particulièrement la cuisine. Préparer de bons petits plats est son deuxième passe-temps favori. Le premier étant de rêver. Quand le moral est au plus bas, un repas chaud et fait avec amour ne peut que revigorer. Mon dieu, on dirait une vieille Tata qui parle... Il n'empêche que la nourriture confectionnée par notre chef cuistot est parfois meilleure à manger qu'à regarder. Qu'à cela ne tienne, on mange avec la bouche et pas avec les yeux. Le dessin et le chant sont aussi de ses passions, mais l'un est chronophage, l'autre n'est vraisemblablement pas son point fort. La voix cristalline de Meredith devient abominable une fois agrémentée de musique. Allez savoir comment cela se fait, ça reste incompréhensible.

Pour finir ce tour de présentation sommaire de ma chère fillette, elle aime écouter du rock. Son style plutôt décalé avec sa personnalité la rend presque inabordable, mais sa joie de vivre et sa gaité annulent tous les effets négatifs. Bon, pour être honnête il y a bien une chose, ou peut-être plusieurs qui énervent notre soleil... UN: L'infirmière Joëlle. Avec ses sourires faux et ses couettes, Meredith à juste envie de lui attacher et de la pendre avec... Cette violence dans ce corps si bon et pur. Voilà sa Némésis, sa pire ennemie et elle la combattra de toutes ses forces. DEUX: L'injustice et l'irrespect. Gare à tes fesses si jamais Meredith te vois faire quelque chose qui ne lui plait pas. Malgré toute la bonté de son coeur, elle a un Master en cassage de dents. Ahem... Je n'en dis pas plus, à vous de jouer maintenant car cette année risque d'être forte en remue-ménage et en chocolat !!

Dans l’air frais d’Azuria flottait une odeur saline. Les effluves iodées de la mer s’infiltrait dans mes narines et me vivifiait. Ce matin s’annonçait doux, calme et une promenade dans le village me fit le plus grand bien jusqu’à cet instant précis…  Alors que j’arrachais une énième affiche de cette insupportable infirmière, un soupir franchi la barrière de mes lèvres. Pourquoi fallait-il que l’on colle son visage partout sur les murs du village ? N’avait-on pas assez de la voir dans ce centre pokémon ? Son sourire faux et ses couettes horribles, comment avait-elle pu devenir égérie ? Je me posais sans cesse cette question comme une litanie sans fin. Pourquoi cela m’obsédait tant ? Je me le demandais aussi. Peut-être parce que cette femme sans scrupules n’avait fait que devenir le visage sur lequel on posait les yeux en associant directement les soins à nos chères créatures, nos amis les plus précieux. Et pourtant derrière des milliers d’hommes et de femmes travaillent chaque jours pour trouver de vaccins, des remèdes, des potions afin de soigner les Pokémons. Il était impensable qu’elle seule représente ces personnes extraordinaires avec son faciès de tru…

Le poing brandi et la veine temporale pulsant en symbiose avec mon rythme cardiaque, j’attirais l’attention sur moi. Je pris une grande inspiration et relâchais la pression, je commençais à rire bruyamment. Rassurés, les gens se dispersèrent comme des électrons libres. Une voix railleuse me fit sursauter. Un brin moqueuse et surtout usée par les années de hurlements contre les garnements, ma Grannythé de son vrai prénom Thérèse, me railla.

« Et bien, où est passée ta bonne humeur légendaire ma petite ? Laisse donc cette chipie et vis ta vie, de toute façon, elle se fiche bien de ta personne alors laisse tomber, Mimi. Tu vaux tellement mieux que ça. »


