« St Valentin 2016 » Stella refuse de me laisser payer la note, pas après lui avoir offert ce ticket pour monter à bord. Sur le coup, je pense surtout que c'est par politesse, et ne vois pas en quoi cette succession de cadeaux pouvait être mal interprété, trop occupé à regarder partout autour de nous. 'Faut dire qu'il y a beaucoup de monde, et les caractères doivent être très diversifiés. Même si la plupart d'entre eux sont vraisemblablement issus de familles aisées, ou le sont eux-même. Encore une fois, j'ai beaucoup de chance que Caroline soit parvenue à me faire porter ce smoking, j'aurai fait incroyablement tâche, sinon. Si je m'étais laisser acheter une paire de chaussures, peut-être que je n'aurai pas à en porter des si inconfortables...
Je n'insiste donc pas, surtout que Stella elle même semble prendre cela à cœur. Puis nous commençons à discuter tout en buvant les boissons servies par le barman, commençant par parler de notre karma respectif, en quelques sortes. Et d'après elle... Avoir trop de chance n'est pas la meilleure des choses. Je hausse les sourcils en entendant cela, surpris par un tel propos, mais reprends bien vite une expression plus neutre, voir pensive.
« -Hmm... C'est vrai que il y a pas que des avantages. On perd un peu le côté palpitant du hasard... Et à force, ça doit être moins excitant, aussi. Et ça doit peut-être même apporter la jalousie. Et t'accuser de tricher... Ahaha, ouais, ça doit pas être si cool que ça, au fond. M'enfin, si j'avais moyen de me délester d'un peu de poisse de temps en temps, je dirai pas non ! » Stella pense que notre duo forme une bonne équipe. C'est peut-être vrai pour ce qui est de compter sur la hasard, mais pour le reste, ce n'est pas comme si on avait eu le temps d'expérimenter. Je veux dire, en combat, ou en situation de danger imminent... Cela dit, je ne tiens pas tant que cela à tester. Je suis bien môa, là, à discuter tranquillement en sirotant un diabolo et sans me prendre la tête. Une journée où on se détend en bonne compagnie, ça ne fait jamais de mal. C'est même plutôt agréable ! Cela fait un moment que je n'ai pas passé du bon temps avec un ami... Si je peux considérer Stella comme mon amie ? Je brûle peut-être quelques étapes, là. Notre première rencontre est pour elle inexistante, la deuxième a frôlé la catastrophe, et la troisième commence à peine... Il nous faudrait sans aucun doute plus de temps, pour que je puisse considérer Stella comme une amie, et vice-versa. Actuellement, je la verrai plus comme... Une partenaire agréable ? Hmm, je ne sais pas trop. Difficile de qualifier une relation si peu développée et malgré tout... Compliquée.
Bien que je fasse de mon mieux pour ne pas y penser, les événements de cet été sont bels et bien présents, et je ne pourrai sûrement pas les laisser de côté éternellement. Pas avec Sam. Il ne m'a pas l'air du genre à oublier. Cela se limiterait à ma réaction étrange lors de notre rencontre il y a un peu plus d'un mois, cela aurait très bien pu passer avec le temps, mais... Le problème est que cela ne se limite pas qu'à ça, justement, et, que je le veuille ou non, j'ai interféré dans la vie de Stella d'une façon bien trop étrange pour qu'on puisse devenir de simples amis. J'aurai beau faire comme si de rien n'était, tôt ou tard, il y aura des conséquences à mes actions de cet été. Je le crains. Cela ne tiendrait qu'à moi, ce ne serait pas la première fois que j'enfouis un quelconque événement dans les méandres du passé, mais une bonne partie de l'équipe de Stella, si ce n'est la totalité, est aussi mêlée à cela, et je doute qu'ils aient les capacités, ni même l'envie, d'oublier cette fameuse soirée.
Qui vivra verra, je suppose... De toute façon, pour l'instant, seuls Sam et Stok semblent être au courant, et ils n'ont -encore- rien fait qui puisse tout chambouler. Prions pour qu'il en soit toujours ainsi ?
Je me contente de hocher la tête à la remarque de Stella concernant les moyens mis disposition pour organiser une croisière pareille. Ils n'ont clairement pas chômé ! Les couples qui participent à cette croisière doivent être comblés. Et même ceux qui sont célibataires, en fait, je m'amuse plutôt bien, môa.
Mais peut-être que je prends un peu trop mes aises, puisque la Pokéathlète manque de s'étouffer à l'entente de ma dernière remarque concernant sa robe. Surpris, je fais un mouvement du bras pour tapoter dans le dos de Stella, mais elle se ressaisit bien vite et prend une grande gorgée de son verre... Vide. Après quoi, rougissante (C'est toujours ce qui arrive quand on manque d'air, on a la tête comme une tomate!... Quoi ?... ), elle me remercie pour le compliment, avant d'enchaîner sur la praticité de cette tenue. Mignonne, confortable, mais ne tient pas vraiment chaud... Pour appuyer ses propos, Stella me montre son dos, alors que je m'apprête à boire une dernière gorgée de mon verre. En aspirant à la paille, je relève mes yeux, pour les poser sur son dos... Et la cicatrice qui s'y trouve.
