Nouveau déPart
C’est un nouveau sentiment.

Celui du départ.

Pourtant, c’est pas exactement comme si Magnolia n’avait pas eu le temps de s’y préparer. La jolie lettre avec sa jolie calligraphie et ses promesses plus belles encore est fermement rangée dans une poche de sa veste depuis presque trois mois maintenant.

Elle sait qu’elle part. Elle le sait. Elle l’a décidé un peu plus de trois mois plutôt et on le lui a confirmé presque immédiatement après. Elle part, elle part, elle part.

Elle quitte sa ville, elle quitte son quartier, elle quitte son appartement.
Elle quitte les personnes qu’elle aide, elle quitte les rares amis qu’elle s’est vaguement fait au cours des années partagées dans des salles de classes pourries, elle quitte son père.

Et pour tout ce que ces sentiments sont nouveaux, elle a bien du mal à les qualifier. À mettre des mots sur les émotions qui la prennent. Elle quitte sa ville et elle la quitte seule. Autour d’elle, il y a quelques autres enfants qui sont sur le point de partir, comme elle vers des écoles autour du globe, peut-être même vers des voyages initiatiques. Pourtant, loin de leur ressembler, quand Magnolia pose son regard sur le quai, personne ne l’y attend. Personne pour lui adresser un dernier sourire, un dernier bonne chance, un dernier amuse toi bien. Personne n’est là.

Personne n’est là pour la retenir.

Alors Magnolia détourne son regard de ces masses de gens qui viennent dire au revoir aux gens qu’ils aiment. Magnolia détourne son regard et le pose sur les imposants grattes-ciels de Volucité. Elle détourne son regard des gens pour le poser sur la ville. Pour toutes les émotions négatives qu’elle a vers ce carré de béton et de ciment, il y a tant de positif.

Pourtant, pour être honnête, ces longs bâtiments modernes avec leurs lignes épurées, leur aciers brillants et leurs vitres qui réfléchissent les quelques rayons de soleil, ne sont pas exactement ceux qui ont bercé Magnolia.

Elle est habituée à une autre Volucité. Celle qu’on cache, celle dont on ne parle pas vraiment. Celle cachée des touristes et des nouveaux venus. Celle dont on murmure que ça craint. Les mauvais quartiers, là où il est fréquent de se retrouvé détroussé de ses fonds de poches.

La Volucité de Magnolia c’est une Volucité crade, laide, pourrie de l’intérieur. Là où les gens pensent d’abord à eux puis après, si ils ont encore un peu de temps et d’énergie, aux autres. Là où les initiatives sociales ne marchent pas très bien par manque de temps, de budget, de motivation et aussi, et surtout, de confiance.

Pourtant, c’est dans cette Volucité que Magnolia s’est construite. Elle s’est construite toute seule, pièce par pièce, morceau par morceau et peu importe combien de fois on a essayé de la détruire, elle se répare toujours.

Elle se relève toujours.

C’est pour ça qu’elle est là. C’est pour ça qu’elle quitte cette ville et ses racines pourries. C’est pour ça qu’elle part malgré la boule au ventre.

Elle se fait passer en premier, pour la toute première fois de sa vie.

Enfin, enfin, le bateau sonne l’alarme, les gens s’éloignent et ils quittent le port. Ils quittent la ville.

Elle ne se retourne pas.

–

Enfin. Le voyage fut long mais enfin, Magnolia et tous les anciens et futurs élèves du nouveau campus de Leiar posent les pieds sur cette nouvelle île, à peine colonisée, à peine touchée par la main humaine.

Déjà, le contraste est saisissant. Loin du grand port urbain de Volucité, le quai sur lequel s’amarre le bateau semble à peine assez grand pour l’accueillir.  Les gens se bousculent un peu pour faire parti des premiers à déposer le pied sur la nouvelle île.

Magnolia se tient en retrait, elle attend que les premières vagues passent et son gros sac de sport, contenant sans mal tout ce qu’elle a prit avec elle, est serré contre elle. Bouée de sauvetage dans cet environnement si drastiquement opposé de tout ce qu’elle connaît.

Les nouvelles têtes sont appelées par l’un des professeurs, un grand homme brun qui se présente comme Léon Nahr, référent des Voltalis. Calme et direct, il gagne sans trop de mal des points aux yeux de Magnolia. Efficace, il les fait passer un par un devant lui et son petit bureau improvisé pour finaliser les papiers de leurs inscriptions.

