A la mention de la pokeball du pokemon de Mirko, Itzan sent sans mal le regard accusateur d'Ash sur lui. Oui le bleu a perdu celle de Doudou, donc impossible d'user du même stratagème. De toute façon ce n'est pas comme s'il était devenu fou dangereux ou violent. Non rien de tout ça. Il mâchonne juste son morceau de cristal sans rien dire dans la capuche de son dresseur. Presque son attitude normale, si on oublie le cristal. Et le Noctali n'a pas rappelé son pokemon non plus. Tant qu'ils peuvent gérer comme ça, inutile de s'inquiéter pour les pokeballs.
— C'est surtout que tous les pokemons ne réagissent pas pareil. C'est là que ça devient dangereux. Tant que Doudou reste comme ça moi ça me va, mais tu devrais faire gaffe à ton pokemon Mirko, ça a pas l'air d'être la même.
Doucement, le plan se met en place et l'option de suivre son référent est celle préférée par le petit trio. Comme dit, le gitan n'est pas très proche de lui, mais ce n'est pas un tyrannique. Avec lui, ils ont des chances de rentrer en un seul morceau. Pour la partie sympathie, il a Belladonna avec lui, ça suffira plus que suffisamment. Surtout que la référente des Mentalis donne l'impression d'avoir pris un peu tous les élèves sous son aile telle la marraine un peu trop expressive de la famille. En attendant, l'initiative du garçon ne semble pas avoir porté ses fruits, Vidar continuant de souligner le fait qu'il ne comprend rien. Tant pis, au moins il aura essayé. Le Voltali range l'appareil électronique dans sa poche avant de répondre au rouquin.
— Doudou n'est pas très loquace. C'est à peine s'il communique avec les pokemons qu'il connait très bien alors bon le transformer en traducteur géant ça me parait difficilement réalisable. Et puis là il est complètement à fond sur son bout de cristal. L'inscription forcée ? Ah oui ça c'est parce que selon mon référent j'ai mis trop de temps à choisir une spécialité. Du coup il l'a choisi à ma place. Du coup fait pas la même connerie que moi et inscris-toi quelque part si tu sais ce que tu veux. Ca serait dommage d'atterrir dans une filière qui ne te plait pas.
Bon Itzan dit ça, mais le fait que Leon Nahr choisisse à sa place n'était peut-être pas une si mauvaise idée. L'homme a l'air de l'avoir fait en connaissance de cause, en tout cas en analysant les points forts et les points faibles du garçon. Et même si la générale Jackie est une sacrée folle, ses cours ne sont pas inintéressants et font beaucoup plus sens pour lui que les cours de stratégie dispensés par Magnus Uzan. Peut-être que finalement, c'est dans cette filière là que sa scolarité sera la moins pénible. Avant de suivre le groupe mené par son référent, il s'adresse de nouveau aux garçons.
— Tu devrais faire vraiment gaffe avec ton pokemon. Vu l'état de tes bras, il n'y est pas allé de main morte. Et si ça se trouve on va tomber sur pire en allant là-bas. Pour toi Ash tout est ok ? Bon Vidar tu ne nous comprends toujours pas mais sinon ça va ? De toute façon est-ce que tu vas me répondre...
Arrêtant de parler pour ne rien dire, l'espion en herbe rejoint le cortège en charge de la piste des Strassies. Rapidement, le groupe s'enfonce dans la forêt, sous les yeux attentifs et protecteurs des professeurs, ne souhaitant surement pas un tel débordement comme l'a connu le dernier grand évènement catastrophe de la Pokemon Community. Le marécage n'est pas l'endroit le plus facilement praticable, et ce n'est pas comme s'ils avaient eu le temps de se changer entre temps. Mirko incendie le professeur de question sur la piste que les élèves suivent, sans apporter de réelles réponses. Le bleu se contente d'échanger des oeillades avec son ami, s'assurant que tout va bien de son côté aussi. Pas question qu'ils soient séparés, ils n'ont aucune idée de ce qui va leur tomber dessus.
