Adam a un visage longiline et fin. Il est particulièrement menu : élancé et frêle pour son âge, ses traits d'enfants commencent à devenir des traits d'homme. Son angélique sourire ne saurait dessiner la moindre ride précoce. Ses cheveux indisciplinés ne sont pas la grande priorité de sa vie, encore moins les vêtements dont il s'accommode tous les jours. Une certaine tendance à aimer les chemises le condamne à sacrifier de son temps libre pour le repassage mais la liberté de mouvements que peuvent offrir les vêtements est le plus important pour lui. Aucun pantalon moulant ne viendra lui galber les jambes (rappelons d'autant plus qu'il s'agit d'un garçon), aucun haut ne moulera ses muscles plats et relativement peu développés. Par ailleurs il est important de noter qu'il a la fâcheuse manie de porter des chaussettes toujours dépareillées et de se vêtir, tel un oignon, de plusieurs couches de vêtements étant donné la frilosité intense dont il est maladivement atteint.

D'une taille moyenne, on ne le remarque pas dans la foule par son physique : c'est plutôt son large sourire qui est contagieux et que l'on aperçoit de loin. Comment quelqu'un d'aussi taciturne peut-il être si souriant ? Il s'agit de sa façon personnelle de ne pas repousser les gens : habitué à être mit de côté à cause de son caractère solitaire, il a prit l'habitude de sourire pour paraître plus avenant. Son petit nez aquilin et son beau sourire lui facilitent cette tâche. Ses yeux marrons pétillent de curiosité lorsqu'un sujet attire son attention ; ils peuvent parfois se froncer aussi lorsqu'il est en colère mais la plupart du temps, ils affichent une monotone flegme et égale tous les jours. Sa petite constitution lui donne une allure enfantine mais ses muscles sont élancés et commencent à se forger : il a cette anatomie frêle mais souple, qui lui permet d'être à l'aise dans de nombreuses disciplines sportives notamment au saut et au volley.
Cette jeune et sauvage tête brûlée a bien du mal à s'intégrer rapidement parmi les autres : deux jours ne lui suffisent pas pour les apprivoiser. Ajoutons même que ces autres n'apprivoiseront pas le jeune homme en deux jours, ni même en six mois. Adam peut accorder sa confiance et son amitié aux autres mais il est prudent et sélectif dans ses choix. Une façon comme une autre pour ce grand sensible de se protéger des conflits, des relations à autrui qui tournent mal ou pire encore, du rejet qu'il vit comme une injure. Il ne juge jamais les autres sur ce qu'ils font ou pensent : la plupart du temps parce qu'il s'en désintéresse totalement mais aussi parce qu'il n'en comprend pas l'utilité. Il agit lui-même par instinct et par envie et ne supporterait pas qu'on le contredise ou qu'on l'empêche de faire ce que bon lui semble. L'autorité n'a que peu d'efficacité sur lui, dogmes extérieurs que l'on tente de lui imposer ou simple bon sens commun : de sourire angélique à sourire carnassier, Adam ira jusqu'à réfuter tout ce qu'on lui inculquera de force par malin plaisir.

Il n'a que quinze ans mais montre déjà un réel désir d'indépendance et de volonté. Entouré depuis l'enfance de trois sœurs et un frère, Adam est le cadet d'une famille nombreuse et aussi l'enfant le plus effacé de la famille. Très entouré par ses aînés, il n'a pourtant jamais été l'enfant énergique et extraverti à l'image de ses sœurs : sa nature flegmatique, déjà, prenait le pas sur son enfance. Il a continué de grandir avec ce caractère calme et observateur : Adam aime davantage écouter les autres plutôt que de parler de lui. Observateur, il regarde ce qu'il se passe autour de lui sans forcément prendre part à la situation. Il a un don certain pour esquiver les autres lorsqu'il ne veut pas être mêlé à la foule : les activités de groupe ne sont pas faites pour le rassurer. Le jeune homme combat parfois mal sa timidité et a du mal à rester trop longtemps au contact des autres à l'exception de ses amis proches auxquels il a accordé toute sa confiance depuis qu'il les a apprivoisés.

Adam a quinze ans, est né un douze janvier et a vécu tout ce temps à Carmin-sur-Mer dans la région du Kantô.

Il s'entendait bien avec le libraire de la ville et aimait se rendre près de l'océan tous les jours où il laissait  la jeune Miaouss de la famille se balader dans les rochers. Habitué depuis l'enfance aux pokemon, il cherchait un moyen depuis quelques mois pour partir de sa ville et s'éloigner de sa famille. L'une de ses aînées, Danaé, l'a poussé à s'inscrire à l'académie pokemon de l'île Lansat. Depuis quelques mois l'atmosphère à la maison est devenue différente : le petit havre de paix a été considérablement chamboulé lors du départ du père. Isaac était un homme actif malgré ses cinquante années révolues : agent de carrière, il avait l'habitude de faire des missions dans le Kantô mais jusqu'à présent il en était toujours revenu. Sa femme ne s'était pas autant inquiétée depuis longtemps : c'était la première fois qu'il ne revenait pas d'une simple ronde de reconnaissance. Il avait été envoyé dans les alentours de Lavanville il y a plus d'un mois et avait cessé de donner des nouvelles seulement deux semaines après le début de mission. Une simple reconnaissance, un simple tour dans la région pour vérifier si tout était en ordre. Aucun des membres de la famille Miller n'avait la moindre idée de ce qui avait bien pu se passer, le père n'était pas du genre à s'attirer des ennuis. D'une nature sociable, il était apprécié de ses collègues et ne posait que rarement problème à ses supérieurs, de plus ils ne lui connaissaient aucun ennemi.