Et au vu du violet qui marque sa feuille d’inscription, Magnolia a enfin une réponse quand à son dortoir. L’Ipok qui lui est confié est bien plus important. Le petit outil à la pointe de la technologie se dessine déjà comme la plus précieuse possession de Magnolia. Les quelques vêtements aux couleurs des Mentali sont glissés rapidement dans son sac, sauf le sweat à capuche qu’elle enfile directement à la place du sien. La différence de qualité se fait sentir immédiatement et elle ne peut pas vraiment s’empêcher de frotter son nez dans l’encolure toute douce de son nouveau vêtement.

L’attente devant le hangar abandonné où s’est déjà terré le Collectionneur est bien plus agréable, l’iPok étant une véritable mine d’or. Passionnant. Elle meurt de hâte de le découvrir en détail et elle sait qu’elle va faire de son mieux pour économiser au plus vite pour une coque de protection de la meilleure qualité possible.

Enfin, c’est à elle. Elle entre dans le bâtiment qui a l’étrange capacité d’être parfaitement neuf mais également abandonné. Elle lève un sourcil en étudiant ses alentours. La queue d’aujourd’hui est rare. D’après ses informations, les raisons de venir voir le Collectionneur sont rares et si c’est le cas, elle a déjà repéré un large endroit urbain où elle pourra s’entraîner sans risque de se faire repérer.

L’étrange monsieur l’observe arriver et s’installer face à lui sans un mot. Elle ne commence pas la conversation et ne fait pas beaucoup plus qu’hocher la tête dans sa direction pour le saluer. Elle est bien plus intéressé par le bureau en lui même et les nombreuses pokéballs qui traînent tout autour d’eux. Sur les étagères, sur le bureau, dans des cartons, sur le sol même, véritablement partout.

Il finit par sourire et lui tendre une pokéball.

- Il saura probablement te faire sortir de ta bulle. File maintenant, tu voudrais pas manquer le discours du proviseur.

Elle hoche à nouveau la tête et murmure un remerciement avant de se lever, la pokeball contenant son starter dans sa main tendit que les deux vides qui lui ont également été confiées se retrouvent déposées délicatement dans son sac.

Elle quitte le hangar pour tomber sur le professeur Nahr, un léger sourire aux lèvres.

- Tu peux suivre le chemin juste ici, je vais attendre les retardataires mais tu devrais y aller, le discours va pas tarder à démarrer.

Un signe de tête plus tard et la jeune fille file dans la direction indiquée. Comme l’a sous-entendu le professeur, impossible de se perdre, le chemin est clair et direct jusqu’au campus en lui même. C’est une petite trotte du port jusqu’aux bâtiments qui composent l’académie mais c’est pas pour déplaire à Magnolia.

Le parc est facile à trouver aussi et sans trop de problème, elle s’incruste dans la masse d’élèves pour attendre le discours du nouveau directeur. Elle est loin de savoir tout ce qui s’est passé dans l’histoire de la Pokémon Community malgré avoir lu les articles parus sur les évènements d’abord sur Lansat puis sur Adala.

Pour elle, c’est un nouveau départ, et il semble que c’est également le cas pour l’école.

Une fois installée, il n’y a pas longtemps à attendre avant qu’un petit Passerouge ne se pose sur la scène pour commencer le discours. Il est visiblement bien embêté quand le directeur n’arrive pas et qu’un Pikachu monte sur scène pour donner le texte de la fin du discours.

Et bien, voilà qui est bizarre.

Elle n’est pas forcément embêtée par la non apparence du directeur. Il faut dire que Magnolia peut comprendre que de faire un discours devant les centaines de personnes présentes est probablement un peu terrifiant. Elle en tout cas, ne pourrait certainement pas.

La mention d’un buffet l’intrigue. Elle ne dit jamais non à de la nourriture offerte et peut-être qu’elle trouvera quelques petites choses non périssables qu’elle pourra glisser discrètement dans son sac. Au cas où.

Avant ça, elle devrait probablement rencontrer son starter. Son tout nouveau pokémon. Un petit être vivant qui va être dépendant d’elle. Un petit être qu’elle va devoir entraîner, éduquer, nourrir, aimer. Pour être honnête, ça l’inquiète un peu mais c’est pas exactement comme si elle pouvait continuer sur l’académie sans pokémons.

Elle espère que l’espèce se prêtera bien à ses passe-temps.