Ma grand-mère était la prunelle de mes yeux, elle qui m’avait élevé depuis le départ de mes parents. Dresseurs et éleveurs de Pokemon, ils avaient gagné une formation de 10 ans pour faire le tour du monde et apprendre toutes les nouvelles techniques d’élevage et de soins. Bien entendu malgré leur fille, ils avaient sauté sur l’occasion et je ne leur en voulais pas du tout. Pour être honnête si j’avais été plus grande, je les aurais tannés pour les accompagner. Malheureusement je n’avais que 5 ans. Bercée dès l’enfance avec les Pokémons, je vivais et prenais soin de ceux que notre élevage recueillait. Ma grand-mère était justement de ces personnes que j’admirais et qui soignait ces créatures avec un amour et une bonté sans limites. Elle les veillait toutes la nuit quand ils étaient malades, les berçaient comme ses propres enfants et s’abandonnait totalement à leur bien-être. C’était après avoir assisté à une scène, la reconnaissance du petit salamèche, le bonheur du travail accompli et la satisfaction de la santé récupérée du petit être, ma Grannythé semblait heureuse et paisible. Des étoiles avaient brillés dans mes yeux. Moi aussi je deviendrais une soigneuse. J’avais 6 ans.

« Grannythé !! Tu m’as fait peur. Mouais, je sais… Mais tu connais ma façon de penser. Ça reste injuste pour toi et tous les autres que ce soit elle … »

« Mimi, fais-moi plaisir et reprend ce sourire que j’aime tant. La grimace ne te sied pas. Et pour l’amour du ciel, lâche cette affiche. Oh et encore une chose, il n’y a plus de cookies… J’ai tout mangé. »

Stupéfaite, j’éclatais de rire après la dernière phrase. C’était un vrai estomac sur pieds. J’essuyais les larmes qui dévalaient mes pommettes tant mon amusement était à son paroxysme. Décidément, ma grand-mère c’était quelqu’un.

« Même pas un petit dernier ? Bon j’ai compris je vais t’en refaire. Tu es vraiment un ogre. »– Alors que nous commencions à marcher en direction de la vieille bicoque qui faisait aussi office de cabinet médical, j’ajoutais. – « Merci Grannythé. Je t’aime tu sais. »


La brochure de la Pokemon Community au centre de la table, Thérèse d’un côté, assise les mains croisées et le menton posé dessus semblait sonder sa petite-fille. Debout face à elle les poings sur les hanches et le visage fermé, je soutenais son regard. Il était hors de question que je la laisse seule. Je n’allais jamais l’abandonner, elle qui comptait plus pour moi que n’importe qui, et surtout pas pour aller dans une école aussi éloignée. Et pourtant les arguments que cette tête de mule avait avancés étaient d’une pertinence piquante. Bien évidemment je voulais m’améliorer, développer mes talents de soigneuses, d’éleveuses, pouvoir sauver nos amis. Résolue, je lui adressais un sourire mêlant tristesse de devoir la quitter et malice de voir à quel point elle était persuasive.

« Tu es si agaçante et à la fois tellement douce et attentionnée. Comment je vais faire là-bas sans toi pour veiller sur moi ? Et tes remontrances ? Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu m’appelles, tu envoies un Passerouge mais je veux être au courant. Tu vas me manquer Grannythé. »

« Toi aussi ma Mimi tu vas me manquer mais tu vas voir, l’école c’est formatif, moi je ne te donne pas assez de tuyaux, tu viendras m’apprendre à ton tour les nouvelles techniques et les nouveaux sérums. Je compte sur toi !! Et puis, tu n’es pas mon rayon de soleil pour rien. Casse la baraque ma chérie !! »


Ce fut sur ces mots que j’étais partie rejoindre cette académie. Le trajet n’était pas aussi long que je le pensais et je fis la connaissance de plusieurs personnes se rendant également à la Pokemon Community. La vie estudiantine me tendait les bras et j’allais plonger dedans sans peur. Après tout, je suis déterminée et les perspectives d’apprentissages me motivaient. Ma soif de découverte, d’en savoir plus sur ces petites créatures, j’étais dans l’expectative. Bon, la réputation du campus n’était plus à faire et j’ouïe dire que certains dortoirs abritaient des fous à lier. A ces mots un immense sourire s’esquissa sur mes lèvres. Les années promettaient d’être riches en rebondissements !! J’avais hâte !!