Je passais la première porte. Les lieux étaient tout ce qu'il y avait de plus banale : un large parquet décoré par des carrés verdâtres empilés à l'horizontal sur cinq mètres de largeur et de longueur, formant un carré géant que j'allais devoir traverser rapidement pour réussir à rattraper les autres, ou du moins croire que j'allais revenir à leur hauteur. Je regardais tout de même autour de moi s'il n'y avait pas un quelconque risque qu'un piège se manifeste, et j'avançais d'un pas. Dans un seul et même fracas, une vingtaine de trappes s'ouvrirent, ne laissant à ma disposition qu'un seul petite carré pour rejoindre l'autre côté de la zone, en dehors de ceux qui me servaient de plate-forme de départ et d'arrivée. La difficulté n'était pas essentiellement importante, cependant j'hésitais à user de mes pokémons. Après tout, c'était un défi destiné à démontrer les capacités des dresseurs, et non pas de leurs pokémons, enfin je n'en savais rien. Dans tous les cas, j'avais décidé de ne pas sortir mes compagnons maintenant. J'avais envie de tester mes propres limites, voir jusqu'où je pouvais aller.
Alors je prenais mon courage à deux mains, et je faisais un brassage d'air avec ma bouche pour me concentrer au maximum, et ne pas me faire gêner par ma respiration. Je m'accrochais au mur, et je courrais vers le vide, qui s'étalait certes sur trois petits minuscules mètres, mais qui m'éliminerait immédiatement si je tombais dedans. Je n'avais pas le droit à l'erreur. J'accomplis mon bond, et atterrit à près convenablement sur le carré. Et je fis le constat que je ne pouvais plus faire grand-chose moi-même. Il y avait de l'air derrière moi, et rien pour m'accrocher, d'autant que je ne pouvais pas me reculer pour sauter plus loin. J'étais coincé, ou presque. J'étais obligé de sortir Bahamut pour qu'il me transporte de l'autre côté, sinon j'étais déjà perdu. Même en m'imaginant une maquette de la zone pour voir toutes les possibilités qui s'offraient à moi, je n'avais comme solution que d'appeler mon Vibraninf à la rescousse, ce que je fis. Le pokémon vol me porta sur la distance qu'il fallait, et s'écroula juste devant la sortie de ce premier endroit. Je le remerciais gentiment et le ramenait dans sa pokéball, avant de me préparer à la suite. « Que la chance soit avec moi ! » me répétais-je continuellement pendant que j'avançais dans l'épreuve.
J'avançais tranquillement vers la seconde zone, maintenant que j'avais franchi la première. Je passais l'entrée du nouveau carré, et découvrait de tous nouveaux lieux. Il y avait une dizaine de Wattouat bébés qui se baladaient sur une grande zone d'herbe touché par quelques rochers sur les coins et un petit cabanon près duquel un vieil homme m'observait sur sa chaise à bascule, une tête de vieux cow-boy dans le regard. Il était sapé comme un fermier, mais il portait un chapeau de ranger, ce qui m'amena à penser qu'il en était un. On devait sûrement l'avoir engagé pour garder ces wattouat pour qu'ils s'amusent à tourmenter les élèves dans cette zone. Mais je ne devais pas me laisser démonter par tout ces pokémons. Mon défi était d'atteindre la dernière zone de l'espace, alors il n'était pas question pour moi d'abandonner si vite ma course, et ce n'est pas de simples pokémons électriques qui allaient m'arrêter.
Je commençais donc à avancer dans leur direction, quand l'homme m'interpella, levant son chapeau pour laisser paraître son visage. Il avait la tête parfaite d'un bon fermier de Johto, mais avec la chapeau différent. Une cigarette dans le bec, il m'observait attentivement, quand soudain, il sourit. Et je souris aussi. Je le reconnaissais. C'était le vieux qui vivait sur la route au nord d'Oliville, et que j'avais vu plusieurs fois étant jeune, quand ma mère m'amenait me promener dans la nature pour témoigner de son côté maternelle. Enfin, j'avais toujours eu l'impression qu'elle m'avait promené dans ce coin-là pour ça. Peut-être faux, mais je n'avais jamais pu connaître la réponse. Au moins, j'avais apprécié ces sorties. On allait voir ce fermier, et il m'emmenait voir ses troupeaux de Tauros et d'Ecremeuh, puis il me donnait un biberon rempli de lait, et on allait nourrir les petits, toute espèce confondu. C'était le bon temps, quand je passais une enfance des plus banales. Maintenant, c'était différent. Mais un petit salut n'était pas de trop. Alors nous nous approchions l'un l'autre, et nous serions tendrement en discutant de nos retrouvailles après deux ans sans nouvelles, ou presque. Nous rigolions, nous parlions joyeusement, nous passions du bon temps. Mais nous tournâmes court notre discussion, et je demandais à connaître ce qui m'attendait sur cette zone, mais ce vieux fermier me dit d'avancer sans perdre de temps, il disait m'en avoir déjà suffisamment enlevé pour l'instant. Je le remerciais, et me dirigeait vers la porte menant à la zone suivante.