2 mois passèrent ainsi dans l'attente et dans l'angoisse. Le quartier général était inefficace. Adam et sa sœur aînée, Danaé, restèrent à Carmin-sur-Mer pour s'occuper de leur mère. Zac et Thia, les deux autres aînés, étaient partis eux-mêmes sur les traces de leur père pour tenter de le retrouver. Ils étaient tous deux des dresseurs de pokemon, ils s'étaient organisés ensemble pour partir et fouiller les grottes alentours de l'endroit où leur père avait disparu.

4 mois après, la situation commençait à devenir hors de contrôle à Carmin : Zac et Thia étaient rentrés bredouilles sur la piste de leur père mais avaient malgré tout trouvé l'un de ses pokemon dans une grotte dans les alentours de Lavanville. Celui-ci avait continué à chercher son maître en vain également. Le QG avait trouvé une piste entre-temps : d'autres agents avaient disparu, ils en comptaient quatre en tout. Ils avaient été contacté par un groupuscule semblant appartenir à une organisation criminelle encore inconnue : leurs motivations, leur possible affiliation à une autre organisation, ce qu'ils voulaient... le premier message qu'ils avaient adressé au qg ne stipulait pas de rançon pour les otages. Pour l'instant, tous restaient dans le flou.

Pendant tout ce temps, Adam soutenait sa mère qui faiblissait de jour en jour. Elle connaissait son mari depuis plus de trente longues années et s'était tant habitué à sa présence qu'elle en avait perdu le sommeil, parfois l'appétit. Elle ne se laissait pas abattre et continuait de prendre soin de son cadet resté près d'elle mais son sourire jadis si rayonnant n'était plus que l'ombre de lui-même, noyé dans la mélancolie et le chagrin. Elle était infirmière et continuait d'aller soigner ses patients jour après jour tout en croisant vivement les doigts pour ne jamais voir son mari débarquer sur une civière. Elle faisait tout pour se concentrer sur son métier, son foyer et ses enfants. Femme forte, elle était sur le point de craquer mais retenait ses larmes pour ses rares moments de solitude qu'elle s'accordait. Adam quant à lui avait l'intime conviction que son père était bel et bien vivant et aucun des enfants Miller ne remettait cela en cause. Il aurait voulu voir sa mère plus heureuse ces derniers temps, d'autant que son départ était imminent et qu'il la laisserait seule derrière lui.

C'était il y a quelques mois, lorsque Danaé lui avait trouvé ce qu'il cherchait en vain dans le Kantô : une académie qui l'éloignerait d'ici pour lui faire découvrir de nouveaux horizons. Elle lui avait tendu le dépliant de l'académie pokemon de l'île Lansat, ce qui à coup sûr le dépayserait et lui permettrait d'exprimer enfin plus librement son grand désir d'indépendance. Malgré le fait qu'une école, ce n'était pas spécialement ce qui l'emballait le plus...

« Non merci, y'a plein de gens dans ces endroits. »

Sa sœur prit la brochure pour l'en frapper.

« Tu seras obligé de prendre le ferry pour aller là-bas et tu ne peux revenir qu'une fois par an ici. Dis merci, espèce d'idiot. »

Il n'aurait jamais imaginé qu'entre-temps la situation ne dégénère ainsi. Malgré tout le dossier avait été envoyé, sa sœur s'en était assuré à sa place, et le temps était venu pour lui de faire les choses comme il l'entendait, enfin. Le jeune homme aurait souhaité voir son père de retour avant son départ, s'éloigner de cette situation ne la rendait pas moins compliquée ni stressante à ses yeux.

Danaé était l'aînée des quatre enfants et celle qui avait le caractère le plus optimiste. L'écart d'âge avec ses frères et sœurs l'avaient rendu responsable : elle se souciait beaucoup de son cadet notamment. Elle avait choisi l'académie la plus éloignée de leur maison afin de préserver Adam d'un climat trop négatif : elle voulait le voir s'épanouir loin de cette atmosphère tendue qui recelait plus de secrets qu'il ne s'en doutait. Elle préféra cependant ne rien lui dire et insista quelques temps sur cette histoire d'école malgré le fait que son frère était un indécrottable introverti. Le jour arriva où elle envoya son dossier pour l'inscrire, puis il monta à bord du ferry, sa mère lui faisant signe, l'air triste mais soutenue par Danaé à ses côtés. Il salua sa mère avec un sourire timide et adressa un clin d’œil à son aînée : la croisière se passa sans encombres.
Il allait falloir s'habituer à fréquenter beaucoup d'autres gens coincés entre quatre mur. Il allait falloir être sociable, souriant, aimable. Tout cela lui donnait la nausée d'avance. Heureusement l'île qu'il avait aperçut tranquillement depuis le bateau lui mettait du baume au cœur : l'endroit paraissait bien plus sauvage que sa ville natale, bien plus vert. Il savait déjà que si l'Académie ne lui plaisait pas, il trouverait bien le moyen de perdre son temps en visitant cette île et ses environs.