Je ne manque de recracher ma boisson que de justesse. Reposant hâtivement mon verre sur le bar, je déglutis, puis, presque méfiant, je tourne lentement la tête vers l'épaule de Stella. Mes yeux s'écarquillent doucement, et ma bouche commence à s'ouvrir, mais j'ai le réflexe de plaquer ma main contre celle-ci pour la refermer. Ahuri, je dévisage la cicatrice, et sens une boule se former dans mon ventre, tandis que ma surprise s'en va peu à peu pour laisser place à... De la tristesse.
Stella, occupée à admirer sa tenue, ne remarque mon expression quand relevant la tête. Sans quitter son dos des yeux, j'avance légèrement ma main en direction de celle-ci, presque tremblant, et pointe la blessure du doigt.
« -Co... Co... Comment tu t'es fait ç-ça ?... » Thoron lève la tête pour m'observer, perplexe, et lance un petit jappement inquiet. Il n'a pas l'air de comprendre comment puis-je avoir une réaction aussi étrange à la vue d'une simple cicatrice.
Le problème, c'est que ce n'est justement pas, qu'une simple cicatrice. Et même si je m'en doute déjà fortement, les dires de Stella viennent le confirmer. Ce sont des Piafabecs qui lui ont infligé une vilaine blessure, blessure qu'elle n'est pas aller faire analyser par un médecin et qui a cicatrisé en lui laissant une marque dans le dos. Et si la vue d'une simple partie de celle-ci parvient déjà me tétaniser, je n'ose imaginer ma réaction si j'en voyais l'intégralité : on voit clairement que sa robe en cache un bout, ce qui explique que je n'ai pas pu remarquer cette cicatrice plus tôt.
Mon cœur bat la chamade. Il tambourine contre ma poitrine, le stress accélérant le flux sanguin, et une sensation extrêmement désagréable m'envahit. Un mélange de stupéfaction, de peine, de regret, et de remords.
Je ne pensais pas si bien dire, en déclarant avoir interféré dans la vie de Stella. Je l'ai carrément marquée. A vie. Et à même sa chair. En une déformation de sa peau, qu'elle pourra ressentir éternellement. Ressentir le poids de mes actes, de mon incapacité à agir correctement, et de mes choix bancals. Ce poids va peser sur ses épaules.
Les siennes.
Je ne peux pas le croire. Ce n'est pas possible. Pourquoi est-ce à elle de subir la conséquence de mes erreurs ? Alors qu'elle ne faisait que... M'aider ! Elle m'est venue en aide, et se retrouve affublée d'une telle marque ?! Comme une punition ?! Pour s'être montrée courageuse, et prête à se sacrifier ?! Comme s'il était mauvais de vouloir me porter secours ?! Comme si...
… Comme s'il était mauvais de croiser mon chemin ?
Quelle était cette remarque, que je m'étais justement faite, cet été ? J'ai beau vouloir le bonheur de tous, je ne fais qu'étendre ma malchance jusqu'aux gens que j'apprécie....
… Non. Ce n'est pas de la malchance. C'est bien trop facile, de rejeter la faute sur le hasard. En faisant cela, je cherche à m'écarter de toute responsabilité, à fuir le problème. Je n'assume pas les conséquences de mes actions.
Les actions que j'ai délibérément accomplies. En mon âme et conscience. Et qui causent des blessures aux êtres qui me sont chers.
Stella est la victime de mon inconscience. Il ne me sert à rien d'agir sur des coups de tête, sans réfléchir, ou pour des objectifs totalement futiles. De même, me refermer sur moi-même, et attendre que les choses passent, tout en priant pour que quelqu'un intervienne, et finalement déclarer qu'il y a toujours moyen de se relever, n'est que la représentation de mon incapacité à agir seul. A supporter la douleur, les difficultés, et à soutenir ceux qui portent de plus lourds fardeaux encore.
J'ai longtemps pensé que cette soirée fut un moyen pour moi de saisir quelle était l'ampleur de mes actes. Ou, au contraire, de ma passivité. Mais ce n'était qu'une partie de la vérité. Les choses peuvent aller bien plus loin. C'est ce que m'a clairement exprimé Josh, au premier semestre de cette année.
Et malgré tout, il est encore nécessaire que je fasse face à la réalité pour réaliser les failles de mon idéal. Cette terrible réalité. Et ce stupide idéal. Qui s'opposent, et ne peuvent concorder. Car la réalité est ce qu'elle est, et mon idéal est celui d'un gamin, naïf, insouciant, et n'influençant ce monde que par une succession de conséquences non contrôlées.