En parlant de tomber dessus, c'est le cri du rouquin qui alerte le petit trio, puis le groupe tout entier. Des bogues par dizaines sont en train de leur tomber dessus, ou plutôt de leur être lancé dessus ! Par réflexe, le bleu sort vite Doudou de sa capuche et se penche en avant pour faire rempart avec son dos, s'assurant que son pokemon ne soit pas blessé. Si évidemment la créature rose s'est mise à pleurer, elle ne lâche pas son cristal. Certains pokemons commencent à se rassembler pour protéger les élèves. Ceux des professeurs bien sûr, mais aussi ceux des élèves, comme le Mr Mime de Mirko, capable pour l'instant de les défendre.
Le gitan profite d'une ouverture pour se redresser un peu, faisant l'état des lieux du groupe.
— Ouais ça va pour l'instant. Granny nous a bien aidé merci. Mais si on reste là sans bouger on ne va pas avancer. Hey mais Doudou qu'est-ce que tu fais ?!
Le Toudoudou lâche subitement son cristal vert avant de se jeter sur la carapace de Vidar, se collant à lui de tout son être. Sans la précipitation, le garçon plonge ses mains dans la boue pour rattraper l'objet précieux juste à temps avant qu'il ne devienne introuvable. On dirait que son compagnon a changé de cible, câlinant désormais la petite tortue.
— Désolé Vidar, mais j'ai l'impression que la pierre a des effets étranges sur Doudou. Je la garde au cas où mais pour l'instant tu dois te le coltiner. Enfin bon je dis ça, mais tu comprends certainement rien à ce que je dis.
Le problème, c'est que les bogues ne s'arrêtent pas et pire commencent à devenir plus violent. Parfois glacé, parfois brûlé, il va y avoir des blessés si cela continue. Pas le choix faut y aller comme dirait le générique de Prison Break.
D'un geste, le garçon tire bien les manches de son sweat jusqu'à son poignet puis serre au maximum le cordon de sa capuche afin qu'elle se resserre complètement sur sa tête. Il a clairement l'air débile, mais ça protègera son crâne et ses cheveux si jamais d'autres bogues devaient lui tomber dessus. Juste avant de filer, il s'adresse aux deux garçons.
— Je suis plutôt bon pour grimper aux arbres. Je vais vite monter pour voir ce que c'est. Doudou ne peut pas se battre mais si j'obtiens la bonne information, il y aura surement quelqu'un dans le tas qui aura le bon pokemon pour contrer nos assaillants. Oui promis je fais attention à moi pas besoin de le dire. Ash je te confie Doudou, enfin je le confie à Vidar surtout. Par contre écoutez moi parce que je reste pas 50 ans là-haut, je ne suis pas suicidaire non plus.
En souriant, le garçon sort du groupe et s'attaque à un tronc d'arbre situé non loin du chemin sur lequel ils étaient. En quelques mouvements, il ne devrait pas avoir trop de mal à se hisser assez haut dans les feuillages pour découvrir l'identité de leurs agresseurs. Plus qu'à espérer qu'il ne crame pas d'ici là. Sinon il est bon pour se jeter dans l'eau boueuse. Ca fera peut-être un bon masque pour la peau qui sait.
Itzan avait beau essayé d’esquiver un peu comme il peut les multiples projectiles dans sa direction, il s’en est tout de même reçu quelques-uns dessus. Il voit bien que d’autres élèves essaient aussi de les détourner, mais ce n’est pas suffisant face à l’immense masse qui s’abat sur eux. Cependant, sa grimpette aura au moins eu le mérite d’y voir plus clair, et de lui permettre de crier à l’attention du reste du groupe.
Ce sont des Férosinges ! C’est eux qui nous jettent des trucs dessus !
Aussitôt dit, les professeurs se mettent en place et lancent des attaques coordonnées pour tenter de mettre fin au chaos ambiant. Même si le bleu n’y connait pas grand-chose, il voit bien qu’ils ont l’habitude de se battre et de résoudre des situations difficiles. Ils sont parfaitement coordonnés et en quelques mouvements, ils éloignent le danger avec brio. Bloqué en haut de l’arbre, recevant de temps en temps des coups lui faisant un peu mal tout de même, il essaie de lire quelques informations sur son Ipok pour aider les autres. A défaut de riposter lui-même, il peut bien faire office de support.
