[Intrigue] Futilité de la lutte |
[Intrigue] Futilité de la lutte |
▬ Courez, courez, courez !
▬ Pika, pika !
▬ Brindi, brindi !
Esquivant encore et encore des attaques perdues qui manquent par plusieurs fois de m’envoyer dire bonjour à Arceus, j’invitai mes petits compagnons à rejoindre au plus vite ce qui semblait être la zone safe dans ce chaos monumental. Les cris de rage des élèves en colère, les pleurs de ceux qui n’avaient rien demandé, les appels désespérés des bons samaritains … Tout ça provoquait un brouhaha incessant qui tendait à me faire vriller.
Je dois reconnaître n’avoir jamais été vraiment faite pour la foule. Le bruit ambiant, les vibrations qui font bourdonner mes oreilles … Tout ça est bien trop pour moi. Et malgré ma bonne volonté, je suis bien obligé de fuir le combat si je ne veux pas m’évanouir tant cela tambourine dans mon esprit. Mes compagnons l’avaient tout de suite compris, surtout Hortensia, qui me connaissait par cœur à présent, et malgré l’envie évidente de Denki pour rejoindre la baston et montrer toute sa puissance, durement acquise par des efforts énormes et qui n’avaient jusqu’à présent pas pu être récompensés, nous étions partis pour fuir le champ de bataille rapidement, afin de retrouver un peu de calme et éviter éventuellement de finir à l’hôpital …
▬ Masssss-ko !
Au passage entre deux groupes en plein affrontement, le destin décida qu’il était temps de me rappeler que je n’étais qu’humaine après tout, et sans sommation, un Ultralaser s’abattit tel une lame de fond vers moi, prête à m’emporter avec elle vers d’autres univers. Au dernier moment cependant, Hortensia s’interposa, prenant l’attaque de plein fouet et l’envoyant au tapis sans préavis.
Le chaos. Le bruit. La violence.
La douleur lancinante dans ma tête.
C’était trop pour moi.
Les larmes coulèrent.
La main sur le cœur, je m’effondrai au sol, le souffle court.
La panique, la peur, l’effroi même.
C’était tout ce que je ressentais à présent.
… Comment en sommes-nous arrivés là ?
Je …
Je me souviens.
La réunion. Le débat. Même si j’ai pris cette année pour me concentrer sur mon avenir, je me souviens. L’ambiance oppressante, la colère grondant dans les couloirs. La fusion avec l’AES. Je me rappelle. Quand j’ai pu retrouver Dany. Quand j’ai pu passer du temps avec mon ami le plus proche. Je ressens. Ce bonheur que je pensais venir chasser tous les malheurs, ce bonheur qui redonnerait le sourire à chacun.
J’ai été naïve. Si naïve.
Les larmes montent, plus fortes à chaque seconde qui passent. Mon cœur, mon cœur … J’ai bientôt l’impression de n’entendre que lui tant ses battements deviennent forts. Le chaos persiste, mais il s’est fusionné à moi. Plus rien n’existe autour de moi. Sinon le vide. Plus de présence, plus d’allié, plus d’ennemi. Seulement la torpeur.
Pourquoi a-t-il fallu qu’ils attaquent ?
Tout aurait pu se faire tranquillement. Nous aurions eu les réponses à nos questions. Un début de solution aurait pu être trouvé pour contenter tout le monde. Pour que le calme retombe. La vie aurait pu être si tranquille … Je comprends maintenant pourquoi la Pokemon Community a si mauvaise réputation … Maman.
Maman, tu ne le sauras qu’après coup, mais … J’ai peur. Pour mes compagnons, mes amis, les autres personnes en détresse. Pour moi aussi. J’ai peur pour ma vie. Et … Et … Je ne vois plus clair. Mon esprit, mes pensées … Plus rien ne va. Il faudrait que je fasse quelque chose. Je suis venu ici pour ça. Pour en faire mon futur avenir, que tous ces gens ne vivent pas ça. Mais … Je n’y arrive pas. J’ai mal, mon cœur bat la chamade, je ne comprends plus ce qu’il se passe. Je n’ai même plus la force de serrer les dents, d’ouvrir les yeux, trouver le regard rassurant de mes compagnons. Je suis seul.
Maman …
Tes bras me manquent.
… Je veux rentrer à la maison …
▬ Denki, on fait quoi, on fait quoi ? Hortensia est K.O et, et … AH !!!!
Alors qu’il se retourne, le jeune Brindibou panique en voyant que sa maîtresse ne bouge pas, ne laissant plus pour seul signe de vie que son souffle chaud qu’il parvient heureusement à sentir à intervalles réguliers.