...
Non, vraiment.
Une fois de plus, j'ai foiré.
Je crois que je vais pleurer. Je vais vraiment me mettre à pleurer ? Ça la fout mal. Stella ne va, une fois de plus, rien comprendre à ma réaction. Sans parler de celle Sam, qui semble s'amuser de l'ironie de la situation. Cela valait vraiment le coup ? Et en quoi ? Ce Pikachu, tu ne sais pas ce qu'il est devenu, il a fui comme un voleur, et ne t'a pas encore montré le moindre signe de reconnaissance. Il est là, en face de toi, et ne peut que constater l'étendu des dégâts qu'il a causé. Il pourrait faire un geste, dire quelque chose, mais ne fait rien. Car il est en proie à un sentiment resté jusqu'alors inconnu pour lui.
Il culpabilise.
Heureusement (Je crois?), aucune larme ne s'écoule de mes glandes lacrymales. J'ouvre la bouche, pour dire quelque chose, mais aucun son ne sort. Comme si cela me permettait de fuir, je me détourne de Stella et me mets face au comptoir, mon verre entre les mains. Je fixe son fond. Je ne peux même pas me rassurer en disant qu'il est à moitié plein, puisqu'il est en l’occurrence totalement vide. Ou absolument pas rempli ; mais qu'importe, je ne vois pas laquelle des deux propositions est censée être la plus optimiste.
Avec un sourire triste, je contemple mon reflet dans la fine couche d'eau qu'il reste dans mon verre. Même si reflet est bien grand mot, puisque je ne discerne en réalité qu'une vague masse assez floue. L'éclairage n'aide pas vraiment.
« -... Tu as dû avoir mal. » Je ne trouve rien d'autre à dire. Que dire d'autre, de toute façon ? Je n'allais quand même pas tout lui balancer comme ça. Elle me prendrait pour un fou ; encore plus qu'elle puisse me prendre déjà, je veux dire.
Je m'apprête à passer quelques secondes ainsi silencieuse, mais une étrange mélodie parvient alors jusqu'à mes oreilles. Si au début, elle est à peine audible, et ne suscite aucun intérêt, le rapprochement du bateau vers sa source parvient à me faire relever la tête. Lentement, je regarde les alentours, dans l'espoir de peut-être trouver son origine, mais elle ne semble pas être à l'intérieur du casino.
Quelle douce musique. A sa simple écoute, les battements de mon cœur semblent se calmer. Progressivement, ma stupéfaction disparaît, et est doucement remplacée par un grand apaisement. C'est joli. Vraiment joli. Celui ou celle qui chante ça est extrêmement doué. Je n'y connais rien, en musique, mais il doit très sûrement être un véritable virtuose.
Thoron, intrigué, hume l'air, et se lève pour faire quelques pas en direction de l'extérieur. Je m'apprête à lui demander où est-ce qu'il va comme ça, mais la question me paraît tout à fait inutile tellement la réponse en est évidente. Il va vers l'origine de ce chanson. Moi aussi, j'en ai grandement envie. Et nous ne sommes pas les seuls à l'intérieur du casino, apparemment : certains délaissent complètement les tables de jeux et leurs gains pour regagner l'extérieur.
Doucement, je me lève, et après avoir observé quelques instants les gens sortir, je me tourne vers Stella.
« -... On va voir ? » Je fourre ma main dans ma poche, et dépose sur le comptoir une quantité random de jetons. Il doit y avoir bien assez pour payer les boissons, en tout cas, le serveur n'aura qu'à prendre le reste comme étant un pourboire. Thoron, étonnement calme, se dirige sans se presser vers la grande porte de sortie, alors que j'avance à sa suite avec Stella et ses Pokémons.
Nous sommes dehors, et bientôt nous réalisons que cette mélodie provient du pont. Sans même un mot, nous partons en direction de celui-ci, comme dirigés par une force inconnue.
Durant la marche, je réalise que je ne ressens plus aucune émotion. Seulement une curiosité, ténue, ainsi qu'un calme déconcertant. Comment puis-je être aussi tranquille alors que j'étais pétrifié il y a quelques secondes à peine ? Ce chant y est pour quelque chose. Et je veux voir qui en est la source.
Nous finissons par déboucher sur le pont. De nombreuses personnes s'y sont déjà rassemblées, elles aussi attirées par la mélodie. Pour ne pas que nous soyons séparés, j'attrape, sans réfléchir, la main de Stella, et avec elle, je fends la foule pour réussir à rallier l'extrémité du pont.