***
L’apprenti agent masse douloureusement ses bras, continuant de marcher avec le groupe. Il a surement des bleus partout, mais il n’a pas osé soulever les manches de son pull pour le vérifier. Tout ce qu’il sait, c’est que ça fait quand même un peu mal. Il doit bien avoir un tube de crème quelque part dans les affaires de sa mère. Au pire, il ira le piquer lui-même à l’infirmerie. Pas comme si le médecin en charge des lieux était très présent de toute façon.
Sur leur route, ils ont fait la rencontre de tout un groupe de Strassie, eux-aussi bien amochés. Ils ont surement été pris pour cible par des pokemons subissant l’effet des cristaux, et ce n’est pas beau à voir. Mais eux, n’ont pas l’air très agressif en comparaison. Peut-être que les cristaux qu’ils portent naturellement dans leur corps les immunise à une alteration de leur comportement par rayonnement cristalesque ? C’est sans doute un peu tiré par les cheveux. Tout de même un peu intrigué, Itzan profite de l’arrêt du groupe pour demander à Ash et Mirko.
— Vous avez des hypothèses vous sur ce qu’il se passe ? J’ai suivi mais j’avoue que j’ai vraiment du mal à comprendre.
Le gitan jette un œil à son compagnon, toujours sur le dos de Vidar en train de le câliner. Même si le chanteur n’est pas habitué à le voir comme ça, il est au moins content qu’il ait jeté son dévolu sur le pokemon de son meilleur ami qu’il sait digne de confiance. Quoi que, ce n’est pas comme si le Tortipouss comprenait quoi que ce soit de ce que les humains lui disaient depuis le début de cet après-midi. Le garçon soupire. Tout est décidément trop compliqué.
***
Comme si les choses ne pouvaient pas être pires. Alors que le groupe arrivait enfin au bout du chemin pour remonter la piste de ces événements étranges, ils se sont tous retrouvés entourés par des Galopas de Galar, enragés. Eux aussi sont forcément affectés par les cristaux. Sans réfléchir, le garçon récupère dans ses bras Doudou qui naturellement proteste. Mais, décidé à ne rien lâcher, le Voltali lui caresse la tête avant de lui expliquer.
— Cela risque de s’agiter Doudou c’est pour ça que je te reprends. D’ailleurs, tu penses que tu pourrais utiliser ta capacité Voie Enjoleuse ? Ça aidera surement nos camarades.
Malgré son obsession dévorante pour Vidar, le type fée semble réussir à se concentrer, mesurant l’importance de la situation. Entre ses mains, le gitan sent son compagnon se charger en énergie. Il ne sait pas si cela sera vraiment efficace sur les pokemons enragés, mais il peut au moins essayer.
Dès l’instant où Itzan a prononcé ses consignes pour Doudou, il aurait du se douter que cela serait une très mauvaise idée. Pourtant, maintenant c’est trop tard, les choses sont faites. Ce n’est pas la première fois que le bleu voit son partenaire utiliser cette capacité. A plusieurs reprises, elle a même fait ses preuves dans des situations que le Voltali croyait perdu d’avance. Mais à chaque fois, cela se passait en un contre un, et toujours appuyé par ses camarades.
Aujourd’hui, la situation n’a rien à voir.
Car même s’il sent bien que la capacité de type fée a touché les Galopas en colère, les dégâts infligés sont infiniment minimes. Fini le chaos par confusion, place à trois pokemons encore en colère qu’auparavant, et près à charger. Et, avec terreur, il constate qu’aucun des autres élèves n’a suivi immédiatement l’offensive, et que les professeurs sont bien occupés à autre chose.
Son regard croise ceux des Galopas, gorgés de rage, et ses pieds n’ont pas le temps de bouger du moindre millimètre que déjà, ils se mettent à charger. En quelques secondes, il sent une drôle d’énergie gagner la zone, mais surtout les 3 pokemons se rapprochent et chargent sur lui à une vitesse affolante. Il aurait surement pu courir, essayer d’esquiver tout en tenant Doudou, mais rien à faire. Tout va trop vite. Et il ne gère plus rien du tout.