Elle clique le bouton de sa pokéball et une fois la lumière rougeâtre dissipée, c’est un petit truc rond et fluffy qui apparaît.

- Moumou !

Un bref scan de son iPok lui apprend qu’il s’agit d’un Moumouton, de type normal. Elle tend une main vers lui et sourit légèrement. Il est vraiment très doux. Il semble accepter sans trop de mal son signe d’affection et s’agite rapidement, sautillant sous sa main. Un peu perdue par sa réaction, Magnolia s’adresse à lui, incertaine.

- Tu as faim ? On peut se rapprocher du buffet si tu veux, Aries ?

Le nom se glisse presque sans y penser mais le mouton semble accepter son nouveau surnom sans problème. La main de Magnolia toujours dans son col, commence à avancer joyeusement vers le buffet où la foule s’accumule déjà.

Nouveau déPart
Elle récupère quelques croquettes, marquées comme adaptées pour les types normaux et les donne au petit mouton à ses pieds. Sans perdre plus de temps, elle se sert d’une sorte de petit sandwich pour elle. C’est drôlement bon et elle a sacrément faim. Le trajet a été … long.

Elle n’a pas le temps d’en manger un deuxième qu’elle se fait interpeller. Elle sursaute vaguement et repère rapidement le garçon qui l’adresse. Un peu familier mais il a pas l’air très agressif. Et pour être franche toute potentielle agression serait rapidement annulée par le petit truc rose qu’il tient contre lui. Il est accompagné d’un autre garçon, lui aussi affichant un air amical et enchaînant sans trop de difficulté sur les paroles de son ami.

Un petit regard autour d’elle lui confirme qu’il va être difficile de s’échapper de la situation. Elle inspire doucement pour se donner du courage et leur lance un petit sourire. Elle est peut-être pas à l’aise avec le social, et les garçons pour être honnête, mais ils ont l’air gentil et ils seront probablement dans sa classe vu qu’ils ont l’air d’avoir autour de son age.

- Magnolia … Magnolia Jones. Je viens d’arriver oui. Enchantée ?

Elle pose son regard sur son Moumouton, assimilant les informations donnée par Ashe. Il n’est pas de la bonne couleur ? Intriguant, il faudra qu’elle s’intéresse à ça si c’est le cas.

- C’est un Moumouton. Je savais pas qu’il n’était pas de la couleur habituelle, c’est la première fois que j’en vois un. Et si tu parles de l’étrange monsieur dans le hangar près du port, oui, c’est lui qu’il me l’a donné. J’ai cru comprendre que c’était la tradition par ici. Ça n’est pas le cas ?

Peut-être que ce moyen de sélection des starters est nouveau et les deux garçons ont l’air d’être là depuis plus longtemps qu’elle. Sans avoir vraiment le temps de développer la conversation, deux jeunes filles rejoignent le petit groupe. Une rouquine en fauteuil roulant et une brunette qui l’air probablement aussi perdue que Magnolia, la rouquine ne perd pas de temps pour saluer les garçons et s’enthousiasmer devant le starter de la rose.

Magnolia lui adresse un petit sourire et hoche la tête, confirmant son statut de nouvelle. Heureusement, elle ne reste pas seule dans sa nouveauté puisque Agatha, qui accompagne l’enthousiaste jeune fille est aussi nouvelle.

- Enchantée, je suis Magnolia.

Elle suit du regard les mains de Lyria qui pointe du doigt un petit dragon visiblement très enthousiaste à l’idée de manger … Prime ?

En quelques minutes à peine, Magnolia est passée de manger tranquillement ses petits sandwichs à interagir avec quatre autres adolescents. Ça commence à discuter un petit dans tous les sens et elle sait pas vraiment quoi dire. Elle fourre ses mains dans son sweat, inspire, expire et tente de participer, un petit peu, à la discussion.

- Vous êtes là depuis longtemps du coup ? Enfin, à la PC j’entends. Pas sur Leiar. Évidement.

D’après les blasons sur leurs divers sweats et t-shirts, elle a face à elle un Voltali, un Noctali, une Pyroli et une autre Mentali. Remarquant le violet sur les affaires de Lyria, elle lui adresse un nouveau sourire.

- Je suis aussi chez les Mentalis, peut-être que tu pourras me montrer comment ça marche chez nous ?

Chez nous. Comme quoi, peut-être que la transition entre Volucité et ici ne sera pas si difficile que ça, si elle arrive déjà à penser à la Demeure comme chez elle.