La tête remuant au rythme de la musique alors que tu essais de résoudre un problème de mathématiques, tu ne te rends pas compte de suite que Vivi est tranquillement installée sur ton téléphone à siffler ta batterie doucement mais surement. Une chanson, un exercice, une chanson, un regard en l’air, une chanson... Ah non, plus rien. Blasé et en poussant un terrible soupire, tu baisses le regard vers le téléphone qui sert de lit à la petite créature jaune qui dort dessus. “Jpp de toi.” Avec deux doigts, tu attrapes Vivi et la pose plus loin, la réveillant au passage. “Je t’ai dit d’arrêter de faire ça.” Dis-tu tout en essayant de rallumer ton téléphone en vain, te condamnant à te lever pour prendre ton chargeur et laisser tomber ton casque sur les épaules. “Pourquoi c’est toi que l’on m’a confié ? Tu m’empêches d’écouter ma musique plus qu’autre chose.” Tu baisses la tête vers elle, la fixant dans les yeux. L’insecte te fixe en retour, se frotte le visage, puis fini par se mettre en boule. C’est en t’allongeant sur le lit en soupirant que tu réfléchis à cette question. Depuis ton arrivée sur le campus, tu n’as jamais aussi peu écouté de musique que depuis que tu as eu ton premier téléphone. Peut-être que si l’on t’a confié ce pokémon précis, c’est pour justement sortir de ta bulle ? Mais, veux-tu sortir de ta bulle... ?
L’annonce du repas vient se faire entendre, te sortant de tes pensées alors que l’on vient t’apporter un colis de tes parents. En l’ouvrant, tu découvres un pull en laine hideux de couleur jaune vif, reflet du dortoir dans lequel tu as été assigné en début de semestre. Un petit mot accompagne ce pull, il est bien sûr de la part de ta mère. “Mais pourquoi ?” Bien qu’il soit laid, tu esquisses un léger sourire, le laissant sur le lit et retournant à tes devoirs. L’insecte électrique ne perd pas de temps en voyant le cadeau, elle fonce dessus et s’y engouffre pour pouvoir dormir au fond pendant que tu continues de travailler. Sans musique. Sans rien. Quel ennui. “Vraiment, Vivi, des fois je te déteste.”
La nuit tombe rapidement et, lorsque vient l’heure du repas, tu décides de mettre ton pull et de te rendre vers la cafétéria. Pour cette fois, tu as troqué ton casque pour tes écouteurs, plus discret, décidant ainsi de t’installer dans un coin en attendant l’ouverture du banquet. Bien sûr, tu reconnais quelques têtes. Surtout des professeurs mais aussi des gens de ton âge avec qui tu as cours et quelques voltalis que tu as croisés dans les couloirs. En réalité, tu ne connais pas grand monde. Même si les cours vous forcent à parfois travailler en groupe, tu n’as, pour l’heure, développé aucun lien avec personne. Du moins presque personne parce que Vivi, attirée par le bruit et l’ambiance, sort légèrement ses yeux du pull au niveau de ton col pour regarder les alentours.
Une fois le discours terminé, tu t’empares d’une assiette et vient te servir prenant un peu de temps assez rapidement pour ne déranger personne avant de retourner dans ton coin, saluant les professeurs ou quiconque te salue en retour. En soit, pour toi, rien ne change ce soir si ce n’est l’ambiance. Tu restes encore dans ton coin, tu manges et tu écoutes ta musique. Tu n’as jamais été très sociable et ce n’est pas un banquet réunissant directement toute l’école qui va t’aider, au contraire. Il y a trop de monde. Des adultes, des ados, des enfants même. Oui, pour toi, avoir douze ans c’est être un enfant même si tu en as quinze et que tu ne te considères plus comme tel. Au final, même si tu ne t’en rends pas compte, tu finis par beaucoup manger. Avoir pris un peu de tout c’est trop pour toi et tu finis par avoir l’estomac lourd. Peu à peu, les choses commencent à bouger et tu réalises que la randonnée va commencer et qu’il va être l’heure pour toi de t’éclipser.
Si personne ne t’en empêche, tu files donc vers ta chambre, profitant de ne pas être trop connu pour te glisser ici et là afin de rejoindre les dortoirs. Malgré tout, parce que le spectacle offert reste agréable et que tu n’es pas un monstre, tu t’installes sur des marches une fois que tu as été récupérer un manteau. La petite statitik dans les cheveux sous la capuche et toi êtes donc ainsi posés, seuls, pour admirer les illuminations au sommet que vous offrent vos camarades les plus volontaires.
Alezar Ilea L'échec n'est qu'une opportunité de recommencer plus intelligemment ~ |