Les sabots des Galopas se hissent dans les airs et s’écrasent sur le garçon et son pokemon, tous deux terrifiés. Puis les trois chevaux fées les plaquent sur le sol sans ménagement, avant de reprendre leur course. Complètement recroquevillé sur lui-même, Itzan tente de protéger Doudou comme il le peut, prenant le plus de coup pour lui. Les sabots s’écrasent avant de s’éloigner, laissant le corps du garçon étalé sur le sol, complètement meurtri par les coups.
Il hurle à la mort mais le garçon n’en a que faire. Encore conscient, il parvient tout juste à se faire rouler le long du chemin pour s’écarter de la trajectoire, avant de petit à petit détendre ses muscles, et constater l’horreur de la chose.
Doudou ne pleure plus. Il ne gémit plus. Il ne gigote plus.
Il est juste là, oscillant entre la conscience et l'inconscience.
Le gitan sait ce qu’est un KO. On lui a expliqué plusieurs fois ce concept en cours. Et si le gitan avait été un tout petit peu plus calme, il aurait su qu'effectivement, même si Doudou est mal en point, il n'est pas KO. Mais là, le bleu n'arrive plus du tout à faire la part des choses, et surtout à imaginer une autre hypothèse.
Itzan voudrait qu’il pleure, comme il le fait toujours. Qu’il se blottisse tout contre lui pour ne pas à avoir à affronter le regard du monde.
Il voudrait son pokemon comme avant.
Mais il n’a rien de tout ça. Il n’a que son pokemon gravement blessé au creux de ses bras.
Immédiatement, la gorge du garçon se serre, et les larmes montent avant d’inonder ses joues. Probablement que son corps pleure de douleur. Mais c’est surtout son esprit qui crie à la panique, qui ne sait plus quoi faire, qui est terrorisé.
Toujours allongé à même le seul, recroquevillé sur lui-même, chaque muscle de son corps tendu à son maximum pour lutter contre la douleur, il murmure à son pokemon.
— Doudou s’il te plait. Reste réveillé. J’ai peur sans toi. Je suis désolé. Je suis vraiment désolé Doudou. Doudou je suis nul…Je t’ai fait du mal…Doudou j’ai peur s’il te plait…
D’un point de vue purement extérieur, Itzan n’a probablement jamais eu l’air aussi misérable. Allongé sur le sol, tenant contre lui son pokemon, il pleure encore et encore, terrassé par le poids de la culpabilité d’avoir fait subir une telle chose à Doudou, mais aussi accablé par la douleur physique qu’il ressent depuis que lui-même a subi de plein fouet cette capacité écrasement.
Itzan n’a jamais été élevé dans l’idée qu’un garçon ne devait pas pleurer. Au contraire, les femmes de son clan lui ont toujours dit d’accueillir ses émotions comme il les ressentait, sans chercher à lutter avec acharnement contre elle. Probablement l’un des avantages à vivre dans un clan matriarcal. Ou en tout cas c’est comme ça qui le perçoit. Sa maman lui disait que pleurer signifiait simplement qu’on gardait en nous trop de stress, et qu’il fallait qu’on l’exprime de cette manière.
Une explication qui convient plutôt bien à la situation actuelle du gitan. Recroquevillé, c’est sans aucun doute le stress plus que tout qui le paralyse et le plonge dans cet état. Impossible pour lui de réfléchir calmement ou de regarder ce qu’il se passe autour de lui. Tout a disparu. Il ne reste plus que lui, Doudou, et ses trop nombreuses angoisses.
Pourtant, il finit par percevoir une présence toute proche de lui. Il croit deviner du coin de l’œil qu’il s’agit de Magnolia, mais il n’a pas la force d’en faire davantage. Son corps couvert de bleu, il garde cette position crispée, se contentant simplement de dire.
— Magnolia…J’ai fait du mal à Doudou…il ne va pas bien…Je suis nul je l’ai blessé…
Dans le passé, avant qu’il ne quitte son clan, jamais il n’aurait pensé de cette façon. Jamais il n’aurait rejeté la faute sur lui-même, et se serait dévalorisé à ce point. Pourtant, aujourd’hui, il ne peut s’empêcher de penser dans la douleur qu’il n’a rien à faire ici.
