« St Valentin 2017 » « -SOLDATS ! LA SITUATION EST GRAVISSIME. Genre vraiment. Super méga grave. C'est beaucoup plus pire que tout ce que nous pouvions imaginer. » Le soleil est à peine levé, que déjà, je suis au milieu de ma chambre, habillé et équipé, et faisant un débriefing à mes Pokémon. Ceux-ci regardent avec une certaine curiosité le chevalet utilisé pour détailler les opérations à venir, se demandant d'où je sors ce truc, mais je n'y prête aucunement attention et pointe plutôt les feuilles posées dessus à l'aide d'une tige en plastique.
Sur la première feuille, j'ai agrafé la page du jour de mon éphéméride, sur laquelle il est marqué en gros « 14 Février », ainsi qu'un plan des cuisines de l'académie que j'ai pu dessiner de mémoire. Une rose se trouve juste en dessous, mal faite, mais reconnaissable. Alors que je parle, je désigne successivement chacun de ces éléments avec la tige.
« -Aujourd'hui, nous sommes le 14 Février, jour durant lequel les humains fêtent la Saint Valentin. Le principal intérêt de cette fête consiste à témoigner son amour à l'élu de son cœur par le biais de cadeaux en tout genre, dont... Les roses. Et pour l'événement, Mama Odie a préparé un festin grandiose ! Genre avec tout plein plein de trucs super bons à manger !... Mais il y a un problème. Elle n'accepte que les élèves qui seront munis d'un exemplaire des-dites roses. » Je tourne la première page, dévoilant de nouveaux éléments. Il y a un prospectus publicitaire pour un stand nommé « Ros & Rade », ainsi qu'une capture d'écran de la zone où il est censé se situer, prise sur le logiciel gps d'un ordinateur. Je commence à faire quelques allers-retours sur la même distance, imitant sans m'en rendre compte Jackie lorsqu'elle dispense ses cours.
« -Notre objectif est donc de nous rendre au centre-ville de Lansat, où nous devons, par tous les moyens, nous procurer l'une de ces roses. La tâche n'a, à priori, rien de bien compliqué... Si l'on excepte ceci. » Cette fois-ci, j'attrape un papier posé sur mon bureau, et le montre à l'assemblée.
« -Hier soir, l'homme tenant le stand a publié un communiqué dans lequel il explique posséder bien moins de rose que l'an dernier, et craint ne pas pouvoir satisfaire la demande générale de l'île. Les stocks sont limités, et les premiers arrivés seront les premiers servis. » je prends un air grave
« Et si nous ne sommes pas de l'un d'eux... Alors l'accès au réfectoire nous sera refusé. A tout jamais. » Mes Pokémon ne semblent pas réellement saisir la gravité de la situation, et s’échangent quelques regards sceptiques à la fin de mon discours. Il n'y a guère que Euphie, Meg, Tobby et Webble qui ont écouté mon discours avec attention, et saisissent l'importance de la mission à venir. Je continue, et tourne une dernière page, reprenant la photo précédente sur laquelle j'ai dessiné cette fois-ci quelques flèches.
