Le chemin vers la prochaine zone était relativement tranquille, je pouvais souffler un peu, et me refroidir les neurones un coup. Heureusement que nous étions tombé sur cette question à la fin, sinon j'aurais forcément perdu. C'est fort embêtant de se dire que je risque de tomber sur des choses bien plus dur qu'un simple quizz, cependant, c'était un fait, et il pouvait survenir à tout moment. Aussi fus-je un peu plus stressé en arrivant dans la nouvelle zone qui s'ouvrait devant moi, caché par un grand rideau rouge. En le passant, je découvrais que mes doutes s'étaient révélés exactes beaucoup plus tôt que je ne l'aurais cru. Devant moi se profilait un théâtre, plus précisément le côté où s'installait le public. J'étais sur la scène. Autour de moi, des dizaines de danseurs se préparaient, trop concentré pour me regarder, sauf un seul, qui me rejoignit et me tendit mon nouvel objectif sur papier en me souriant humblement, puis m'abandonna pour continuer la répétition. J'ouvris lentement la feuille, et remplissait ma tête de nouvelles paroles. Je fus surpris avant même d'avoir fini de lire.
« Vous devez danser sur Carmina Burana sachant que votre orchestre est exclusivement composé de Magicarpes. Bonne chance. »
Les deux derniers mots étaient de trop, et manquèrent de m'irriter, mais je me retins. Je n'avais pas que ça à faire. Si on me demandait de danser, je devais le faire, même si je n'étais pas très bon pour. J'étais même catastrophique. Je pensais me rater de la répétition jusqu'à la fin du spectacle, mais durant cette première partie, les autres danseurs m'expliquèrent en bref ce que je devais faire, et je me surpris à réussir les mouvements demandés avec très peu de difficulté. En dix minutes, c'était bouclé, et nous démarrions le petit spectacle. Il n'y avait là qu'un seul et unique spectateur, qui devait sûrement être un richissime chercheur de talents d'opéra, ou un truc dans le genre. En tout cas, nous devions l'impressionner, ou du moins lui montrer qu'on étaient pas des mauviettes. Je n'avais pas cherché à savoir pourquoi je faisais ça, je le faisais, c'est tout. L'orchestre n'était pas franchement des plus forts, mais tout avait prévu pour qu'ils puissent jouer : bocaux rempli pour se tenir, poches d'eau directement installé dans la bouche, etc … Et le résultat fut favorable. On m'indiquait de nouveau de suivre le chemin. Mais il y avait un autre juge, et c'était lui qui savait si j'étais apte à poursuivre l'aventure. J'attendais donc son verdict.
Un bip sonore retentit. Le juge avait refusé que j'avance sur la zone suivante. Ainsi n'avait-il pas apprécié ma performance ? Ou bien aurait-il préféré que je fasse parti de l'orchestre de Magicarpes ? Je n'avais aucune idée de son avis, mais je m'en fichais royalement. Je devais me concentrer sur ce qui allait venir. On m'avait dit que si jamais on ne me laissait pas passer, le décor de ma zone actuelle changerait du tout-au-tout, et un nouveau défi m'attendait. Ou simplement une traversée. Dans tout les cas, je devrais avancer. Je fermais les yeux pour pouvoir ressentir le mouvement des alentours se transformer rapidement, et quand je rouvris les yeux, le théâtre avait disparu, remplacé par un lac profond avec quelques morceaux de terre qui s'en échappe. Et le point d'arrivée était une plus grande ilot où une échelle montait vers une trappe qui menait sûrement à la zone suivante. Restait à voir si elle allait s'ouvrir au moment où j'essayerais de le faire. Mon défi était donc tout simplement. Traverser un lac, ce n'était pas trop dur. Après, y parvenir sans l'aide de mes compagnons étaient un défi complètement différent, que je donnais pour parvenir au bout. Je soufflais un bon coup pour enlever mon stress et me concentrer uniquement sur l'épreuve. Je fis mon premier saut, et atterrit tranquillement sur le premier bout de terre émergée. Je souris et me félicita d'avoir réussi, avant de me diriger vers le second point. Je sautais de nouveau, avec la même aisance. Je prenais peu à peu de l'assurance, sautait presque en enchaînement, ce qui me valu finalement de manquer de chuter dans l'eau sur l'avant-dernier rocher. J'étais sur le point de faire appel à Layla pour me soulever, mais ma jambe eut envie de me sauver elle-même, et me fit tomber en arrière, sauvé de l'étendue aquatique de peu. Je me jura d'être beaucoup plus prudent à l'avenir, et reprit ma course jusqu'à l'échelle, que j'escaladais rapidement. J'espérais pouvoir continuer mon chemin.