Encore plus que d’habitude, il a l’impression qu’il ne s’adaptera jamais à cette vie-là.
Cette vie beaucoup plus compliquée que celle qu’il a quitté.
Itzan n’a clairement rien suivi. Trop occupé à essayer tant bien que mal de se calmer, à raisonner avec plus de lucidité malgré la situation qui l’angoisse terriblement. Tout ce qu’il sait, c’est que Magnolia est venue l’aider, essayé malgré ses maladresses de le calmer, et que les autres élèves se sont chargés des Galopas enragés.
La suite s’est globalement passée sans lui. Un peu ailleurs lorsque Belladonna a donné les derniers encouragements. Un peu ailleurs lorsque les Galopas se sont écroulés pour n’en laisser plus qu’un, dévoilant la supercherie. Un peu ailleurs quand Ash et Lyria sont revenus vers lui, constatant les dégâts sur lui mais aussi les leurs, secoués par l’attaque. Un peu ailleurs quand Magnolia a retrouvé son pokemon KO, lui réellement, contrairement à Doudou en réalité juste blessé. Un peu ailleurs lorsqu’il a été contraint de reposer Doudou dans sa capuche, blessé et à demi conscient. Un peu ailleurs lorsque son bro s’est proposé pour l’aider à marcher jusqu’à la fin du chemin, espérant obtenir des réponses à leurs questions.
Un peu ailleurs.
***
Au bout du chemin, le bleu libéré seulement partiellement du poids de la culpabilité, l’ensemble du groupe a découvert quelque chose de complètement inattendu. Des gens étaient là avant eux, sans aucun doute, et se sont prêtés à une cérémonie avec les cristaux. En tout cas, c’est la déduction commune. Les murs sont couverts de peinture et de symboles étranges qu’Itzan prend à peine le temps de regarder, luttant davantage contre la douleur qui assaille chacun de ses muscles piétinés par la charge des Galopas.
Si les effets des cristaux cessent avec l’intervention du Felinferno de Belladonna, le Voltali n’a pas vraiment l’occasion de le constater sur son propre pokemon, ayant depuis bien longtemps lâché son obsession pour Vidar, troquée depuis un moment par la douleur des blessures.
Et Itzan s’en veut terriblement pour ça.
***
Le garçon finit enfin par quitte l’infirmerie, la nuit déjà tombée sur le campus. Dès leur retour des grottes, ses amis l’ont emmené chez le Docteur Mezon pour qu’il se fasse examiner. Par chance, aucun de ses os n’a été fracturé et seuls une multitude de bleus parcourt son corps, soulagés temporairement par des médicaments prescris par le médecin. Le bleu se retrouve affublé de multiples pansements et repart avec des pilules censés l’aider à ne pas trop souffrir le temps que son corps se remette du choc. Une boite qu’il regarde avec suspicion, très peu habitué à en prendre. Dans son clan, il y a des guérisseurs en capacité de les aider, n’usant de médicaments modernes que dans de très rares cas.
Après, de là où il vient, il n’a jamais eu l’occasion d’être écrasé par des Galopas.
Doudou a lui aussi été pris en charge par le médecin. Même s’il a été sacrément sonné par l’attaque, il va vite s’en remettre. Pour rassurer le garçon, le médecin lui a prescrit des calmants, de quoi forcer le pokemon à un bon repos cette nuit. Il lui a assuré que demain tout irait bien, comme si rien ne s’était passé.
Quel mensonge. Comment espérer que Doudou ne soit pas encore plus terrifié par le monde après ça ?
Doucement, le Voltali rejoint sa chambre et prend immédiatement place sur son lit. Délicatement, il dépose Doudou entre ses oreilles et s’allonge à côté de lui, lui touchant régulièrement les joues. Il ne se réveille pas, mais l’agent débutant arrive à sentir qu’il dort. Qu’il se repose cette fois.
Itzan sursaute lorsque l’on toque à sa porte et que, une fois cette dernière ouverte avant même qu’il ne puisse répondre, il trouve son référant, le toisant avec son regard habituel.
