Δ GYM ET LUTTE. 17 OCTOBRE 2016. |
Elle te fait peur. Et la peur te rend docile, Ciel, tu le sais fort bien. Il n'y a que cette raison qui t'as poussé à venir au coup de la Générale à la première heure de la matinée. Le regard fixé vers le ciel, tu repenses à l'intitulé. « Cours de perfectionnement physique », précisait l'emploi du temps de la semaine et, à en croire la masse gluante d'étudiants qui s'accumule autour de toi, tu n'es pas le seul à être venu par crainte des foudres de la référente des Pyrolis ou de son pokémon de prédilection. Tu n'arrives même pas à soupirer – et dire qu'hier à la même heure, tu étais entouré d'une majorité d'imbéciles qui faisaient régner le chahut au cours du professeur Yade et qui sont sûrement perdus ici et là dans la foule de ce même cours, mais réduits au silence et au respect cette fois – et tu fixes les horizons célestes sans relâche. Ne pas croiser son regard, ne pas croiser celui de Godzilla. Tu n'as absolument aucune résistance physique et ce n'est pas la Générale, quelque soit le pourcentage de volonté qu'elle pourrait y mettre, qui améliorera ce fait. Lamentable, a t-elle lancé au milieu de sa phrase en haussant le ton sur ce mot particulièrement. Elle a de ce fait touché du doigt ta condition toute entière. Tu es pitoyable physiquement et mentalement. Tu le sais et tu ne fais rien pour y changer. D'ailleurs, tu as souvent du mal à respirer malgré le fait que tu sois mince, presque filiforme, lorsque tu cours trop souvent ou trop rapidement. À ce fait, s'ajoute un douloureux malaise compte tenu de la présence de nombreux étudiants que tu as du mal à supporter. Tu n'aimes pas la foule. Tu n'aimes pas avoir des gens concentrés autour de toi, mais tel est le prix à payer pour assister à un cours de la Générale. Qui serait, après tout et dans toute l'académie, assez stupide pour en manquer un volontairement ? Tu dérives lentement ton regard du ciel vers la Générale lorsqu'elle sort une chaine hi-fi de son sac – wait, une chaîne hifi ? Tu es surpris de la présence d'un de ces appareils en 2016, encore plus quand tu constates qu'il est visiblement en état de marche mais tu n'oses pas piper un seul mot – et qu'elle la branche à deux enceintes en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Légèrement médusé par l'appareil électronique qu'elle utilise, tu manques quelques instants pendant lesquels tu ne saurais dire si elle a donné des explications avant de te ressaisir en entendant quelques uns de tes voisins commencer à pouffer de rire. Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls dans la foule à se retenir malgré le fait que la Générale et son pokémons imposent naturellement le respect et tu envies leur impertinence sinon leur courage. Tu serais bien incapable d'en faire autant, tant la trouille te noue le ventre et tortille ton estomac en lui imposant des loopings. « Bien et maintenant, on s'écarte ! Un mètre d'écart avec votre voisin et plus vite que ça ! Lorsque je lancerais la musique, vous suivrez mes mouvements À LA LETTRE. Celui que je vois tomber, s'immobiliser ou perdre le rythme... C'est avec Godzilla qu'il poursuivra l'exercice. » Le calme s'impose à nouveau dans les airs et tu t'exécutes rapidement, tout comme tous les étudiants présents pour ce cours d'athlétisme. Une chanson se lance et, peu soucieux de te faire remarquer, tu commences à singer la Générale comme le fond tous les autres. Les premiers mouvement s'enchaînent et ton corps suis plutôt bien jusqu'au milieu de la seconde chanson. Puis ta respiration devient douloureuse. Puis ton cœur se mets à battre bien trop rapidement à ton goût. Tu as l'impression que tes muscles vont se déchirer à force d'être tirés de haut en bas et de droite à gauche. À quelle chanson en êtes-vous ? La troisième, peut être la quatrième. Tu espères que la torture va bientôt s'arrêter. Tu inspires et expires de plus en plus difficilement. Tu es trempé de sueur et la seule chose qui retient tes jambes de se dérober sous ton corps endolori, c'est la peur. À défaut de te paralyser, elle te maintient debout et même lorsque ton cœur est sur le point d'éclater, lorsque ta cage thoracique semble sur le point de se briser alors que les dernière notes d'une cinquième chanson résonne dans le gymnase, tu restes debout, la peur surpassant la douleur et le malaise qui te guette. Jackie balaie la salle d'un regard répugné. Puis elle annonce que les choses sérieuses vont pouvoir commencer et le temps, tout comme les battements de ton cœur, semble se suspendre dans le gymnase. Ce n'est pas fini. Mécaniquement, tu suis le troupeau d'élèves à l'extérieur du dortoir afin de découvrir la nouvelle torture physique que la Générale – tu remarques seulement à ce moment là que tu n'es jamais parvenu à l'appeler professeure et à lui donner un statut d'enseignant propre à tes yeux – souhaite vous imposer. Des pokémons combats, au nombre de cinq, vous attendent au grand jour. Ils semblent aussi apeurés et résignés que vous, mais ni pokémons ni élèves n'ont le choix de leur présence en ce lieu. Tu te mords les lèvres et quelques gouttes de sang se perdent sur ta langue. Jackie vient d'annoncer que vous devrez les affronter. Et, comme la malchance n'est jamais très éloignée de toi et qu'elle semble particulièrement apprécier ta compagnie, tu es le second élève qu'elle pointe du doigts parmi les cinq premiers à affronter. Tu ne fais pas attention à celui qui affrontera le