« -Voici le déroulement des opérations. Châtaigne, c'est toi qui vas nous conduire jusque là-bas, nous déposant ici-même, à approximativement cent mètres du stand. De là, nous laisserons Harissa en haut de cet immeuble, accessible grâce à des escaliers se trouvant dans cette ruelle, puis Spark dans cette autre rue, isolée du reste de la ville. Nous repartirons ensuite ici : derrière ce parc, qui est lui-même juste derrière le fameux stand, mais qui n'ouvre qu'à neuf heures et demi, soit une heure et trente minutes plus tard que l'échoppe. Oz, tu creuseras un premier tunnel pour nous permettre de nous infiltrer à l'intérieur, puis un second qui donnera juste ici. C'est un par-terre de fleur censé accueillir des arbres pour la nouvelle saison, mais ceux-ci n'ont pas encore été plantés, et nous pourrons donc l'utiliser pour quitter le parc est atterrir juste derrière le stand. Goldfroy, Punch et Lucina, je ferai appel à vous pour que vous pussiez tenir la foule à distance, tandis que les Motisma utiliseront leur capacité Tourmagik pour inter-changer les jetons qu'ils tiendront avec des roses du stand. A ce moment, Meg, tu enverras un signal avec tes loupiotes pour que Harissa descende jusqu'à nous pour récupérer la rose que tiendra Hongta, et s'envoler au plus vite. Webble, tu seras perché en haut d'un arbre, et devra faire de même avec Maygta en utilisant ta toile. Euphie, tu prendras celle d'Aegta, et profiteras de ta taille pour te faufiler à travers la foule et partir en quatrième vitesse. Smegta, tu planques la tienne dans ton frigo. Les Motisma, Punch, Lucina, Goldfroy et moi-même partirons ensuite tranquillement, Webble, Meg et Oz, vous vous enfuirez en passant par le parc. Nous devrons alors tous nous retrouver dans la rue dans laquelle nous avons laissé Spark, qui s'occupera de contrôler chacune de nos positions avec ses antennes. Au moindre problème, n'hésitez pas à abandonner votre rose : si nous en récupérons quatre de quatre façons différentes, c'est pour nous assurer d'en avoir au moins une en cas de pépin. Mais j'en confiance en vous, tout va bien se passer ! Des questions ? » Je fais un grand sourire, alors qu'un long silence s'installe dans la pièce. Mes Pokémon fixent avec un air ahuri la feuille griffonnée de mille et une flèches et indications en tout genre, à mi-chemin entre l'incompréhension et l'aberration, mais seul un ose prendre la parole. Oz lève lentement une patte, souhaitant parler, et je l'y invite d'un hochement de tête.
« -... Ka... Ka chu cha... -Ne t'inquiètes pas ! Tout va se dérouler comme sur des roulettes ! » Mon Pikachu n'a pas du tout l'air convaincu. En fait, personne ne semble l'être. Mais je ne sais pas si c'est à cause du plan en lui-même ou de son but... Comment ça, je pourrai tout simplement aller manger ailleurs ce soir ? Mais vous êtes malades ?! Louper un repas spécial de Mama Odie ?! Jamais ! Je ne veux pas rater ça !
Saisissant mon sac, j'attrape à l'intérieur toutes les Pokéballs des membres de l'équipe, et demande à tout le monde de se tenir prêt. Bien que toujours aussi... Sceptiques, mais Pokémon rentrent docilement à l'intérieur, et je ne laisse que Châtaigne dans la chambre pour que nous puissions quitter l'académie ensemble. Il ne nous faut que quelques minutes supplémentaires pour nous retrouver en extérieur, puis nous partons en direction du centre-ville de Lansat.
Le trajet se fait sans encombre. En même temps, à part découvrir un vaisseau alien s'étant écrasé dans la forêt de Lansat et dont les occupants souhaitent s'approprier mon corps pour infiltrer la population humaine et trouver la faille qui permettra de nous éradiquer à tout jamais de la planète, je ne vois pas ce qui pourrait nous arriver.
Lorsque nous nous entrons dans la ville, déjà, je suis étonné par l'absence de population quelconque dans les rues. Il ne semble y avoir personne dans les parages... Pourquoi donc ? Et bien, à votre avis ? PARCE QUE TOUT LE MONDE EST DEJA SUR PLACE ! NOUS SOMMES EN RETARD ! CHÂTAIGNE, PRESSONS LE PAS !
Le pire étant que mes doutes s'avèrent vrais. (J'ai un peu peur pour le vaisseau alien, du coup) Dès que nous nous enfonçons dans le centre-ville, des bruits de foule s'élèvent à peine plus loin, et bientôt, je n'ai d'autres choix que de descendre de mon Zéblitz ; ne pouvant de toute évidence pas continuer sur son dos avec toute cette foule. Devant nous, la cohue : on se croirait presque au Cirque des Boulons avec les spectateurs en panique qui courraient de droite à gauche, sauf que là, ce n'est pas pour sauver leurs vies, mais pour acheter une rose.