Le garçon ne dit rien, ne le regardant même pas, préférant se concentrer sur son pokemon. Que peut-il lui dire de toute façon ?
— Monsieur Xoaelteño
— Monsieur, je n’ai pas envie de me faire engueuler vraiment. Et je crois que ce soir je n’arriverais pas à faire semblant d’être adapté. Je pourrais vous parler comme vous n’allez pas aimer.
— Je ne vous demande pas d’être adapté Monsieur Xoaelteño, je veux juste savoir comment vous allez.
Le gitan se redresse subitement, abandonnant à contre cœur les pokes sur son pokemon, pour regarder son référant, toujours aussi sur son lit.
— Comment voulez-vous que ça aille ? Vous étiez aux premières loges pour voir non ? J’ai été nul de bout en bout, et vous avez surement pleins de choses à me reprocher comme d’habitude.
Le garçon n’arrive pas à raisonner de manière très posée, et dit surement tout ce qui lui passe par la tête, sous le coup de la fatigue et de l’angoisse accumulée aujourd’hui.
— Oui, mais à mon grand regret je n’ai pas pu être directement à vos côtés pour vous aider. Et je ne suis pas là pour vous engueuler. Vous n'avez pas besoin de moi pour ça. Je m’inquiète pour mes élèves, encore plus lorsqu’ils sont sous ma responsabilité en tant que référent. Alors je vous le redemande. Comment vous vous sentez ?
Itzan a été un peu surpris par l’approche de son référent. C’est vrai qu’il le voit toujours comme quelqu’un de froid et fermé. Mais en réalité, il s’est peut-être trompé sur son compte. L’homme appuyé contre le pas de sa porte semble réellement s’inquiéter pour lui. Et c’est probablement la première fois qu’une figure masculine porte ce genre d’attention à son égard.
— Je me sens nul. J’ai mis Doudou en danger et ensuite j’ai été incapable de me relever et d’aider mes amis qui eux aussi se sont battus contre ces Galopas. Je ne suis clairement pas un bon dresseur pour Doudou.
Le bleu baisse la tête, abattu. Difficile après une telle journée d’avoir les idées claires, ou tout du moins sans l’aide d’un adulte.
— Je n’irais pas jusque-là. Effectivement vous avez fait des erreurs de jugement. Mais au final, les choses ne se sont pas si mal terminées. Vos amis vous ont aidé, et la situation a pu être réglée. Cette expérience vous servira de leçons, et je suis persuadé que par la suite vous ferez mieux. Vous et Doudou. Discutez-en ensemble demain, et surmonter ça tous les deux. Je crois que c’est comme ça que vous fonctionnez non ?
Timidement, le garçon hoche la tête, gêné. C’est la première fois qu’il se retrouve dans cette position. Réconforté par une figure masculine.
— J’ai également appelé votre mère.
Le cœur d’Itzan loupe un battement puis s’affole complètement. Il n’avait pas encore osé appeler sa maman pour lui raconter. La dernière fois, il l’avait fait directement, mais parce qu’il n’avait pas été touché directement. Mais là, un médecin a été obligé de le prendre en charge. C’est autre chose. Elle doit être terriblement inquiète maintenant. Avant que le Voltali ne puisse parler, le référent reprend.
— Je lui ai expliqué certaines choses et je l’ai rassuré une première fois. Mais appelez-là. Elle attend votre coup de fil. Ca vous fera du bien. Reposez vous maintenant, et on se revoit demain en cours.
Doucement, Leon Nahr ferme la porte, plongeant le garçon dans le silence. Alors c’est comme ça ? Tout va revenir à la normale dès demain ? Itzan a du mal à y croire pour l’instant.
En attendant, il fixe du coin de l’œil son téléphone tombé au bord du lit. Son référent à raison. Il ne peut pas laisser sa maman dans l’ignorance. Hésitant, Itzan finit par déclencher le numéro et, appuyé contre le mur, attend qu’elle décroche.
"Allo mon chéri ? C’est toi ?"
"Oui Maman c’est moi…"
"Ton professeur m’a appelé…Raconte moi s’il te plait."
Et déjà, Itzan se met à pleurer.