Une nouvelle zone se présenta à moi, la troisième. Après une salle cubique, et une sorte de ferme de Wattouat, sur quoi pouvais-je bien tomber ? Évidemment, la réponse n'allait pas être des moindres, puisque face à moi, une sorte de maison se présenta à moi. Il y avait la cuisine, le salon, la salle de bain, les toilettes, et bien sûr une chambre, sans aucun mur pour les séparer entre eux. La chose qui m'embêtait dans cet endroit, c'est qu'il n'y avait aucune porte de l'autre côté. Les lieux étaient simplement peuplés par toutes sortes de meubles domestiques, disposés aux endroits de la maison qui leur convenait le mieux. Il n'y avait cependant rien de particulier à tirer de cet endroit. Que faire ? Comment faire ? Je ne savais pas. J'étais perdu. Je réfléchissais, il devait bien avoir un indice, ou quelque chose dans le genre pour m'aider. C'est à ce moment-là que j'aperçus le papier placé délicatement sous ma chaussure, et je fus surpris de ne pas l'avoir vu dès mon arrivé. Enfin, je n'avais pas trop à réfléchir sur ce détail, l'important est qu'il contenait sûrement ce que j'avais à savoir. Ainsi le dépliais-je rapidement et lut ce qu'il y avait d'écrit.
« Gamin, si t'es mature, alors tu sauras que ce sont tes parents la solution. »
Je manquais de déchirer le papier, quand je me dis que même aussi utile que soit ce message, il pourrait me donner la réponse que je cherche. Alors je réfléchissais. Être mature voulait dire que j'étais forcément majeur, et ce dernier mot signifiait beaucoup de choses pour moi, d'après les dires de mes parents : alcool, relations avec une fille, tout ça, tout ça … Et soudain le déclic. Il y avait à peu près deux ans, mes parents m'avaient parlé de ça, et ils m'avaient dit que si jamais ça m'arrivait, le mieux serait d'avoir un préservatif avec moi. Ils m'avaient aussi dit que je devais apporter le plus de tendresse possible à la demoiselle avec qui je le ferais. Je n'avais pas très bien suivi ce qu'il voulait me dire, mais je m'en rappelais parfaitement. Ils me disaient de trouver un bon lit pour ça … Un lit … Le lit ! Voilà la réponse à ma recherche. Le lit. Je me rendais dans la chambre, et poussait le lit pour dévoiler une trappe, la suite de mon parcours.
Je tombais à toute vitesse dans un long trou de terre, et n'avait pas le temps de m'arrêter, cependant, un énorme coussin moelleux vint amortir ma chute à l'arrivée dans la nouvelle zone. J'avais plongé sous quelques mètres de la surface, mais cela n'empêchait pas que je pouvais continuer mon chemin. L'endroit était semblable à une forêt. Dense, sombre. Seuls quelques pokémons feu venaient apporter de la lumière à ce décor sordide. Face à moi, un Keckleon. Déguisé en ninja, il m'observait, sans dire un seul mot. Puis par je ne sais quel tour de magie, il m'envoya un papier dans les mains, et m'indiqua de le lire avant de fuir après avoir enlevé son costume. N'ayant rien d'autre d'utile à faire, je dépliais la feuille et lisait les instructions.
« Pour franchir cette zone, vous devez retrouvez Kecleon. Bonne chance ! »
Je jubilais. Quel était donc ce défi absurde ? Bien que l'endroit semble très riche en cachette, et que ce type normal soit réputé pour son invisibilité, je n'aurais aucun mal particulier à dénicher le pokémon. Du moins pas tout seul. Je fouillais ma ceinture, et attrapa une pokéball accroché dessus, que je lança dans les airs pour faire apparaître Aegis, mon Chevroum. Avec son flair super-développé par le temps et son entraînement en recherche, le type plante serait sûrement capable de retrouver facilement la cible. J'attrapais alors le costume que le Keckleon avait laissé sur place, et le fit renifler à Aegis, avant de lui demander de trouver son récent porteur. Immédiatement, il se mit en marche. Il reniflait le sol avec de grands soufflements d'air de ses narines de pokémon, et scrutait parfois la cime des petits arbres et les buissons en vérifiant s'il ne s'y serait pas caché pour éviter qu'on le trouve facilement. Il y avait là quelques rochers, derrière et sous lesquels ils pouvaient se cacher, mais c'était sans compter sur la flair de mon Chevroum, qui finit enfin par trouver le pokémon. Installé confortablement près du mur opposé à celui qui se trouvait près de moi quand je fus arrivé dans la zone, il m'observait. Il se leva à ma venue, et sourit, tout joyeux de me voir. Il m'indiqua alors la marche à suivre. Ce n'était pas encore fini !