Montant sur un banc, me permettant de grimper au dessus d'un compteur électrique, j'attrape des jumelles de mon sac et observe le stand de fleur. Il reste des roses ! Vite, il faut en profiter avant que le stock ne s'épuise. Regardant brièvement les alentours, je trouve la ruelle que j'avais repéré lors de l'élaboration de mon plan, et me hâte de pénétrer à l'intérieur, après avoir demandé à Châtaigne de me suivre. Je lui demande de m'aider à me hisser près d'une rambarde me permettant de faire descendre une échelle, et après l'avoir remercié, commence à monter les escaliers de secours se trouvant à l'arrière d'un immeuble. Le Zéblitz restant en bas, je fais de mon mieux pour rallier le toit le plus vite possible, et, lorsque j'y parviens, je suis tout simplement étonné du nombre d'habitants en contre-bas. Pour peu, je sortirai Harissa et la tendrai en direction du ciel en chantant la musique du Roi Némélios. Mais il y a plus urgent que de se croire dans un film d'animation ! Alors je sors quand même l'Emolga, mais passe la scène musicale (A son grand soulagement, je suppose), pour lui montrer plutôt la position du stand.
« -C'est là-bas que tu devras aller ! D'accord ? Dès que tu vois les loupiotes de Meg clignoter dans le parc juste derrière, tu fonces ! » Se contentant de lever les yeux au ciel, Harissa vient se poster en bordure du toit, et s'assoit avec nonchalance en attendant la suite. Bien ! Redescendant les escaliers avec attention (C'est que c'est haut, quand même), je finis par rejoindre Châtaigne, et attrape la Pokéball de Spark pour en faire sortir la Dedenne, censée patienter ici pour aider au rassemblement. Proposant au Zéblitz de rester en sa compagnie, je salue les deux Pokémon et quitte la ruelle en direction du parc.
Étant donné la foule bien plus nombreuse que ce que j'avais prévu, je suis contraint de faire un détour bien plus grand que programmé pour atteindre le parc à l'arrière du stand. C'est pas grave, ça me fera un peu d'exercice ! Courant donc, je tente de m'en repérer avec les divers panneaux de signalisation de la ville, et parviens à trouver notre fameuse zone d'opération au bout de plusieurs minutes de recherche. Aussi, elle est agencée bizarrement cette ville, pourquoi quand je veux passer derrière un immeuble, je suis obligé de tourner trois fois à droites, une fois gauche, encore deux fois à droites, continuer tout droit sur cent mètres, et tourner une dernière fois à droite ?! Enfin, aucune importance ! J'y arrive, c'est l'essentiel.
Comme prévu, le parc est fermé. Aucun problème, puisque je peux faire appel à Oz pour rentrer à l'intérieur : le Pikachu apparaît avec une expression complètement blasée, et creuse le tunnel nous permettant de nous infiltrer à l'intérieur sans se poser plus de question. Plus vite il fera ça, plus vite il en finira, hein ?
Après avoir rampé et être passé de l'autre côté du grillage (C'est un véritable parcours du combattant cette mission), j'arrive enfin dans le parc, désert. Attrapant les Pokéballs de Webble et Meg, j'aide les deux Pokémon à trouver un bon emplacement en hauteur permettant d'avoir une vue globale sur le stand, qu'on aperçoit déjà sans mal malgré la foule agglutinée autour. M'assurant qu'ils se tiennent prêts, je demande ensuite à Oz de commencer à creuser le tunnel en direction du parterre de fleur indiqué au préalable, sans toutefois l'autoriser à le forer jusqu'au bout : notre apparition à la surface déclenchera le début des opérations, et nous devons donc faire attention à ne pas nous précipiter. Préparant dans mon sac les Pokémon de Goldfroy, Punch, Lucina et des Motisma, ainsi que l’argent pour les roses, j'ai ensuite besoin de quelques secondes de concentration pour me préparer à l'idée de passer par un tunnel étroit. Mais bon, j'ai pas trop le choix après tout, hein ? C'est pour la bonne cause ! C'est pour la nourriture de Mama Odie! C'est genre, la meilleure chose au monde, hein ? Je peux bien passer dans un tout petit tunnel le temps de quelques secondes juste pour faire ça... C'est juste un passage... Après, je me tire en ligne droite avec le reste de l'équipe, et c'est bon, basta. J'entendrai plus jamais parler de ce tunnel. Et j'aurai ma bouffe. C'est tout bénef. Je dois juuuuste ramper un peu. Un tout petit peu. Et toute mon équipe pourra profiter d'un bon repas....
Je prends une grande inspiration, et m'assois sur mes genoux. Observant l'ouverture faite par Oz, je me penche en avant pour rentrer la tête à l'intérieur, et joue des coudes pour me faufiler quelques centimètres à l'intérieur. La terre autour est humide - il fait plutôt frais là-dessous -, et l'odeur du sol retourné m'est assez agréable. Si je m'avance, je vais certainement me pourrir le t-shirt, mais c'est loin d'être grave.