▬ On fait comme on a dit : on les protège autant que possible ! Montrons-leur à ces tarés ce qu’on vaut ! Ils vont regretter d’avoir blessé nos amis !
▬ … Bien dit !
Contrairement à son frère de cœur, le Pikachu chromatique qu’est Denki se montre bien plus déterminé et courageux. Il sait pertinemment que s’il flanche, c’est fini pour eux. Lui qui s’est toujours montré quelque peu égocentrique, en parfaite connaissance de cause évidemment, son unique pensée est de protéger son amie et sa dresseuse. Alors il se doit de motiver Genji à en faire autant en montrant toute la détermination dont il sait faire preuve.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela fonctionne. Le Brindibou redoubla d’efforts et s’évertua à repousser les attaques perdues venant dans leur direction, quitte à en subir quelques-unes. Pendant ce temps, Denki s’occupa de protéger Camille, cherchant à trouver quelqu’un qui pourrait la prendre en charge. Sans succès malheureusement.
Mais très vite, il remarqua que les affrontements s’atténuaient, et que les derniers combats se déportèrent sur certaines zones de l’endroit, suffisamment éloignés pour que le duo de petits Pokémon puisse finalement souffler, notamment Genji qui s’effondra à l’instant où la pression retomba.
Bientôt, quelques élèves purent enfin prendre en charge la Givrali encore semi-consciente, tremblante et dont les larmes continuaient de couler sans s’arrêter. Denki était stupéfait en la voyant se faire soulever pour être mise à l’abri : il avait toujours vu la jeune femme comme une personne forte et courageuse. En la regardant, il sentit un pur frisson d’effroi lui traverser tout l’échine : elle était méconnaissable, brisée, sans défense. A son insu, une larme perla sur ses joues. Pour la première fois, il voyait sa dresseuse dans le pire des états possibles.
▬ …
Subitement, la surprise laissa place à la tristesse, puis à la colère. A la rage même. Presque une montée de haine qui le décida à se tourner vers l’épicentre des combats. Les événements avaient pris une tournure encore plus chaotique, et voilà maintenant qu’un gigantesque Léviator faisaient face aux derniers élèves et professeurs encore en état pour lui faire face.
Il n’avait aucune idée de l’ampleur de ce qu’il se passait, mais Denki comprit sans difficulté que le Pokémon géant était son nouvel ennemi. La source même – du moins une partie – qui avait amené sa dresseuse adorée dans son état actuel. Il n’allait clairement pas laisser passer ça.
Il laissa Genji s’occuper d’Hortensia, qui reprenait tranquillement conscience et s’apprêtait déjà à retourner auprès de Camille, plus inquiète que quiconque parmi eux pour elle, et récupéra le sac de Camille qu’elle avait laissé tomber en s’effondrant au sol, retrouvant rapidement l’objet qu’il obligeait depuis quelques temps à la jeune femme d’avoir avec elle quand il était là : la balle lumière.
En la prenant – avant de remettre le sac à la type plante – il sentit subitement sa puissance augmenter, lui donnant une force nouvelle dont il allait faire usage sans aucune retenue sur ce Léviator. Il se concentra alors un très court instant, rassemblant toute sa rage grandissante, et puis s’élança sans attendre vers sa cible, passant à toute vitesse entre les jambes de quelques élèves pour prendre appui sur l’un de leurs Pokémons et sauter dans les airs, criant ses émotions à pleins poumons.
▬ POUR MES COMPAGNONS !
Il déchargea alors sur le Léviator le plus puissant Tonnerre qu’il put jamais réussir jusqu’à présent, prêt à donner jusqu’à sa dernière goutte d’énergie pour que cet ennemi ne puisse plus jamais importuner ses amis et surtout Camille …
Il fait noir.
Je sens qu’on me bouge.
Je ressens de la chaleur.
Je … Je suis sauvé ?
J’aimerai le savoir. J’ai besoin de le savoir.
Mais mon corps me le refuse.
Je ne sais rien. Mais j’ai mal. Encore.
Je me sens seul. Si seul …
…
…
… J’entends un cri.
De rage ? De haine ?
Non. C’est plus que ça.
Je ressens … Comme de l’amour.
La chaleur d’un amour.
Ce cri … Il me rassure.
J’ai l’impression qu’il me protège.
Qu’il m’aide.
Mes compagnons ?
La chaleur s’intensifie.
Je sens le cri devenir plus fort que jamais.
… La douleur.
Elle … s’atténue.
Je … N’ai plus peur.
… Je ressens encore cette chaleur.
Elle … prend forme.
Oui … Oui, je vois.
…
Merci Denki.
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