Et soudain, la salle se plongea dans un drap d'obscurité. Je n'y voyais rrien du tout. Je n'apercevais même pas l'échelle sur laquelle je me tenais. Mais comme je la sentais parfaitement, je me décidais à monter. L'ascension fut longue et périlleuse, je n'avais aucune odée de la direction que j'avais pris, j'ignorais si j'étais revenu dans ma zone actuel ou si j'avais avancé, cependant, le décor avait de nouveau changé. J'arrivais par le sol, et sortait par un petit puits d'où l'échelle sur laquelle je me trouvais sortait pour se dévoiler au reste du décor, celui d'une banale … plaine. J'ignorais la façon dont s'y était pris les installeurs de ce jeu pour changer le décor aussi vite et pour en faire un tel endroit, mais ce qui était certain, c'est qu'un nouveau défi m'attendait. Tout autour, plusieurs espèces que je n'avais pas encore répertorié dans mon pokédex se trouvait ici : dans le coin est, un troupeau de Frison se reposait au soleil, tandis qu'à l'arbre des quelques arbres à côté d'eux, des Colossinges et des Arboks se prélassaient à l'ombre. Dans le coin ouest, où une petite rivière coulait tranquillement, des Magicarpes et des Remoraids nageaient, entourés à l'extérieur par des Rhinocornes, des Nidorinas et Nidorinos assoiffés. Dans le coin nord, où une sorte de champ de fleur s'était dressé, des Flabébés, des Chlorubulles et quelques Rozboutons jouaient entre eux, ou reniflaient perpétuellement les fleurs qui se présentaient à eux. Dans le coin sud, il y avait un nichoir, où des Roucools, des Canartichos et des Poichigeons s'étaient perchés, et m'observaient maintenant tous. En un seul coup, je vis qu'il n'y avait aucune porte, ce qui me conduit à penser qu'elle devait se trouver à l'intérieur du cabanon qui servait de nid aux pokémons vols. Je pris un instant de tranquillité pour remplir un peu mes données, et tenta même d'approcher certains pokémons, mais ceux-ci semblaient apeurés par ma simple présence. J'abandonnais rapidement toute idée de les caresser, et me dirigea vers ma destination. Allait-on m'ouvrir le passage si jamais il se trouvait bien là ? La chose était encore à voir. Je n'avais rien fait de particulier à part rapidement ajouter les informations de ces nouveaux pokémons sur mon Ipok, ce qui me fit stresser un peu, me demandant si je n'allais pas rester coincé dans cette zone. La chance était avec moi.
Une ouverture se présenta devant moi. Je pouvais continuer mon avancée. J'ignorais si elle était fulgurante ou pas, mais je trouvais que j'avançais à un rythme tout à fait convenable. Je ne devais surtout pas m'arrêter de si bon chemin. J'étais de nouveau assuré de réussir, je devais y arriver, forcément. Sinon, je m'en voudrais d'avoir fait tout ce parcours pour rien. J'étais également allé bien trop loin pour abandonner, et je ne devais pas me rater une nouvelle fois, au risque de retarder par rapport aux autres. Alors je devais être prudent et rapide à la fois. Ainsi plongeais-je instantanément dans le vide, sur un long toboggan qui m'envoyait encore dans les profondeurs de la terre. Je finis par m'écraser violemment sur un tas de sable comme on pouvait en trouver dans les parcs de jeux. Et l'endroit en était justement un, avec tout ce qui allait avec : des barrières pour délimiter la zone, des balançoires, des toboggans, des espèces de petits châteaux de jeux, des bancs pour la surveillance. Et sur l'un d'eux, un homme avait porté son regard sur le mien. Coiffé à la manière des punks, évidemment que c'en était un aussi, et habillé comme eux, c'est-à-dire une crête coloré à moitié en bleu ciel, et des vêtements cloutés noirs, ajoutés à quelques piercings plantés partout dans le corps. Avec lui, trois pokémons tenaient le silence parfait. Ils étaient évolués, et m'offraient chacun leur regard le plus effrayant : un Scalproie, installé sur une des aires de jeux, une seule jambe dans le vide, les bras posés sur celui qui se tenait sur le jeu en bois renforcé, un Dimoret, assis comme son maître sur le banc, à m'observer férocement de son regard et un Crocorible debout derrière le gars, imitant presque à la perfection son dresseur. Je gloussais en voyant ce groupe se présenter devant moi, mais je ne réagissais pas. Je m'attendais à ce que l'homme se mette à me narguer. Ce fut tout autre chose.
« Bon, gamin, j'ai autre chose à foutre que t'aider, alors cherches tout seul. lâcha-t-il. »
Je fus surpris par ce qu'il venait de dire, mais je me dis rapidement qu'il était mieux que je ne me battes pas avec ce genre de personne, au risque de tout gâcher, surtout que je n'avais pas ça à faire que de me battre avec quelqu'un maintenant. Alors je me mettais à chercher la porte suivante.