La tête d'Oz apparaît en face de moi. Il attend que je lance le signal, ou du moins que je m'avance encore un peu plus, à défaut de. En temps normal, je ne pourrai pas m'empêcher de trouver sa petite expression attentive extrêmement mignonne ; mais là, j'avoue me concentrer surtout sur moi-même pour calmer les battements de mon cœur. Parfaitement immobile, j'inspire et expire régulièrement à un rythme lent, et tente de me persuader d'avancer. Une seconde . Deux secondes. Trois secondes.
Trente.
« -Je n'y arrive pas, Oz. » Toujours à l'entrée, mes yeux sont hermétiquement clos lorsque j'arrive à ce triste constat : la simple sensation de la terre sur ma nuque, mes épaules, mes coudes et mon ventre me tétanise. J'ai l'impression que, pour peu que je m'enfonce un peu plus à l'intérieur, le tunnel va s'effondrer autour de moi et m’ensevelir sous une tonne de terre... Vivant... Afin de me maintenir à jamais en ces lieux. Pour peu que je ne sois pas déjà asphyxié, je pourrai bien tenter de creuser afin d'atteindre la surface : mais celle-ci ne cessera de s'éloigner, et je creuserai en vain vers une hauteur inatteignable, la terre s'effondrant autour de moi et m'avalant petit à petit. D'abord les pieds, puis les jambes, jusqu'à atteindre ma tête, et je ne pourrai alors que tendre une dernière main, vaine, vers la surface. La terre rentrerait dans ma bouche, dégustant ainsi une grande quantité de cette matière âpre, râpeuse, sans aucune saveur et me donnant pour seule envie celle de la recracher. Mais je n'y arriverai pas, puisque d'autres monceaux viendront se bousculer au portillon, me forçant à avaler cette terre, qui m'emplira alors la gorge, me l’obstruera, et coupera à mes poumons l'accès à toute source d'air ; ceux-ci me brûleront, grossiront, et exploseront en une souffrance inouïe, ma voix se nouant en un dernier râle d'agonie – muet, bien évidemment, puisque sous terre, personne ne m'entendra jamais hurler. Alors je quitterai ce monde, mon corps et mon âme restant éternellement cloués sous une épaisse cloison immuable et restreinte, et, à tout jamais, je resterai là.
Seul.
Quelque chose m'effleure le bras.
Je rouvre les yeux, légèrement tremblotant, et vois la frimousse d'Oz postée juste en face de moi. Son regard braqué sur le mien, il m'observe, avec un air légèrement surpris. C'est vrai qu'il ne m'a jamais vu faire de crise de claustrophobie... Pourtant, il n'a pas l'air particulièrement inquiet. Juste étonné. Baissant les yeux, j'affiche un sourire attristé, conscient du ridicule de la situation.
« -Je suis désolé. J'aurai dû y penser plus tôt. Mais je sais pas, sûrement l’appât de la bouffe qui m'a fait penser trop vite. Ahaha, comme d'hab, en fait... » Le Pikachu lève les yeux au ciel. Il s'avance encore un peu plus, et appuie sur ma tête avec l'une de ses pattes avant pour me forcer à la baisser, avant de se faufiler juste au dessus de moi. Je n'ose pas bouger lorsque je l'entends gratter la terre qui nous entoure, et me contente de quelques paroles reconnaissantes, bien que tremblotantes.
« -T-tu élargis le tunnel ? C'est gentil, tu sais, mais euh, c'est p-pas vraiment nécessaire... » je glisse un regard peu rassuré au sol alentour
« F-faudrait pas que tout s'effondre et que... Hum... *glps* » Oz ne réagit pas, et continue son petit ménage. Je ne peux pas me tourner pour voir ce qu'il fait, ni me déplacer, au risque de le faire tomber, de le percuter contre la paroi ou même de l'écraser, mais je sens parfaitement les morceaux de terre tomber sur mes vêtements, et frémis à chacun d'eux. Lentement, Oz s'avance un peu plus tout le long de mon corps, et arrive bientôt à hauteur de mes genoux, c'est-à-dire à l'extérieur du tunnel. Lorsque je l'estime plus ou moins sorti, j'élève un peu plus la voix pour qu'il puisse m'entendre.