La voie s'ouvre à moi. Je dois remonter à la surface. En tout cas, la présence de ce mur d'escalade face à moi me l'annonçait. Je grimpais donc aussi vite que je pus vers le haut, après avoir évidemment rappelé Aegis dans sa pokéball. La lumière s'ouvrit à mon regard, et je remontai tranquillement à la surface, découvrant ma nouvelle zone à traverser. C'était un décor de salle de gymnastique, vide de meubles sportifs. Juste un parquet en bois clair avec deux parpaings au milieu. Étrange … Enfin, c'était beaucoup plus logique lorsqu'un Qulbutoke se présenta face à moi, me donnant le papier annonçant le défi à venir. Je le dépliais comme les autres, et le lisait dans ma tête.
« Vous devez battre le Qulbutoke à un jeu d'équilibre. Bonne chance ! »
Voilà un bon défi pour moi. Je n'avais qu'à tenir plus longtemps que le type psy. D'un air plus qu'assuré, je montais sur un seul pied sur le parpaing, imité à la seconde près mon nouvel adversaire. Lui ne tenait que sur une patte, ou plutôt une boule, mais pourtant, il avait l'air plutôt équilibré que moi. Je voyais mes chances s'envoler, je me pensais perdu, quand j'eus une bonne idée. Gardant un maximum d'équilibre, je pris une pokéball dans ma main, et la lança dans les airs pour faire apparaître Aegis une nouvelle fois. D'un seul mot, « Fouet-lianes », j'indiquais à mon compagnon de me tenir par les bras pour éviter que je tombe. C'était certes de la triche, mais tous les moyens étaient bons pour vaincre. Ainsi, après dix minutes de jeu, Qulbutoke finissait par abandonner, et m'indiquait de poursuivre ma route. La chance était avec moi, et mes pokémons aussi. Et je ne pouvais qu'être rassuré de les avoir tous à mes côtés, même Queen.
J'avançais de nouveau convenablement vers la zone suivante. Le sol était plat comme une planche de fer à repasser, et il n'y avait rien qui montrait une quelconque nature aux alentours. Je pénétra dans le nouveau bloc, qui se ferme derrière moi dans un grand fracas, contrairement aux autres, qui avaient littéralement disparu dès mon entrée, sans bruit, sans secousse. J'étais surpris par cela, mais finalement, je fus beaucoup plus surpris par l'apparition d'un Alakazam et d'un homme qui devait un présentateur télé. L'un se posa près d'un pupitre, l'autre lui fit face en m'indiquant de me poser sur l'autre pupitre vide. Je m'exécutais, et découvrait sur le haut un nouveau papier. Un nouveau défi en vu. Je m'empressais donc de le lire.
« Soyez le plus fort, et réussissez à battre Alakazam dans un quizz. »
Aussitôt, le présentateur télé se déchaîna, et fit démarrer le jeu. Tout d'abord, il présenta l'émission comme s'il passait à la télévision, et se tourna rapidement vers nous en nous décrivant, et en ajoutant les quelques passages marrants dans son dialogue. Enfin, il indiqua que le quizz commençait. Les questions avançaient à une allure régulière, et chacun de nous deux, moi et Alakazam, répondions comme on pouvait. Les questions étaient relativement simples, donc il n'y avait pas vraiment de défi pour l'instant. Mais bientôt vint la question mystère, celle qui allait sûrement apporter la victoire au premier qui répond.
« Question mystère : combien existe-t-il de pokémons différents dans ce monde ? »
Le type psy resta perplexe. Le pokémon réputé comme extrêmement intelligent était bloqué sur cette question. Mais moi, j'avais la réponse. On l'apprenait étant jeune, quand on avait tout juste l'âge d'apprendre, et on nous le faisait comprendre chaque jour de notre vie, à chaque instant de nos journées. J'allais répondre, mais Alakazam essaya de répondre en disant qu'il en existait exactement sept-cent dix-neuf actuellement, mais sa réponse fut refusé. Je souriais, j'allais gagner. Et fièrement, le torse bombé, je parlais à mon tour.
« On ne peut connaître la réponse exacte, car à ce jour, on est certains qu'on est encore loin d'avoir répertorié toutes les espèces différentes. »
La présentateur applaudit, et valida ma réponse. J'étais content. Je me félicitais dans ma tête, et m'empressai de rejoindre l'autre homme qui m'indiqua de suivre la suite du parcours, qui allait peut-être s'ouvrir à moi. Je soufflais, et m'encourager de plus belle.