Machopeur poussé en premier par les pokémons de Mama Odie. Tu es bien trop occupé à te rendre compte que ton adversaire fait bien soixante-dix centimètres de plus que toi. Pandarbara se dresse devant toi et tu crois à une blague pendant quelques secondes. C'est pas sérieux. C'est pour déconner. C'est une blague et tu vas pouvoir tranquillement rentrer dans ton dortoir, juste après que la Générale ai annoncé qu'elle plaisantait. Mais, tu le sais très bien malgré les pensées qui se bousculent dans ton crâne, Jackie ne plaisante jamais. Elle ne doit même pas savoir ce que le mot signifie, si tant est qu'elle le possède dans son vocabulaire. « MATRICULE TROIS CENT QUATRE-VINGT SEPT ! Vous attendez qu'il neige ?! » Le temps s'arrête, définitivement. Dire que tu n'as même pas eu le temps de faire ton testament … Et que tu es obligé de te ressaisir. Conscient que tu vas sûrement pas tarder à te faire massacrer en beauté, tu tentes malgré tout de te défendre puisque tel est le but de l'exercice ; et dire que tu ne t'es même pas encore remis correctement de la séance de gymnastique en musique de tout à l'heure. Tu frappes maladroitement le pokémon de type ténèbres et combat, en tentant d'esquiver ses coups bien plus souvent que tu ne cherches à en placer. Tu es une larve physiquement et ce n'est pas les courbatures laissées par les prouesses musicales d'il y a quelques minutes qui diront le contraire. Se lever demain matin va être horrible. Le poing de Pandarbare fend les airs pour venir s'écraser, le moins fortement possible qu'il puisse frapper pour ne pas attirer l'attention de Jackie en faisant seulement de cogner, contre ton épaule droite et tu grimaces malgré avant de se jeter dans un coin opposé pour esquiver. Il tente de frapper à nouveau et tu parviens en bondissant ailleurs à parer le coup qui s'enfonce dans un tronc d'arbre en laissant une trace assez appuyée sur le sol. Tu profites de ta présence dans son dos pour tenter de le frapper dans les pattes inférieures bien que tu n'espères même pas lui faire mal et encore largement moins le faire chuter mais il a déjà fait-volte face et, ayant repéré ton geste, il envoie sa patte au sol gauche s'éclater au niveau de ton torse. La souffrance est si forte qu'elle te coupe la respiration pendant plusieurs secondes d'affilée et que tu te demande si tu ne vas pas faire exprès d'abandonner en te laissant piteusement tomber sur le sol. Tu ne vas de toute façon et de toute évidence plus tenir très longtemps. En fait, tu es sûrement déjà en train de mourir intérieurement et il est fort probable que seule ton enveloppe corporelle soit en train de se mouvoir pour satisfaire l'égo sadique de la Générale. Tu reçois un violent coup de pied dans les jambes et tu ne sais pas par quel miracle tu parviens à ne pas tomber par terre mais tu as le temps de frapper la patte lancée d'un coup de poing avant de te redresser de justesse. De justesse pour rien, car un nouveau coup de poing de la part de ton adversaire t'envoie brutalement au tapis. Tu es mis hors d'état de nuire et tu t'en remercies mentalement. Tes muscles tirent horriblement, tu parviens à peine à respirer suffisamment pour partir hors de la zone de combat et laisser ta place à un autre malheureux et ton cœur est sur le point de transpercer ta poitrine tant ses battements se succèdent violemment. Tu n'écoutes même pas Jackie te hurler dessus. Elle doit annoncer que tu es le pire cas qu'elle a jamais vu dans sa carrière, que tu es une larve ou peut être encore que pour un garçon, tu n'as plus de résistance qu'une virus face à dix sortes de médicaments différents. Peu t'importe. Tu ne cherches même pas à savoir combien de temps tu as tenu face à ton adversaire. Tu as la tête qui tourne et le cœur au bord des lèvres, qui tremblent d'ailleurs horriblement vite et fort. Ta respiration douloureuse et saccadée ne tarde pas à te conseiller de t'éloigner du groupe avant de faire un malaise – tu crains moins les témoins que Jackie elle-même. Profitant du fait que ton tour est passé et que ni la Générale ni son Godzilla ne font attention à toi, tu chancelles sur une quinzaines de mètres avant d'aller te vider les tripes dans la première poubelle venue à l'écart du groupe d'étudiants. La poitrine ondulant et se contractant à cause des nausées, tu vomis tout ce que tu peux sous le poids de la douleur avant de te laisser tomber contre un arbre et tu tentes tant bien que mal de récupérer une respiration normale tout en essuyant la sueur qui coule sur ton front. Tu retourneras vers le groupe dans quelques minutes mais pour l'heure, tu n'as pas la moindre envie de leur imposer ton malaise ou même de te faire remarquer. Au travers des acouphènes qui se bousculent dans ton crâne en compagnie d'une douleur migraineuse, tu parviens à te rappeler les paroles de la Générale à la sortie du ring de combat, que tu avais visiblement retenues même dans les écouter. Il faut croire que chacun de ses mots en impose tellement pour toi que la peur te les fait retenir même involontairement. « Matricule trois cent quatre-vingt sept, votre performance a été lamentable ! Une larve, un microbe ! UNE MINUTE ET DIX SECONDES ! Vous avez tenu une minute et dix secondes ! ET VOUS APPELEZ CELA UN COMBAT ? » |
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Cours Athéltisme - Gym et lutte Topic Commun |
Ton pire Cauchemard | VS... Mikato Sozuy | Type : Cours Heure : Trop tôt Pokémon utilisés : / |