« -Euh.... Tu voulais juste sortir ? D'-d'accord, j'arrive alors... Me laisse pas seul là dessous s'il te plaît.... Tu sais, t'aurais pu juste me demander de-AÏE ! » Sentant une douleur vive parcourir tout mon corps, je tressaute en encaissant la décharge envoyée par mon starter. Me cognant la tête contre le haut du tunnel, je tente de me tourner vers l'ouverture, en vain, mais continue malgré tout de m'adresser à Oz.
« -Mais... Qu'est-ce que tu fais ?! Tu crois que c'est le moment de.... AÏE ! Mais arrête ! » Recevant une nouvelle décharge, je tressaute à nouveau, et me hâte de pousser sur mes coudes pour me tenir un peu plus éloigné du Pokémon.
« -T'es sérieux ? Tu vois pas que je me sens mal dans ce tu-AAAAÏE ! MAIS CA FAIT MAL SERIEUX ! » Comprenant que les décharges ne vont pas s'arrêter de sitôt, je pousse encore un peu, et rampe un peu plus loin dans le tunnel. Cherchant encore à jeter des regards en arrière, mais n'ayant même plus le temps d'essayer avec la cadence des éclairs qui accélèrent, je me retrouve à avancer sans réfléchir le long du passage, ne tardant d'ailleurs pas à arriver à... Un cul de sac. Mon sang ne fait qu'un tour lorsque je réalise être coincé dans ce chemin sans issue... Et extrêmement étroit, surtout.
« -O.... Oz ! J-je-je s-suis coincé là ! T-tu d-dois vite me laisser rep-partir sinon je... Je... Je... » Prenant de grandes inspirations, mon hyperventilation soudaine m'empêche de finir ma phrase, tout comme de remarquer qu'Oz se faufile à nouveau jusqu'à moi en longeant mon corps. Arrivant à hauteur de mes yeux, il s’assoit tranquillement en face de moi, et place son regard devant le mien, avant de lever une patte... Et de percer le plafond.
La terre s'effondre au dessus de moi, et je ne peux retenir le cri terrifié qui s'échappe de ma gorge. Ça y est, c'est fini, je vais finir enterré vivant ! La terre se referme autour de moi ! Je suis fichu ! Je ne vais plus jamais revoir la lu... Lumière du jour ?
Relevant la tête à cause du soleil qui vient perturber mes yeux, je constate que le trou fait par Oz dans le plafond du tunnel mène tout droit à l'extérieur. Mes yeux s'écarquillent aussitôt, et en quelques secondes, je me hisse à l'extérieur, la terre recouvrant mon corps tombant toute seule.
Surgissant à la surface, j’atterris sur un parterre de fleur non exploité, et face à une foule pour le moins agitée. A quelques pas à peine de là, se trouve un stand de fleur, surchargé par la demande, et dont bon nombre de cartons sont désormais ouverts et éventrés au milieu de la route.
D'un bond agile, Oz vient se poster à mes côtés, l'air de rien. Poisseux, les membres engourdis par les éclairs, et me remettant tout juste de ma crise de panique, je fixe avec une expression quelque peu incrédule mon starter, qui, après avoir contemplé la foule pendant quelques secondes, tourne vers moi un regard blasé.
« -Pika.-...Hein ? »Il me pointe du museau le stand de fleur.
« -Pika.-.... OH ! OUI ! C'EST VRAI ! LE STAND DE FLEUR ! V-V-VITE, MES POKEBALLS ! Euh on avait dit qui déjà ? Goldina, Lucifroy et Motunch-euh non, Goldfroy, Lucina, Punch et après les Motisma... Et à la fin, Euphie ! 'Faut pas l'oublier... Hum... ECARTEZ-VOUS CES ROSES SONT A MÔAAAAAAA ! »Saisissant les Pokéballs, et m'élançant vers le stand, je laisse sur place Oz, qui me regarde m'éloigner avec une expression complètement neutre.
Affichant finalement un léger sourire, il saute dans le tunnel, et repart en direction du parc.