Nous arrivons auprès d'une barrière, et je lâche sa main. Mon regard balaye la surface de l'océan, comme si celui qui nous avait attiré jusqu'ici pouvait s'y trouver. Pourtant, on jurerait que c'est le cas... Ce chant vient bien de quelque part, vers là. Mais d'où, exactement ?
C'est une femme qui m'apportera la réponse. Placée un peu plus loin, elle pointe du doigt un rocher situé à quelques mètres du paquebot. Je l'observe, et plisse les yeux, pour discerner ce qui se trouve à son sommet.
Mes yeux s'écarquillent doucement. Cette silhouette... Elle me dit quelque chose. Je l'ai déjà vue. Dans un livre de contes pour enfant. Un livre qui parle d'un être plutôt connu à Sinnoh. Une créature marine dont les chants sont capables d'apaiser la plus grande des colères. Et qui porte le titre de Prince des Mers.
Ce Pokémon. C'est... Un..... ?
Un mouvement brusque capte alors toute mon attention. Quelque chose fuse en direction du Pokémon, et je n'ai le temps que de lâcher un cri terrifié avant qu'il ne parvienne à sa hauteur.
« -Non ! » Fort heureusement, la Pokéball loupe sa cible, et percute le rocher avant de tomber à l'eau. Mes yeux se tournent vers l'intérieur du paquebot pour chercher le responsable, tandis qu'une grande lumière fait son apparition. Mes yeux retournent vers sa source, mais à peine ai-je le temps de faire pivoter ma tête que l'une de ses lumières transperce mon corps de toute part.
Ébloui, je reste immobile. Quelques secondes passent, et bientôt, la lumière se dissipe.
Et aussitôt, je réalise que quelque chose cloche.
Ne me dîtes pas que...
« -... JE N'AI PAS FAIM ?!... Euh, quoi ? » Aussitôt après mon exclamation, je plaque ma main contre ma bouche. Euh. C'est quoi cette voix, au juste ?! Ce n'est pas la mienne ! Elle me rappelle même celle... De... De... Stella ?!
Inquiet, mon regard descend vers mon ventre ; après quoi mes yeux s'écarquillent pour former deux beaux ronds parfaitement curvilignes en réalisant quel est mon accoutrement. Je rêve ou... JE PORTE UNE ROBE ?! Quand est-ce que j'ai enfilé ça, moi ?! Il s'est passé quoi, au juste, avec cette grande lumière ?!
Je relève la tête, et observe les alentours avec un air paniqué. Les gens autour ont l'air tout à fait normaux, mais, eux aussi, semblent relativement perturbés. Tiens, d'ailleurs, ils ont pas tous grandi ?... Et une minute. Je n'étais pas plus près de la rambarde, à la base ? Genre juste à la place de ce garçon brun qui....
… Me ressemble un peu trop à mon goût.
Je dévisage avec stupéfaction le visage en face du mien. Mais. C'est... C'EST MOI. C'EST MA TETE, CA, ET C'EST MON CORPS. POURQUOI EST-CE QU'ILS SE SONT BARRES ?! C'EST QUOI ENCORE TOUT CE BORDEL, BON SANG ?!
Je dois avoir une sacré chance, aujourd'hui, puisqu'une fois de plus, quelqu'un est là pour répondre à mes questions. Un Pokémon fait son apparition au dessus de la foule, et sa voix prend le dessus sur tous les cris interloqués que l'on peut entendre depuis plusieurs secondes. Je me tourne vers lui, et écoute cet Ectoplasma déblatérer toutes sortes de paroles plutôt invraisemblables. Comment ça, nous allons finir par regagner notre corps originel ?... Parce que le truc dans lequel je suis, là, ce n'est pas mon corps ?! Et c'est pour ça, qu'il se trouve justement en face de moi ?!
Je regarde mes pieds, puis remontre progressivement le long de ce corps. Ma main passe alors dans ces cheveux, plus longs que les miens, et sur ce visage totalement différent de ce que je possède habituellement.
Mes yeux viennent alors rencontrer ceux de mon propre corps. Estomaqué, je parviens tant bien que mal à prononcer la question fatidique.
« -... Stella ?! » HRP :
-Ginji papote avec Stella.
-Il voit sa cicatrice. Tout plein d'émotions pas tops tops.
-Il entend le chant du Manaphy. Sa tristesse s'en va lentement, et il est intrigué par l'origine de cette mélodie.
-Il va dehors avec Stella. Il parvient à rejoindre le pont avec elle, et finit par apercevoir le Manaphy.
-Il n'a pas vraiment le temps de réaliser ce qu'il se passe que quelqu'un lance une Pokéball.
-Badaboum.
-Ginji réalise aussitôt que quelque chose ne va pas lorsqu'il remarque qu'il n'a plus faim. Puis il se dit que c'est peut-être grave lorsqu'il comprend qu'il porte une robe.
-El Don apparaît. Blabla explicatif.
-... Stupéfaction.