***
« -Hh... On... Hh... Les... Hh... A... Hh... Enfin.... Hh... Semés.... Aaaargh... » Longeant un mur, pour finalement m'écrouler au sol, je me laisse choir par terre avec un soulagement non dissimulé. A mes côtés, Lucina, Punch et Goldfroy, qui sont dans un état pratiquement similaires après avoir tenté de retenir toute une foule pour éviter qu'elle ne se jette sur nous, et les Motisma, tournant autour de nous sans le moindre effort. Forcément, quand on peut passer par la voie des airs... Relevant la tête en direction de Smegta, je prends quelques secondes de plus pour reprendre ma respiration, puis m'adresse à lui, bien que toujours au sol.
« -T'as la rose... ? » Affichant un grand sourire, il ouvre les portes de son frigo avec fierté, exposant à notre vue la rose préservée à l'intérieur. Bien, cela nous en fait au moins une ! S'il ne lui arrive rien d'ici notre retour à l'académie, on pourra donner les trois autres à des élèves n'ayant pas pu se rendre sur les lieux...
Prenant encore quelques minutes supplémentaires pour récupérer, je me relève avec nonchalance pour ensuite observer les environs, voir où nous ont mené nos pas. Ca va, ce n'est pas hyper loin de notre lieu de rendez-vous... Va juste nous falloir marcher un tout petit peu...
M'orientant grâce aux panneaux de signalisation, nous finissons sans trop de mal par atterrir à la ruelle où nous devions tous nous réunir. Lorsque nous arrivons sur place, il y a bien évidemment Châtaigne, Harissa et Spark, qui étaient déjà là, mais aussi Webble, Euphie, Meg et Oz, qui ont su revenir sans trop de problème. Nous sommes donc les derniers à revenir ici, et je peux constater avec une certaine satisfaction que toutes les roses sont également présentes. Celle que tient Webble a un peu de toile autour de sa tige, et celle de Harissa semble avoir perdu quelques pétales pendant son envol, mais elles sont toutes là.
« -On est là ! Excusez-nous pour le retard ! Félicitations, vous avez géré ! C'est une mission menée avec brio. » Les Motisma, Webble, Euphie et Meg ne cachent par leur joie, tandis que certains, comme Spark et Goldfroy, se contentent d'un franc sourire. Les autres se contentent de lever les yeux au ciel, ou font mine de ne pas être particulièrement atteints par la satisfaction générale.
Jetant un coup d’œil à mon Ipok, je constate qu'il y a encore toute une journée avant de pouvoir rejoindre le repas tant attendu, et réfléchis donc quelques secondes à ce qu'on pourrait faire pour s'occuper tout le reste de notre temps libre. Hmm...
« -... Ça vous dit, qu'on aille se détendre au Lac Corail ? Cela fait un moment qu'on ne s'y est pas posé ! » La réponse générale ne se fait pas attendre, et ne m'étonne pas vraiment. Meg pourra patauger dans l'eau comme elle l'adore, et jouer avec Euphie, tandis que Lucina, Oz et Châtaigne en profiteront certainement pour faire une sieste au soleil. Punch et Goldfroy vont sans doute à nouveau vouloir s'affronter, et je suppose que Webble, Smegta et Maygta trouveront un moyen de se distraire avec n'importe quoi ayant le malheur de leur tomber sous la patte. Aegta, assisté d'Hongta, fera un tour de la flore alentour, et Harissa se contentera de guetter qui le premier fera une bourde...
N'étant plus pas particulièrement pressés, j'invite mes Pokémon à marcher à mes côtés pour rejoindre l'académie à pieds. Meg fait bien évidemment le transport sur le dos de Châtaigne, peu adaptée au déplacement sur terre, et est parfois rejointe par Euphie à intervalles réguliers, à cause de ces élans de fatigue et de motivation.
Me laissant dépasser par tout le monde, je me retrouve doucement au bout de notre file, devinant sans trop de mal qui s'y trouve. Attendant d'être à sa hauteur, je fais mine d'observer calmement les alentours, avant de subitement attraper Oz pour le prendre dans mes bras, comme je ne l'ai pas fait depuis bien longtemps. Frottant mon poing contre le sommet de son crâne, je l'entends pousser un cri râleur, et cesse aussitôt en faisant un grand sourire.
« -... Merci, Oz. » Ne répondant pas tout de suite, le Pikachu se contente de fixer droit devant lui, une expression blasée sur le visage.
« -... Ch'ka. »HRP :
-Ginji élabore un plan aussi compliqué qu'inutile pour récupérer des roses.
-Il l'exécute à l'aide de ses Pokémon.
-Ils partent passer la journée au lac corail.
*rush du résumé*